lundi 21 décembre 2009

Mon cadeau de Noël

Quand j'ai commencé à écrire ce blogue, je n'avais aucune idée où il me mènerait. En près de 6 ans, il a été un témoin de ma vie pas toujours fictive. Il a vu Dame V. aménager et arriver nos deux enfants, il a témoigné de la vente de ma fidèle moto et de nos deux déménagements en moins d'un an, et il m'a permis de rencontrer des gens merveilleux, intéressants, allumés. Il m'amène encore son lot de belles rencontres. Il m'a aussi permis de garder contact avec certains amis, d'en retrouver que je croyais perdus, et surtout, de pratiquer ce que j'aime beaucoup mais que je ne fais plus assez : écrire.

Si ce n'était que de ça, ce blogue m'aurait apporté plus que sa part de plaisir. Mais voilà qu'il amène du nouveau : une partie des textes publiés ici (et plus!) sera très bientôt publiée dans la collection Hamac-Carnets, chez Septentrion!

Dès le 23 février prochain, ce blogue aura accouché d'un recueil de nouvelles! Ainsi, J'écris parce que je chante mal côtoiera Lucie le chien, Les Chroniques d'une mère Indigne et Un Taxi la nuit sur les tablettes des librairies.

Je ne saurais dire combien j'en suis heureux!

Si les derniers mois furent tranquilles sur ce blogue, c'est en partie à cause de cela; le peu de temps libre que j'avais a été consacré à trier, récrire, peaufiner, effacer, récrire, éclairer, récrire, classer et récrire (merci Éric!) les textes qui y seront imprimés sous une couverture offerte par mon ami Steven Spazuk.

J'espère que vous aimerez!

jeudi 10 décembre 2009

Paul et la neige

Plusieurs détestent l'hiver, surtout quand il neige beaucoup. Les rues trop étroites, les ruelles impraticables, les trottoirs glissants, rien de cela ne plait à personne, sinon à Paul qui regarde par la fenêtre de sa cuisine les légers flocons de la première tempête de l'année. Il n'est tombé que 5 des 20 centimètres mais déjà le vieil homme met son foulard, n'en pouvant plus.

Dans son garage, sa souffleuse est fin prête. Paul a bichonné et huilé sa mécanique tout l'été, et la Yardworks surdimensionnée semble trépigner, impatiente d'avaler la neige de la ruelle.

Si pour tout le monde, un hiver enneigé condamne à la réclusion, pour Paul, c'est la saison où ses voisins ont enfin le temps de lui parler, de prendre de ses nouvelles, de lui faire des blagues, de lui demander, comme ça, «ah, by the way, comme tu passes par là...», s'il pourrait faire un tour dans leur entrée de cour. Paul passe toujours par là quand il neige.

Comme l'an dernier et celui d'avant, il refusera leur argent. Il est bien trop heureux de se sentir utile.

Secrètement, le soir venu, seul devant son vieux poste de télé, Paul souhaitera qu'il neige encore le lendemain. S'il pouvait neiger jusqu'en juillet, il n'en serait que plus heureux.

mardi 10 novembre 2009

60 blogueurs québécois pour la justice climatique

Ne clignez pas des yeux, je passe vite...

Gracieuseté du Commensal.

Attention, je vous écoute...

Vraiment, les dialogues sur Masson m'enchantent.

***

À la boulangerie, l'homme devant moi commande des toasts pour déjeuner.
- Pain blanc, pain brun, bagel, baguette ? demande machinalement la jeune fille de l'autre côté du comptoir.
- Baguette. Je suis un gars de même, moi.
Puis il ajoute, un léger clin d'oeil dans la voix :
- Pour ne pas dire autre chose...

J'aurais bien aimé qu'il dise autre chose.
Juste pour mon plaisir.

Attention, je vous écoute...

Me promenant sur Masson avec mon fils, une vieille femme me croise et s'extasie :
- Oh le beau bébé ! C'est un garçon ?
Je regarde fiston qui dort sous son foulard, sa tuque, son capuchon, 3 couvertures, et je suis bien content que sa beauté transperce tout ça pour éclabousser les moches passants.
- Oui.
- Et il a quel âge ?
- 5 mois.
- Très bien. Merci Beaucoup.
- ...
Et la dame poursuit son chemin.

De rien, madame. De rien.

mercredi 4 novembre 2009

Attention, je vous écoute...

Dame V. expliquait à sa fille qu'elle ne resterait pas une enfant toute sa vie.

- Tu sais, un jour tu seras une grande fille, puis ensuite une adolescente, puis une femme, puis une grand-mère...

Romane lui répond :

- Ça fait beaucoup de monde...

Et après quelques secondes de réflexion, elle ajoute :

- P'is même pas un garçon !

Romane, 3 ans et demi

lundi 2 novembre 2009

Nouvelle invitation

Encore une fois, je suis à la dernière minute...

Le mois dernier, je vous invitais à une exposition de photos inspirées par un de mes textes. Voilà qu'ils récidivent ce mois-ci.

Le thème de ce mois : ce texte.

Le vernissage est ce soir (le lundi 2 novembre), 21h.

Bienvenue à toutes et à tous !
Au plaisir de s'y croiser.

Salon Ça décoiffe
4526, Papineau
Montréal
(juste au nord de Mont-Royal)


N.B. L'exposition se poursuit tout le mois de novembre. Si vous passez par là au cours des prochaines semaines, n'hésitez pas à entrer pour jeter un coup d'oeil aux oeuvres.

P.-S. Ce soir, je dois remettre aux photographes un 3e et dernier texte tiré de mon blogue pour l'exposition de décembre. Vous avez des suggestions de textes à me faire, des particulièrement inspirants - photographiquement parlant ? Vous avez jusqu'à 16h pour me faire vos suggestions.

dimanche 25 octobre 2009

vendredi 23 octobre 2009

Quelques Sourires à la fois

Voici un superbe court métrage de Mélanie Gagné dont j'ai écrit la narration. Une « éloge à l'enfance, réflexion poétique d'un parent » à laquelle, selon Mélanie, il manque encore une ambiance et un bon mixage sonores ainsi que quelques ajustements mineurs. Mais le résultat est si joli que je ne peux attendre la version finale et je le partage tout de suite.

mardi 20 octobre 2009

De Ses Cendres

Force m'est d'admettre que deux enfants, une vie de couple, un emploi, des réparations au-dessus de mes compétences (mais je fais mieux que les $&*#@ de jobbeux pas fiables...), un abonnement au gym (me semble...), des projets d'écriture (me semble...), des amis et quelques velléités d'épanouissement personnel occupent un temps libre. Et ça, c'était avant l'arrivée de notre amie la gastro version familiale 4.

Où est le blogue dans tout cela, vous direz ?

Eh bien, tel un phénix pas mort mais pas fort qui fait un rebirth dans son cendrier, il tentera de reprendre forme et tonus (dans l'ordre) au cours des prochains jours.

Je vous promets.

Mais là, je vais me coucher.

dimanche 4 octobre 2009

Nouvelle en pixels

Il y a quelque temps, un coiffeur du plateau a eu l'idée de meubler les grands murs vides de son joli salon avec une exposition photos. Chaque mois, lui et une dizaine de photographes exposent leurs oeuvres inspirées d'un thème. Ce dernier va de «Jaune» à «Absence» en passant par «Sans abri», et pour le visiteur, le plaisir est de trouver quel est le thème du mois et de voir comment chaque oeil en a fait une oeuvre personnelle souvent surprenante. Les photographes sont supposément amateurs, mais à voir la qualité des oeuvres exposées, on en doute. Je me retiens d'en acheter une chaque fois que je vais m'y faire couper les tifs.

Ce mois-ci, le thème est... une de mes nouvelles ! Incroyable !
Je ne sais même pas laquelle. J'aurai la surprise ce soir, au vernissage.

Ça va être gênant d'être peigné tout croche !

L'exposition se poursuit tout le mois d'octobre.

Salon Ça décoiffe
4526, Papineau
Montréal
(juste au nord de Mont-Royal)

Vernissage ce soir, le dimanche 4 octobre, 21h.

samedi 26 septembre 2009

Falardeau


La première fois que je l'ai rencontré, je ne l'ai même pas vu. Je n'entendais que ses mots sans vernis interpréter ce qu'une camera nerveuse montrait sur Le Temps des bouffons. C'était à la fin des années 80. Sur la cassette, il y avait cette note :

C'est ce que j'ai fait. J'en ai encore une copie ici. Mais vous n'en avez plus besoin. La courte vidéo est au bas de cette page-là. Ça fesse encore.

Note: J'ai copié telle quelle la note de la cassette vidéo, avec les fautes du site de Falardeau). Je crois qu'elles étaient sur la cassette il y a 20 ans.

Ensuite, j'ai vu le premier Elvis Gratton. Comme pour le reste de son oeuvre, comme pour le reste du bonhomme, les gens n'y ont vu que l'arbre qui cache la forêt.

Pour plusieurs, Falardeau était un indépendantiste vulgaire qui aurait mérité un cours de mise en marché. Pour moi, il a été un défenseur universel des petits peuples qui se font manger par les grands, un résistant dans la plus pure définition du terme. Il était aussi brut, râpeux, dépourvu de fard, souvent enragé, parfois découragé de se faire poser les mêmes questions, de se faire balancer les mêmes accusations par des gens incapables de saisir les idées entre les tabarnaks du désespoir.

Je l'ai croisé des dizaines de fois sur la rue, et malgré l'envie, je ne suis jamais allé lui parler (je suis con de même), lui dire ce qu'il avait réveillé chez moi, lui dire que j'avais amené une amie finlandaise qui ne parlait pas français voir son film « 15 février 1839 » en version sous-titrée anglais, lui dire que cette amie y avait pleuré et qu'elle m'avait dit, à la sortie, qu'elle comprenait maintenant les raisons du mouvement indépendantiste québécois. Lui dire enfin que si son message avait passé avec une Finlandaise et avec moi, on ne devait pas être les seuls.

Je n'ai pas toujours été en accord avec tout, mais il ne le demandait pas; il aimait trop la discussion pour ça.

Falardeau. À ce pays où tout le monde se tait pour ne pas faire de chicane, à ce pays où encore souvent l'on fonctionne dans la langue d'un autre «d'un coup» que l'un de nos collègues n'est pas francophone, à ce pays qui a tout pour l'être mais qui se le refuse de peur de trébucher, tu manqueras. En tabarnak.

vendredi 25 septembre 2009

Putain !


Elle a écrit Putain, Folle et À Ciel ouvert, et venait de terminer l'écriture de Paradis clef en main, livre à paraitre bientôt. On ne pourra pas dire qu'elle ne nous avait pas prévenus...

On se souviendra du souffle de sa plume. Sa vie, elle, en aura manqué.

On perd Nelly Arcan. Mais mes pensées vont à ceux qui perdent Isabelle Fortier.

Adieu !

mercredi 23 septembre 2009

Attention, je vous écoute...

Alors qu'elle s'empresse d'aller consoler son petit frère de 3 mois qui s'est réveillé en pleurant, ma fille m'explique :

«C'est parce qu'il ne sait pas encore comment rêver.»

Romane, 3 ans.

dimanche 20 septembre 2009

En attendant mon retour à l'écriture de ce blogue...

Je songe sincèrement à offrir un cours de conception de noms automobiles...

Après la Buick Lacrosse 2010...

Ça ne s'invente pas.


Je vous laisse les jeux de mots!

samedi 5 septembre 2009

Moi j'ai quitté mon pays bleu

Comme j'avais pas mal d'avance, je laissais lentement défiler le décor que m'offrait cette route de campagne. Tant de soleil, d'espace, de silos aux inscriptions «ferme Machin» me rendent immanquablement heureux. J'ai baissé les fenêtres et levé un peu la voix de Roger Whittaker qui chantait à ce moment-là. La vie savait se faire douce parfois.

Je suis arrivé au village en faussant sur « moi j'ai quitté mon pays bleu », et c'est sur la note finale que je l'ai vue : un roulotte à patates frites ! Pas un restaurant « Chez Mimi» ni un snack graisseux au fond d'une entrée en gravier mais bien une vraie de vraie roulotte, les roues bien serrées entre deux cales de bois, fenêtre ouverte sur un stationnement de fortune, une roulotte comme il y en avait partout dans mon enfance. Je n'avais pas très faim, mais j'avais du temps et je n'ai pu m'empêcher de m'arrêter, question de profiter de cet improbable vestige du passé avant qu'il ne disparaisse au profit d'un Tim Horton's. J'ai le cholestérol nostalgique, docteur, je n'y peux rien.

C'est un enfant de 8 ans sifflotant du Whittaker qui s'est approché de la roulotte. Je n'avais pas à regarder le menu signé Bonne(!) appétit : je commanderais au vieil homme graisseux un peu blaséce sera un cheese ketchup-oignon avec 1$ de patates, comme dans le temps.

La moustiquaire de la fenêtre s'ouvrit sur le visage régulier d'un homme bien mis, plus jeune que moi, coiffé d'un filet à cheveux d'un chic fou. J'ai cherché sans succès mon vieil homme dans le fond de la roulotte avant de donner, un brin hésitant, ma commande.

Quand l'homme enfila des gants chirurgicaux pour préparer mon hamburger, mon sourire niais disparut totalement. Où était mon monsieur aux cheveux graisseux, une cigarette avec ça de long de cendres au bec ?

Je suis revenu à ma voiture avec un hamburger dont la boulette, bien centrée dans son pain, ne contenait assurément ni cheveu ni sueur, un sandwich qui pourrait se mériter une note parfaite au ministère de la salubrité.

Je ne sais quand ça s'est produit, mais sans que je m'en rende compte, j'avais bel et bien quitté mon pays bleu pour un tout blanc, tout propre. Propre propre propre.

Jamais souvenir ne m'aura paru aussi fade et aseptisé que cet hamburger.

vendredi 28 août 2009

Les Voleurs

Supposons...

Supposons qu'un homme, appelons-le Claude, se fasse voler sa voiture, un véhicule qui lui permettait de gagner sa vie en tant que livreur de pizza. Le temps que ses assurances lui remboursent la voiture (si elles la lui remboursent un jour!), Claude estime qu'il aura perdu 2000$ de revenus, plus la hausse de ses primes d'assurances, sans compter ce qu'il lui en aura coûté de temps passé à faire les démarches obligatoires dans ces moments-là, de trouble, de stress, de chicane de couple, etc.

Pendant tout ce temps, Claude sait que c'est son voisin qui lui a volé sa voiture pour la revendre 500$ à un magouilleur peu scrupuleux. Claude l'a vu la voler. Mais comme il n'y a aucune preuve indiquant que c'est bien son voisin qui a volé l'automobile, aucun témoin, rien, la police ne croit pas Claude. Ce dernier entreprend donc de le prouver. S'ensuit de longues et onéreuses procédures qui auraient dû décourager n'importe qui, sauf lui. Tout le monde finit par le prendre pour fou de ne pas lâcher le morceau, de ne pas passer à autre chose.

Mais contre toute attente, après des années de bataille, Claude gagne sa cause. Le voisin est condamné à rembourser la moitié (la moitié !!) des frais d'avocat de Claude, le 500$ de la voiture et les 2000$, tout cela avec intérêts. Wouhou... Des années de procédures, de troubles pour... ça?

Pas de prison pour le voleur, pas de couvre-feu, pas de surveillance accrue de la part de la police. Autrement dit : recommence ti-gars, mais ne te fais pas prendre cette fois.

Vous me direz : ce n'est pas comme ça au Québec ! Les voleurs ont un casier judiciaire, vont en prison !

Ah oui??

Quelle prison pour les responsables de chez Cinar dans l'affaire Robinson ? Auront-ils seulement un casier judiciaire ? Que nenni ! C'est Cinar le responsable.

Mais derrière Cinar, il y a bien quelqu'un de responsable, et ce voleur (ceS voleurS!) qui, malgré tout l'argent que Cinar versera (s'il est versé un jour) à M. Robinson, ces voleurs - disais-je - ont «scrapé» sa vie, du moins un gros gros bout.

Les voleurs de voiture vont en prison, ont un casier judiciaire, ne peuvent plus passer la frontière sans se faire chier. Pourquoi pas les voleurs d'idées qui exploitent les créateurs, les écrasent, minent leur vie, les étouffent à grands frais d'avocats ?

J'ai une admiration sans borne pour M. Robinson. Pour sa victoire contre Cinar certes, mais aussi, surtout, pour celle contre ce système judiciaire qui condamne sans délai les petits voleurs mais qui concède toutes les échappatoires possibles au gros.

Bravo M. Robinson ! Vous êtes un exemple à suivre, un modèle. Rien de moins.

mercredi 26 août 2009

dimanche 23 août 2009

Léo, Doudou et moi

Il m'avait donné rendez-vous au petit restaurant à l'intersection principale de Placencia, en face d'un terrain de soccer en terre battue. Sur la terrasse, un grand sapin de Noël tranchait sur le décor du sud du Belize. En attendant, j'avais commandé quelques bières en espagnol au propriétaire d'origine canadienne anglaise.

On m'avait prévenu que mon hôte était un peu bourru. Léo passait l'essentiel de son temps de retraité seul sur son voilier et la mer avait cette propension à rendre misanthrope. Je me préparais au pire et, à l'ombre de mon sapin tropical, je me suis demandé pourquoi j'avais accepté de faire ce voyage pour passer quelques jours sur un voilier. Après tout, je ne connaissais l'homme que par amis interposés et je n'avais jamais hissé de voile de ma vie.

Je l'ai reconnu de loin. Grande taille, barbe blanche, son allure tranchait sur celle des gens du coin. Il m'a serré la main, m'a souhaité la bienvenue dans les Caraïbes, je lui ai tendu une bière.

Pour être franc, je ne sais trop ce que nous nous sommes dit ce jour-là, mais l'ours mal léché que j'attendais s'est révélé un ami. Cette fois-là, je n'ai vogué qu'une semaine en sa compagnie, longeant la barrière de corail jusqu'aux Sapodillas, plongeant ici et là pour voir les raies et pour remonter des conques. Le dernier soir, on a mangé sur le pont avec pour incroyable horizon les montagnes du Belize, du Guatemala et du Honduras. On s'était mal ancrés et la tempête de la nuit avait failli nous faire échouer. On était parti au large en panique dans une noirceur dense entrecoupé d'éclairs, car quand la mer est grosse, c'est de la terre qu'il faut se méfier. Ce soir-là, j'ai connu la peur et les vagues grosses comme des maisons. J'ai aussi eu un mal de mer comme je n'ai jamais connu par la suite. On est revenus au port le lendemain matin, trempés, épuisés, escortés par deux dauphins. Même nos lits baignaient dans l'eau de mer.

À mon départ, Léo m'a parlé d'une traversée de l'Atlantique. Il en rêvait depuis longtemps et comptait bien se rendre au Portugal avec son fils l'été suivant, avant d'être trop vieux qu'il disait. Comme le Corbin pouvait accomoder un troisième matelot et qu'un peu d'aide serait la bienvenue, il m'a proposé de les accompagner. J'ai dit oui, tout heureux de la chance offerte. Sur le tarmac, il m'a promis de m'appeler au printemps. Malgré ma joie, je savais qu'il ne me rappellerait pas.

J'avais tout faux. Léo m'a rappelé six mois plus tard, en avril 2003. J'ai traversé l'océan sur son bateau. Un jour, je raconterai ce voyage, de loin le plus beau de ma vie.

Toujours est-il que cet été, j'ai appris qu'après des années sur la mer des Caraïbes, Léo était rentré au pays et n'avait plus l'intention d'affronter les vagues. La Doudou en moin (ce qui signifie Mon amour à moi en créole) est à vendre. Sans trop que je sache pourquoi, la nouvelle de la vente de ce bateau me chagrine, un peu comme si on m'avait annoncé l'agonie d'un ami.

Voici la Doudou en moin, le bateau de Léo.


Il y aura d'autres bateaux, des différents, mais quand même. Cependant, il n'y a qu'un seul Léo et il faudrait bien que je l'appelle, pour le revoir, pour échanger, pour un peu boire en silence, comme on le faisait des heures durant en regardant les couchers de soleil, en écoutant le souffle des baleines la nuit, sans savoir où elles flottaient.

Je m'ennuie sincèrement de ce vieil ours adorable.

lundi 17 août 2009

Attention, je vous écoute...

Entendu dans un autobus sur la rive nord :
« Ça, c'est des vignes. Des vignes de raisins! »

La personne pointait des trucs près de pommiers. Des pommiers de pommes.

mardi 11 août 2009

Safarire jaune

Un enfant, ça vous ramène aux plaisirs simples et oubliés tels que l'observation des araignées tissant leur toile, la cueillette des pissenlits et... la visite des zoos.

Je n'ai jamais été friand des zoos. Côtoyer la bête en cage m'est apparu, dès mon plus jeune âge, comme la démonstration de barbarie. Bien sûr, les conditions dans lesquelles vivent les bêtes dans les zoos se sont grandement améliorées depuis les malheureux spectacles que donnaient les Hommes devant l'enclos à gorilles du zoo de Granby dans les années 70, mais pour moi, le respect de la vie sauvage passait par une loi très simple : on ne va pas sur le territoire de la bête, que ce soit en jeep ou à pied, armés de fusils longue portée ou de jumelles. Inutiles de dire que j'éprouvais une joie revancharde quand je voyais les babouins arracher les essuie-glaces et le vinyle du toit des monstres de tôle que conduisaient l'Amérique en 1975. Ceci compose d'ailleurs le seul souvenir que j'ai gardé du parc safari d'Hemmingford. Rapidement, on n'a plus conduit de voiture au milieu des babouins et des ours, bien que cette décision fût sans doute le fruit d'une compassion plus automobile qu'animale.

Alors quand, trente ans plus tard, ma copine m'a proposé d'y faire un tour, vous imaginez ma réaction enthousiaste.

- T'es-tu folle ?

- Mais imagine le regard de ta fille dans le tunnel vitré sur lequel sautent les lions, ou encore dans la voiture alors qu'elle pourra nourrir une girafe par la fenêtre entrouverte !

Quelqu'un peut me dire comment on refuse une telle sortie ?

**

Dame V. aussi avait oublié ce qu'était ce parc.

Déjà, le prix d'entrée aurait dû nous faire rebrousser chemin. Mais on venait d'attendre 25 minutes et les 3000 voitures derrière nous nous poussaient à accepter ce vol au guichet d'entrée. Puis on a hésité entre faire la partie zoo et ses manèges en premier et se taper la section en voiture comme première étape. On a choisi la partie voiture.

La connerie.

On a parcouru les quelques centaines de mètres de routes tortueuses en plus de 2 heures, coincés au milieu d'un improbable embouteillage dans un enclos à bovidés. En plus d'arrêter le moteur de la voiture à plusieurs reprises pour mieux contempler les plaques des 4X4 devant nous dans lesquels se tenaient des habitués de ce genre de safari, tout équipés pour affronter le bovidé bavant et armés de leurs sacs de légumes et leurs lingettes humides désinfectantes, les seules bêtes qui nous ont approchés sont des animaux - poussés vers nous par les employés du parc - qu'on peut facilement flatter à la ferme d'à côté.

Il y a tout un paradoxe : faire venir des bêtes des 4 coins du monde pour les parquer au milieu d'un embouteillage tient non seulement du mystère mais aussi d'un non-sens profond. Pire que dans mes souvenirs, ce parc est un reliquat d'une époque pas si lointaine du «tout-à-l'auto» - ciné-parc, drive-in et autres drive-thru - si populaires dans les années 60 et 70.

Bien que plus sympathique et respecteuse de la bête, la suite ne fut guère plus heureuse : les félins se tenaient à distance du tunnel vitré, les babouins se cachaient sous la passerelle pour mieux se masturber (ils avaient l'air à aimer cependant) et ma fille n'avait d'yeux que pour les manèges rouillés qui ne fonctionnaient pas toujours (quand l'employé doit appuyer trois fois de toutes ses forces sur le bouton vert pour que le manège tourne, on sent une inquiétude monter dans notre âme de parent). Au milieu des pancartes «manège fermé», la plaque informant que la grande roue datait de 1923 et qu'elle était une des 3 dernières de cette époque encore en fonction prenait des allures angoissantes.

Ma fille est revenue à la maison heureuse d'avoir fait un tour de manège pour enfant, c'est sans doute ce qui compte. Mais l'image de tous ces gens serpentant en voiture au milieu d'un enclos à wapitis dans l'espoir de donner une carotte à un bœuf musqué par sa fenêtre entrouverte ne m'a guère rassuré sur l'intelligence humaine.

mercredi 29 juillet 2009

Le Lait du savoir

Depuis l'arrivée du petit, durant les boires de nuit (et il boit lentement, le vlimeux!), je me tape tous les documentaires de la BBC, Des Chiffres et des lettres, Questions pour un champion et d'autres quiz français qui manquent cruellement de rythme et d'animateurs charismatiques.

Si l'allaitement maternel est bon pour le QI de l'enfant, il faut avouer que l'allaitement avec lait maternisé n'est pas mauvais pour le QI du père.

lundi 27 juillet 2009

L'Île de Pâques

(En réaction au billet de Patrick)

Je nous regarde acheter du suremballé à pleins sacs, de nouvelles télés à écran plat pour changer notre grosse télé qui fonctionne encore, un nouvel iPod et un nouveau téléphone cellulaire pour remplacer l'ancien acheté il y a trois ans, des meubles faits de colle et fabriqués en série en Indonésie, des jouets de plastique à 1$ pour nos enfants qui s'en foutent, des lunettes fumées que nous porterons quelques fois avant de les oublier, des vêtements qui serviront, comme tout le reste, le temps que change la mode, le temps qu'une vente de liquidation nous donne envie de nouveau pour presque rien. Je vois les centres d'achat et autres Ikea entourés de stationnements grands comme des déserts où rien ne pousse. Au retour, dans notre voiture qui consomme moins d'essence que l'autre mais que nous changerons tout de même dans 4 ans, je nous entends pester contre toute cette circulation, contre le smog et cette température accablante en ayant hâte à notre voyage annuel d'une semaine, avion et bar open inclus. Et si le bonus annuel du patron est bon, on se tapera un second voyage, un écolo où l'on marchera dans la nature mais où on se rend en avion...

Pour nous déculpabiliser, nous utilisons nos sacs réutilisables, nous achetons des produits verts recyclables (mais pas recyclés; on se targue de tout recycler, mais on ne trouve pratiquement rien fabriqué en matière recyclée...), nous achetons des litres de produits nettoyants biodégradables en seulement 28 jours, comme si les poissons pouvaient survivre 28 jours dans du Windex. On déculpabilise notre surconsommation en prenant l'autobus une fois de temps en temps, mais on ne la remet jamais en question. Pourtant, c'est elle qui crée des usines, pollue nos océans, engorge les routes de camions de marchandises et de livraison.

Fermez les yeux et imaginez une scène de votre enfance, n'importe laquelle. Dites-vous que presque tout ce que vous y voyez, meubles, bibelots, couverts, jouets, voitures, vêtements, bardeaux du toit des maisons, enseignes des magasins, peut-être même la toilette et le lavabo, tout cela s'empile dans un dépotoir aujourd'hui. Ouvrez les yeux et regardez autour de vous : où tout ce que vous voyez sera dans 20 ans ? Ça fait peur, n'est-ce pas ?

Petit, j'étais fasciné par l'île de Pâques, plus exactement par les hypothèses pour expliquer sa déforestation et la quasi extinction de ses habitants. Une des hypothèses le plus probables avance l'idée d'une déforestation par les habitants pour permettre l'érection des maoaïs, les fameuses statues de l'île. J'avais six ou sept ans quand on m'a expliqué cela, et dans ma petite tête qui avait tout à apprendre, je me demandais bien comment des hommes qui devaient bien voir diminuer de manière dangereuse le nombre d'arbres de leur île, comment ces être sensés ont-ils pu continuer à les couper jusqu'au dernier pour ériger des statues ? Je ne pouvais le croire.

Aujourd'hui, devant le spectacle qu'offre l'homme moderne, la réponse à l'interrogation de mon enfance ne fait plus de doute : oui, l'humain est con à ce point.

Le plus troublant est que, malgré tout ce que je viens d'écrire, je sois du lot.

jeudi 23 juillet 2009

Attention, je vous écoute...

Dame V. : Comment s'appelle le bébé du chien?
Romane : (...)
Dame V. : Le bébé du chien s'appelle un chi...
Romane : NOIS!

Après la mythologie grecque où les enfants tuent leurs parents, voici la zoologie de Romane, où le petit du chien le mange.

vendredi 17 juillet 2009

Au pas de la Lune

Il y a 40 ans, trois hommes partaient vers la Lune dans le but d'y poser le pied, ce qu'ils feront 4 jours plus tard. Si cela constitue un voyage de fou aujourd'hui alors que nos navettes explosent encore au décollage, imaginez ce que ce devait être avec les moyens techniques de l'époque. Pour le plaisir, allez lire ici quelques anecdotes sur ce voyage hors du commun.

En partant, les trois astronautes, Edwin Aldrin, Neil Armstrong et Michael Collins, savaient que ce voyage relevait de l'exploit mythique et qu'ils avaient une chance sur deux de revenir sur terre vivants. Mais leur récompense sera énorme : ils fouleront le sol lunaire et ils seront les premiers humains à le faire (après Tintin)!

J'ai écrit «ils», mais je voulais parler d'Aldrin et d'Armstrong. Collins, en sa qualité de pilote du module de commande, est resté en orbite lunaire, seul pendant plus de 20 heures dans l'attente de ses deux collègues partis prendre une marche de santé.

Pour cette même raison, même l'histoire le laisse en périphérie. On parle d'Armstrong et de «Buzz» Aldrin, mais qui peut identifier correctement le troisième membre de cette mission ?

Collins a risqué sa vie autant que les 2 autres astronautes, mais au pas de la porte d'entrée, sa mission a exigé qu'il attende dehors. Imaginez la frustration. Je ne peux croire qu'encore aujourd'hui, quand il est seul le soir, il n'a pas parfois un petit serrement de dents en y repensant.

Collins m'a toujours fasciné. Pas pour ces qualités de pilote ou d'astronaute, mais pour tout ce que je ne saurai jamais de lui, pour les réflexions qu'il a dû avoir, pour les sentiments qu'il a dû traverser. Comment se sentait-il quand il regardait la lune depuis son hublot ? À quoi pensait-il, seul dans son module survolant la face cachée de la Lune alors que les 2 êtres humains les plus proches de lui étaient à plus de 3000 kilomètres de l'autre côté de cette boule grise et inhospitalière (faisant de lui l'homme le plus isolé de l'humanité) ? A-t-il seulement soupiré quand ses coéquipiers, revenant de leur promenade lunaire, lui ont raconté leur périple, des étoiles plein les yeux ?

Lundi, alors que tout le monde se remémorera «le petit pas» d'Armstrong et les bonds d'Aldrin, ayez une pensée pour Collins. Je soupçonne qu'aujourd'hui encore, il soit l'homme le plus solitaire de l'humanité, en orbite de la postérité.

samedi 11 juillet 2009

L'Heure des bilans

On n'a pas tous besoin de faire pause, de regarder sur quoi on a les pieds, de constater le chemin parcouru. Moi, j'aime bien le faire. J'y vois une pause obligée, à l'image des fumeurs de pipe qui s'écartent du groupe pour attiser le tabac. Je suis sûr que ces derniers ont une meilleure santé mentale que la moyenne. Mais peut-être est-ce un leurre, le leurre des bilans, cet arrêt qui sert à prendre son élan. En bref, voici celui de ce blogue.

Ce blogue roule maintenant depuis plus de 5 ans, beaucoup plus longtemps que je ne le prévoyais au départ. Je dois avouer que chaque fois que j'ai songé à lui retirer les vivres, il a trouvé le moyen de me retenir. Je ne sais trop pourquoi. Peut-être pour tous ces gens qu'il m'a permis de rencontrer, de connaître. Je n'ai échangé avec certains que le temps d'un courriel ou d'une bière, mais d'autres sont devenus des amis. Certains demeurent des amis «blogueurs», que je n'ai jamais rencontrés en chair et en os, mais qui me côtoient depuis déjà longtemps, d'autres sont devenus des amis «palpables», des vrais sur qui je peux compter les soirs de blues. Il m'a aussi permis de retrouver des amis d'antan. C'est un peu magique à chaque fois, et plus drôle que via Facebook.

Ce blogue, c'est maintenant plus de 500 000 clics. Même si 450 000 de ces clics étaient de moi, Ça en fait quand même 50 000, soit 49 999 de plus que je ne l'espérais au départ.

Ce blogue m'a permis et me permet encore de peaufiner mon écriture. Sur maintenant plus de 700 textes, j'y fictionne au «je», j'y relate au «il», et j'ai réussi à y laisser cette saveur d'autobiographie fictive qui témoigne parfois directement, souvent indirectement de ma vie des 5 dernières années, une période riche en changements de tout sorte.

Ce blogue ne sert à rien. J'espère qu'il continuera à le faire. Il y a déjà trop de choses utiles autour de moi.

Ce blogue devrait être en partie publié l'an prochain. J'utilise ici le conditionnel, car je n'ai pas encore terminé les révisions de mes textes. Il n'en tient donc qu'à moi pour que ce projet ne voie le jour. J'ai besoin d'encouragements, surtout depuis quelque temps, avec l'arrivée de mon garçon. Le temps est une denrée précieuse que, plus elle se fait rare, plus j'ai tendance à gaspiller, un peu à l'image de ces pauvres qui s'achètent n'importe quoi quand ils ont 20$ de lousse. J'attends vos claques.

Pour toutes ces raisons, je tiens à vous remercier, chers lecteurs et lectrices. Que vous laissiez des commentaires ou pas, sans vous, ce blogue aurait fait comme bien d'autres et se serait éteint dès la première brise.

Bon. Ma pipée est terminée. Je retourne m'inspirer à la meute.

lundi 29 juin 2009

Attention, je vous écoute...

Alors que je lui explique qu'il lui faudra être patiente car son petit frère à peine âgé de quelques jours ne parlera pas avant quelque temps, Romane me rassure :
« Peut-être qu'il va parler français ! »

Romane, 3 ans.

Sinon, ben... je le retourne.
B'en quoi ? C'est que j'avais commandé.

mercredi 24 juin 2009

Brèves de naissances (2 de 2)

Malgré toutes les avancées médicales, le repos et le milieu hospitalier demeurent incompatibles. Tout comme la lecture des dossiers des patients et le travail infirmier : on devra répéter toutes les informations sur ce qui s'est passé à la moindre blouse blanche (ou à motif de fée ou de Babar !) qui vient prendre la pression, la température, le pouls, le thé, etc. Entre les 547 visites, les réveils de bébé et les cauchemars, Dame V parvient à dormir quelques minutes.

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Il y a vraiment des gens que la vue de Babar rassure ?

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Enflée, vidée de son sang, traumatisée, piquée de partout, Dame V semble revenir de la guerre. Elle en revient, je l'y ai vue. Que l'humain persiste à se reproduire après la connaissance de tels accouchements (et il y en a des pires) est désormais une énigme.

***

À chaque fois que Dame V a besoin d'un médicament, elle sonne. Une infirmière se pointe, gentille, et promet de revenir immédiatement avec ledit médicament. Sauf exceptions, il faut toujours sonner une deuxième fois. Chaque fois, elle a oublié. Il faut dire que notre chambre est à sept pas du bureau des infirmières... «On reçoit beaucoup d'appels des patients, vous savez...» nous sert-on en excuse. Je n'en doute pas. Mais je connais un truc pour que le personnel infirmier reçoive la moitié moins d'appels des chambres...

***

Partout, sur les murs, des affiches faisant la promotion de l'allaitement maternel. Des dessins pastel et des photos aux contours artistiquement flous nous montrent des femmes aux seins généreux donnant la tétée à des bébés bien ronds dans une sérénité près du nirvana. Si ce type d'allaitement a de nombreuses vertus, il n'a pas celui de donner talent et bon goût.

***

Durant tout notre séjour, une seule infirmière s'est assise avec Dame V pour s'informer de ce qu'elle vivait. C'est aussi la seule qui a dit qu'entre le lait maternisé et le lait maternel, l'important était de se sentir bien et d'être présent pour l'enfant, mais de son propre aveu, elle n'a pu nous le dire que la porte close, l'allaitement étant la seule option envisageable à l'hôpital. Malgré toutes les bonnes intentions, les religions sont toujours les mêmes.

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Le médecin nous répète que Dame V est trop faible pour se lever seule, même pour un tour aux toilettes, car elle pourrait perdre connaissance. Il est donc hors de question qu'elle se lève pour prendre le bébé.

En avant-midi, je quitte une heure pour aller prendre une douchette, ramasser quelques vêtements et m'assurer que mes parents s'arrangent bien avec ma plus vieille. Pendant mon absence de l'hôpital, Clovis s'est réveillé. Dame V sonne pour que quelqu'un le lui apporte. L'infirmière de jour chargée de notre secteur lui dit sèchement que je dois revenir, qu'elle n'est pas là pour catiner, et elle repart. C'est avec ses vertiges et la moitié de son sang que Dame V ira chercher le petit pour le ramener dans son lit. Elle m'appellera, au bord des larmes d'épuisement, 35 minutes après mon départ.

***

À l'hôpital, on insiste pour que les papas s'impliquent, mais on ne leur donne rien à manger, on les ignore et on les fait dormir sur des lits d'un centimètre d'épais «dont je ne peux garantir la propreté», dixit notre «dévouée» infirmière de jour. Heureusement, ça sent le bébé partout. Ça apaise.

***

Depuis le début, l'infirmière de jour me parle comme si je souffre d'un léger retard mental, en m'enseignant que le bébé n'est pas un petit chat et en me parlant avec des «Monsieur, tu vas...» et des «Ta madame doit...» Quand je serai vieux et à l'hosto, j'espère ne pas tomber sur elle sinon je lui fous des coups de cannes en lui donnant des leçons de vouvoiement. (Tiens, ça me donne des idées pour mes cours à l'automne prochain...)

***

Avec les repas, on fournit un bout de papier sur lequel est décrit le menu offert. Heureusement parce que rien n'a de goût. Et devant le pain blanc des déjeuners et les fruits en conserve, que personnes ne me servent l'argument de l'aliment santé (sans sel ni sucre). Ce midi, bœuf à la mode (sic !) Dame V a donc droit à sa ration de brun quotidien.

***

Ma fille la plus vieille ne peut venir voir son frère à l'hôpital à cause de la grippe A, une grippe somme toute bénigne qui fait moins de morts que la grippe dite «normale» que l'on affronte tous les ans depuis des siècles. D'ailleurs, question de faire paniquer le monde, je tiens à rappeler que la grippe, même celle pas A, a toujours été une maladie pouvant être mortelle. Le personnel à l'entrée m'explique avec de grands yeux que c'est maintenant une pandémie. J'aurais dû leur rappeler que c'est un constat d'étendue géographique, une pandémie, pas de virulence, et que si le virus a maintenant atteint le désert de Gobi, ça ne devrait pas empêcher les grandes soeurs de voir leur frère naissant. La mésinformation aussi est une pandémie. Et elle me tue.

***

Après une journée et demie de supplice, malgré les 2 sacs de potion magique qui attendent Dame V, on demande (lire exige !) de recevoir notre congé. Comme l'hôpital déborde, on n'a pas à se battre trop longtemps. Notre infirmière de jour exige qu'on lui montre notre siège de voiture avant de partir, ce que je fais quelques minutes plus tard. Elle me répond qu'elle n'a pas le temps car c'est son heure de dîner. Derrière elle, l'horloge indique 11h53. Je soupire. Il existe une site RateMyNurse?

***

Depuis, Dame V va beaucoup mieux. Ce soir, nous avons marché jusqu'à la crèmerie au coin Des Écores et Beaubien. La petite en a partout, le petit dort dans mes bras, le soleil nous chauffe encore la peau malgré qu'il soit 19h40. On est 4, on prend toute la largeur du large trottoir, et on sourit.

lundi 22 juin 2009

Brèves de naissances (1 de 2)

Lundi dernier. Comme un autre lundi, sauf que Dame V. perd ses eaux. Perd de l'eau, devrais-je dire, parce que ce n'est pas comme dans les films. Pas de flouch, pas de mare. On va à l'hosto pareil, parce qu'une fuite à 41 semaines de grossesse, ça se calfeutre mal.

L'hosto garde Dame V allongée : il y a bel et bien fuite. Quelques gentilles contractions laissent entendre qu'aujourd'hui est le grand jour. On est tantôt contents, tantôts inquiets. Entre ici et le bébé, il y a un petit chemin obscur qu'on doit emprunter.

Les contractions sont erratiques et inefficaces, alors on les provoque un peu avec du « picossin ». Soudainement, on entre dans la ligue majeure. On entend une femme crier à l'autre bout du corridor. Le ton est donné.

Ici, question de pudeur et de vie privée, je vous propose de visionner ces quelques vidéos éducatives sur le travail, la poussée et l'accouchement.

Clovis est né à 19h40. En super forme.

Mais la belle histoire du début de vie côtoie l'horreur. Quelques complications plus tard, on nage en pleine finale des Invincibles : je reste des heures seul avec fiston sans nouvelle de ma copine partie d'urgence en salle d'op. Chaque fois que j'en demande, on me répond qu'on ne sait rien, qu'on va s'informer, blablabla. Je reste seul dans ma chambre comme un con. Et con ne sait rien.

Je visite la chambre, bébé au bras. Au plafond, un ventilo 2 vitesses : off et super dooper vite. J'opte pour off avant que les yeux ne me sèchent. Dans le coin gauche, la lampe sur pied ne s'allume pas. Même l'infirmière, après un regard de mépris devant mon incompétence, n'y parvient pas. Dans le coin droit, un lit de camp pour le papa sur lequel des femmes devaient accoucher en 1964 tant le matelas est usé et fatigué. Ça me répugne un peu et je préfère l'enlever pour me coucher directement sur le lit de camp. Sous le matelas, il y a un vieux pyjama déchiré. Avec le bruit de fond de la toilette qui fuit doucement et la peinture qui décolle un peu autour du haut-parleur près du lit, je me crois en Ouganda. Pourtant je suis à Maisonneuve-Rosemont.

On finit par m'informer que Dame V revient de la salle d'opération dans quelques minutes, question de me faire patienter. 35 minutes plus tard, elle entre dans la chambre, enflée, livide, faible. On m'explique vaguement que ça a été plus dur que prévu, qu'elle a perdu beaucoup de sang, qu'elle devra rester plusieurs jours à l'hôpital pour se reposer.

Elle dort là, c'est tout ce qui compte.


samedi 13 juin 2009

Red Wings, champions de la coupe Stanley 2008-2009 (ou une des milliers de faces cachées de la société de consommation)

Bien que j'y participe rarement, j'aime bien les joutes sportives pour ce qu'elles ont de rassembleur. Ces moments où des humains se surpassent pour des futilités (pousser un morceau de caoutchouc derrière une ligne à l'aide d'un morceau de bois par exemple) permettent à une foule de personnes d'assouvir leur appétit grégaire et belliqueux en criant bêtement des ritournelles accrocheuses à trois notes.

Hier, c'était la finale de la coupe Stanley. Une vraie joute dont on n'a connu le vainqueur qu'à la toute dernière minute, littéralement. Quand la fin du match fut annoncée, la place fut envahie de casquettes et de chandails aux couleurs des gagnants. Pas seulement pour les joueurs mais aussi pour les spectateurs. Chaque fois, ça provoque un malaise chez moi : comme il est impossible de connaître l'identité du vainqueur et que tout le bataclan sort des boîtes dans la seconde suivant la sirène, les marchands doivent donc se préparer à toute éventualité, ce qui signifie imprimer des casquettes, des chandails et dieu-sait-quoi à l'effigie des deux équipes.

Que se font-ils avec la moitié du stock soudainement invendable ?

J'aimerais beaucoup croire qu'il y a quelque part sur la planète une tribu qui a pour garde-robe des vêtements qui relatent le contraire de l'histoire des finales du sport professionnel, mais je ne suis pas naïf.

lundi 8 juin 2009

Confiture de perles

Je me suis toujours demandé pourquoi je trouvais de nombreuses perles d'étudiants une session alors que presque rien ne ressortait la session suivante. J'ai souvent accusé la qualité du français des étudiants, mais il n'y a pas que ça : il y a aussi le regard du lecteur, sa disponibilité.

Cette session, j'ai eu particulièrement du plaisir avec mes étudiants, et ce plaisir restait, même pendant la correction de leurs travaux. Ainsi, de simples erreurs se mettent à briller...

Encore une fois, je le répète, ceci n'est pas fait pour dénigrer des étudiants que j'ai en particulière affection (surtout ceux de cette année). Aussi, pour vous rassurer, les phrases sont citées hors contexte et parfois, elles ne sont nullement représentatives de la qualité du travail dont elles sont tirées. Heureusement.

Mais bon, après en avoir rigolé avec mes étudiants, je partage ici les meilleures perles.

Dans la poursuite de la tradition (et ici, ici et , et aussi ...), voici la récolte 2009.

Bonne lecture!

**

Première partie : Vrac.

(…) une lecture légère sans après-goût.
(Sans après-pensée également.)

Ce livre reste bloqué dans votre cerveau.
(Et la phrase dans notre gorge.)

Le personnage a une faute d’amour bien placé chez-soi.
(Une faute bien placée vaut mieux qu'une exactitude déplacée.)

On y retrouve des jeux de mots qui jouent avec le sens des mots.
(Généralement, c'est ce que font les jeux de mots dans la vie.)

Les agents du FBI n’ont pas souri depuis l’érection de l’ancien président Truman.
(Mais la gent féminine, si.)

Le livre est une petite perle qui se lit en un rien de deux.
(Et en moins de temps.)

Certains extrémistes pensent qu’ils ont le mandat d’éliminer le monde des homosexuels.
(Allez le monde, on sort des homosexuels !)

Chacun vit pour soi dans le but de bénéficier de sa propre personne.
(Une sorte de masturbation, quoi.)

Cet homme a tué sa famille pour de l’argent et des biens matériaux.
(Les fameuses pantoufles en ciment !)

Il ne rend pas la violence douce aux oreilles des lecteurs.
(Un lecteur audio, sans doute.)

De temps en temps, l’auteur commet des lapsys de sa façon écartée d’écrire.
(Entre ce qu'on dit et ce qu'on veut dire, il y a parfois un grand écart.)

La courteur du livre est un handicap.
(Comme la petiteur du lexique.)

Dans cette nouvelle, nous sommes présentés à l’optimisme.
(Enchanté !)

Cette œuvre n’est pas facilement lue.
(Une oeuvre sauvage qui ne se laisse pas approcher !)

Des mots humoristiques s’abordent tout le long du texte.
(Quand les blagues se lancent à l'abordage...)

La vie des petites-filles est altéré par le passé de leur mère qui n’a pas eu une enfance ne donne pas toujours une belle enfance à ces enfants parce qu’ils n’ont pas appris comment élever leurs enfants dans la gaieté.
(Ici, l'usage du présent du contraceptif aurait éviter qu'il y ait trop d'enfants.)

Elle sentait comme une femme pacifique.
(Pas comme ces femmes qui sentent l’arctique ou l’indien.)

Durant la journée, la machine qui avait une malfonction a fait une crise.
(Rien de pire qu'une crise de machine à coudre.)

Un jour, il rencontra une demoiselle et l’épousa.
(Le lendemain, ils eurent des enfants.)

Le monde irait mieux si tous les gens cédaient.
(La devise des despotes.)

Je prends mes jambes à mon coup.
(Cours, Amstérisme, cours... de français!)

Il reçut un cou à la tête.
(Il aurait eu l’air drôle avec un cou au cul!)

David s’est réveillé frénétiquement.
(Il avait aussi le sommeil agité.)

Ses apparitions à la télévision agrandissaient son image (...)
(Surtout en HD.)

Elles se lancent dans les flammes de l’enfer une à la fille de l’autre (...)
(La fille de l’autre, c’est une fille indienne ?)

***

Seconde partie : Autour de Pierre Léon Lalonde - qui nous a fait l'honneur de sa présence en avril - et de son livre Un Taxi la nuit - Tome II
Notez que Pierre Léon Lalonde semble être une source d'inspiration particulièrement importante de lapsus calami. Son amour pour le jeu de mots serait-il contagieux?

Le texte est intéressant puisque les histoires sont intéressantes.
(Ça aide.)

Le livre saura plaire aux partisans des blogues.
(Go! Blogs! Go!)

Les photos valent bien les 1000 mots qui leur sont accordées.
(Je le lui accorde.)

Une image vaut 1000 mots, mais le temps que le lecteur dévouera à ces photos sera beaucoup plus long.
(2000 mots d’abord ?)

Dans le livre, on retrouve des photos prises à même le doigt de l’auteur.
(Des photos digitales.)

Il capture des images de Montréal pour complimenter le texte.
(Un compliment d'objectif direct)

Les photos couleurs ajoutent une touche finale.
(Le photo-finish.)

Les photos comportent un élément de surplus.
(Pas la note)

Il y a des photos qu’il prend avec son taxi.
(Souriez ! Le petit radiateur va sortir !)

C’est la goutte qui fait déborder le ver.
(De la téquila, sans doute.)

L’auteur amène son point de vue en taxi.
(Il faut sortir ses idées.)

Lalonde n’est pas un écrivain ordinaire. Il est tout sauf.
(La question est de savoir s'il est sain !)

Ses racines sont bien encrées à Montréal.
- variante : (...) encré dans le réel
(Il jette l'encre.)

Sans l’ombre d’un doute, il n’est pas clair que (…)
(Un clair-obscur.)

Il a travaillé sur une émission diffusée sur les ondes de CIBC.
(Une banque musicale.)

L’auteur est atteint d’une popularité grandissante.
(On espère qu’il n’est pas en phrase terminale !)

Pierre Léon Lalonde fait preuve d’être un auteur.
(Une épreuve.)

(…) un homme chaud comme une taupe à 3 heures du matin (…)
(Rien de pire qu'une taupe à 3 heures du matin...)

Le cassage de pieds l’a inspiré à devenir conducteur de taxi.
(Comme le cassage de jambes inspire à devenir Shylock.)

Il a l’œil astucieux d’un observateur professionnel.
(Nom: Regard dégourdi. Métier: Observateur.)

À tous les matins, il se lève en fin d’après-midi.
(C'est pas facile, vous essayerez !)

(…) sous l’effet d’une drogue comme la dope (...)
(Stupéfiant !)

La valeur d’Un Taxi la Nuit est dans l’équilibre : entre réalité et fiction, entre art et rapportage.
(Le rapportage d'angles.)

Le livre est une assemblée de ses vécus à bord d’un véhicule sans frontière.
(Bienvenue à l'assemblée des vécus !)

L’auteur éparpille ses idées sceptiques tout au long du livre.
(Il ne faut pas semer des idées sceptiques n'importe où.)

Il a presque la phobie de voir un saoul vomit dans son taxi.
(C’est le sujet de l’ivre.)

Lors des dialogues, l’auteur s’exprime à l’oral.
(Le lecteur n’a qu’à écouter entre les lignes.)

Ce livre est rempli d’aventure d’un taxi qui rencontre des gens.
(Bonsoir !)

J’ai passé par plein de games d’émotions.
(Il ne faut pas jouer avec les émotions.)

Cet auteur sait capturer ses lecteurs
(Un attrappe-nigaud.)

Plusieurs lecteurs ne sauront résister à la tentation de ne pas lire le billet intitulé « Hier, j’ai croisé Satan ».
(Plus on lit moins vite, moins on comprend plus vite !)

Il rêvait de voyager, une passion qui le poursuivait depuis longtemps.
(Ne te retourne pas; une passion te suit…)

Lalonde s’en croise une diverse variété de personnes.
variante : Il rencontre une panoplie de diverses personnes (...)
(Des personnes différentes, il va sans dire.)

Il explore le milieu de la musique underground et commence donc à être chauffeur de taxi.
(Erreur : l'underground mène à chauffeur de métro.)

Il a deux livres dessous la ceinture
(Lourdes, les couilles !)

Ce livre donne du temps à ralentir la vie.
(Ce n'est pas un presse-livre.)

Il décrocha ses études (…)
(Pour mieux les raccrocher ailleurs.)

Il rencontre plusieurs passagers différents et colorés : des saouls, des prostitués, des vieux, des racistes, des Américains, des Marie-Claire Blais, (…)
(Les Marie-Claire Blais sont les plus colorées.)

De différents récit tout en un avec aucune histoire qui se suivent est ce que ce livre est.
(Je dirais même plus, mais non.)

Les histoires au hasard nous font pensé à un journal intime de quelqu’un trouvé à terre.
(Le journal d'un robineux.)

Ceci n’est pas le jeux du hasard.
(Mais bien le fruit du casino !)

Le deuxième livre de Lalonde, Un Taxi la nuit tombe 2, (…)
(D’un ennui mortel ?)

C’est le moment de la journée où les gens ont pris un verre ou deux ou trop.
(J’en ai juste pris trop, monsieur l’agent…)

Lalonde est attiré par le métier de chauffeur de taxi parce qu’il aime s’assoire.
(Ça ne tient pas debout !)

Il est chauffeur de taxi et il le sait!
(Il sait tant de choses !)

C’est un livre extrêmement intéressant qui ne vous désoira pas.
(Ce n’est pas un livre désoirée.)

Lalonde est un excellent compteur d’histoire.
(Un compteur qui commence à 3,30$.)

Le taxi est sûrement un de ses meilleurs amis.
(Le taxi et le camion du laitier.)

Il tient à garder l’anonymité de ses clients.
(C’est une question de confidentialimat.)

(…) ça ajoute une touche d’humour et ça fait réfléchir à la foi.
(C't'une foi un gars...)

Ses clients sont la plupart du foi saouls.
(La vie de chauffeur de taxi n'est pas cirrhose.)



Et finalement, une des plus « cutes » :

On voit bien dans ses récits qu’il a le cœur au bon endroit : sur la main.



jeudi 4 juin 2009

Lali Lala Lali Lala Laliberté d'expression

La nouvelle ne l'est déjà plus et les jeux de mots les plus faciles qu'elle a inspirés ont tous été faits, alors la mise en situation sera rapide: Guy Laliberté se paye un voyage dans l'espace et tout le monde a son avis sur la question. Les blogueurs et les chroniqueurs de tout acabit se déchainent. Les avis sont partagés : certains y perçoivent là une contradiction avec ses œuvres humanitaires (dont One Drop) alors que d'autres n'y voient qu'une aventure inoffensive d'un milliardaire excentrique ou mieux, une sorte de résidence pour création.

J'ai beau essayer de raisonner, je ne sais pas quoi penser de cette non-nouvelle

Tout d'abord, je tiens à souligner que je n'ai rien pour les voyages spatiaux (ces missions trop souvent militaires qu'on cache sous une cape de recherche scientifique supposément essentielle à l'humanité) et que je n'ai rien contre Guy Laliberté. Le gars est riche et ressemble à Patrick Dion ? Grand bien lui fasse. En fait, pour être honnête, je m'en fous pas mal. Mais bon, on jase... Alors jasons.

A priori, il n'y a rien de méchant dans le voyage spatial de Laliberté, si ce n'est qu'il semble en contradiction avec ses œuvres humanitaires. Ce qui me surprend, c'est qu'il y en ait qui s'en surprennent : je ne connais pas d'environnementaliste qui ne commet de gestes qui vont à l'encontre de ses sermons. Ceux de Laliberté ne sont qu'à sa mesure.

N'empêche que plusieurs critiquent le geste, et plusieurs personnes le défendent.

De ce que j'ai lu ici et là, voici les 2 principaux arguments de la défense :

1- C'est son argent, il peut en faire ce qu'il veut.

Vrai. Sauf que cet argument appliqué à tout un chacun mène là où on est rendu aujourd'hui. On a l'argent, on achète ce qu'on veut, la planète se meurt.

2- La fusée décollera avec ou sans lui.

Vrai aussi. Même chose avec les Hummer, les couches jetables et le Cheez Whiz : si ce n'est pas moi qui l'achète, quelqu'un d'autre le fera. En choisissant de payer son voyage en fusée, il envoie un message clair : il y a des gens riches prêts à payer le gros prix pour aller dans l'espace. Et pas seulement un : il y en a un tas de millionnaires. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on voie apparaître des vols spatiaux strictement touristiques et des forfaits «ne payez avant 2020».

Il demeure toutefois difficile de condamner Laliberté. Combien d'entre nous résisterions à l'appel d'une telle aventure si nous pouvions nous le permettre ?

Mais là où le débat devient plus intéressant, selon moi, est quand on le ramène à notre échelle.

On remplace la fusée par l'avion.
On remplace les millions par quelques milliers de dollars.
On garde l'état environnemental actuel.

Alors...

Peut-on permettre à tous ceux qui ont l'argent de voyager autant de fois par année qu'ils le veulent ?

Oui, les voyages instruisent et enrichissent. Mais le trafic aérien est, notons-le, une des importantes sources de pollution. Ce dernier émettait, en 2000, autant de gaz à effet de serre que la France entière. Bientôt, ce sera l'équivalent d'un pays pas mal plus gros...

En cette époque où l'Inde et la Chine auront bientôt les moyens de voyager en masse, où le réchauffement de la planète est à l'aube de menacer l'existence humaine, ces questions méritent d'être posées. Et j'ai bien peur que dans l'état actuel des choses, la réponse sensée quant à l'utilisation des avions et des fusées ne plaira à personne, même à moi qui ai fait ma part de voyages et qui espère bien en faire quelques autres avant ma mort.

Cependant, parions qu'aucune mesure ne sera prise parce qu'il y a et aura toujours les deux arguments ci-haut.

mardi 2 juin 2009

Attention, je vous écoute...

Entendu à la table voisine, au resto (en version originale anglaise):

« C'est un appartement à aire ouverte avec des murs entre les pièces. »

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jeudi 28 mai 2009

Habitude d'usure

Voilà. La session est terminée ! J’ai remis les notes finales. Certains jubileront, d’autres crisseront des dents et le laisseront entendre par courriel, habituellement pour tenter de me soutirer quelques points et pour me souligner, dans une vile et tardive tentative de séduction, à quel point ils sont prêts à travailler fort pour 5% de plus… Juste 5%... Syouplê… Come on… Vous êtes un bon prof… Votre cours était génial…

Soupir…

La partie de la job que je déteste.

Quelqu'un peut éteindre Internet après le 10 mai ?

Heureusement, il y a des moments de bonheur, des étudiants qui passent rapidement et d'autres qui restent, qui deviennent des amis.

Alors je continue, session après session, à enseigner une matière dont l’acquisition, sur 45 heures éclatées sur 15 semaines, est pratiquement impalpable. J'évalue après quelques heures ce qui met des années à pousser, un peu comme si on évaluait une course après le premier virage...

Et voilà que le collège m’invite pour souligner mes 15 ans d’ancienneté. Quinze putains d’années !

30 sessions ! Près de 4000 étudiants ! Déjà ? Comme pour confirmer la chose, sur la feuille d’invitation, au-dessus de mon nom, il est imprimé 1994-2009.

4000 étudiants dans un seul tiret.

La Directrice générale va me serrer la main et peut-être me remettre une petite broche plaquée or sur laquelle est gravée 15 years. Pendant la passation de cette marque de reconnaissance, un photographe assurera la postérité de cette sentence mesurée à termes.

Après, je reviendrai chez moi, referai le trajet pour la 3850e fois comme d'autres marquent le mur de leur geôle. Je pèse le mot. Après 15 ans, je n'ai plus aucune qualification pour faire autre chose.

Avant de monter dans la voiture, je secouerai mes jambes de pantalon pour en évacuer la terre. Ni vu, ni connu. Personne n’a encore trouvé le tunnel que je creuse à la cuiller sous mon bureau…

samedi 23 mai 2009

Votre appel est important pour nous...

J'ai amassé quelques perles dans les compositions de fin de session. Il me reste à les compiler, entre les (fausses) contractions, les préparatifs pour accueillir fiston, les petites rénovations et le palpitant quotidien. Mais j'y bosse, et dès que mes avocats me donnent le ok...

mercredi 20 mai 2009

Attention, je vous écoute...

Alors que nous roulions sur l'autoroute, ma petite constate qu'un nuage plus bas que les autres cache un partie du sommet du mont Saint-Hilaire.

« Oh non! Un nuage est tombé... »

Romane, 3 ans.

vendredi 15 mai 2009

Ça me va comme à Gand

Par le passé, j'ai été plusieurs années végétarien. Lacto-ovo, pour les initiés: pas de bœuf, pas de poulet, pas de poisson. Je trichais tout de même un peu en mangeant du fromage fait à l'aide de présure animale (que j'étais fou!) Cette façon de manger n'était pas tant par goût que par convictions écologiques.

Depuis, je suis tranquillement revenu à la viande mais encore aujourd'hui, je n'achète pratiquement jamais de viande rouge, si ce n'est que dans les restos français où j'ai de la difficulté à résister à l'appel de la bavette à l'échalote.

Mes années de végétarisme (et non de végétation!) m'ont ouvert à de nouvelles cuisines, à de nouveaux ingrédients. J'y ai entre autres découvert l'existence du seitan, que le tofu pouvait être très bon s'il était bien apprêté, et j'ai été initié à de la bouffe indienne entièrement végé (Un délice! Petite plogue: Pushap. À l'époque, il n'y avait qu'un Pushap à Montréal et mes cheveux blonds roux ne passaient pas inaperçus auprès des habitués de la place...)

Tout ça pour dire qu'encore aujourd'hui, ce qui motive mes élans végétariens - plus modestes - est l'environnement. J'ai toujours dit que si tout le monde cessait de manger de la viande ne serait-ce qu'une fois par semaine, la planète ne s'en porterait que mieux et l'effet d'entrainement - ainsi que l'ouverture à d'autres mets et d'autres ingrédients - aidant, plusieurs passeraient d'un jour par semaine à deux, puis trois... L'humain resterait un omnivore, mais un omnivore responsable. Un jour sur sept, pour les amateurs de statistiques, c'est près de 15% de moins de cochons tués, de bœufs qui pètent, d'odeur de purin à supporter...

Et voilà que Gand ouvre la voie!

Quand Montréal, voire le Québec tout entier fera-t-il la même chose?

Comme dirait un ami qui habite maintenant la Belgique: parfois, la vie est belge!

mardi 12 mai 2009

La Norme et moi (ou comment garder modeste l'énorme)

On en dira bien ce qu’on voudra, ce n’est pas toujours un atout de ne pas avoir une parfaite conscience de l’image qu’on projette. Ainsi, je suis toujours surpris d’apprendre que des lecteurs de ce blogue ne laissent pas de messages de peur d'y commettre des fÔtes. J’en profite donc pour ajuster le tir.

Côté rectitude linguistique, je ne suis pas aussi intransigeant que je le parais. Oui, je m’amuse des erreurs et des coquilles d’autrui (comme des miennes !) quand elles sont drôles, quand elles ont un double sens ou une profondeur invisible au premier regard (et même au second…)

Je considère le respect des règles orthographiques et grammaticales de base comme une politesse élémentaire envers les autres et soi-même telle l’est une bonne hygiène personnelle. Mais au même titre que cette dernière, corriger à tort et à travers peut être indicateur d’une pathologie psychologique et peut gêner inutilement. Par désir que tout sente bon, on ne vaporise pas son parfum sur tout un chacun sans risquer d’incommoder les gens et d’éveiller des réactions allergiques. Aussi, trop de douche et de savon rend la peau sèche et ride prématurément.

Toutefois, je pardonne mal le fait de sentir le petit canard à la patte cassée en situation formelle (comme sur un menu ou dans un curriculum vitae par exemple)…

N’empêche que souvent, quoi de mieux qu’une entorse au code syntaxique, l’abus de parenthèses (Hé ! Hé !), un néologisme ou une orthographe oralisante pour s’assurer que notre langue n’est pas encore momifiée ?… Il faut se souvenir que le dictionnaire est un portrait de la langue, et non le contraire, ce qui complique grandement ma tâche quand vient le temps d’enseigner la langue, j’en conviens.

samedi 2 mai 2009

Correction

- Je peux vous parler?

C’était Cecilia, une de mes étudiantes les plus appliquées cette session. Elle se tenait droite dans le cadre de porte de mon bureau. Dans sa main, quelques feuilles roulées qu’elle tenait trop fermement.

- Moui. Ça va, Cecilia?

- Pas vraiment. Je voulais vous parler de ma composition.

Elle m’a tendu le rouleau de papier tout chiffonné.

- Je voudrais que vous le recorrigiez.

Dans un concours d’impolitesse, Cecilia savait prendre les devants rapidement. Devant sa mauvaise humeur manifeste, j’ai choisi de passer outre.

- On peut regarder la correction ensemble, si tu le veux.

J’ai rapidement regardé la note : 85% avant les fautes.

- C’est pas mal, 85%, non?

- C’est parce que je n’ai PAS eu 85% mais 55%! 55% monsieur! C’est ri-di-cule. Mon travail vaut plus que ça!

- En effet, dis-je. Il vaut 85%. Mais tu as fait… laisse-moi regarder… 93 fautes! Compte-toi chanceuse qu’il n’y ait que 30% de la note alloués aux fautes! Selon moi, 93 fautes, ce devrait être un zéro automatique.

J’avais déjà eu ce débat avec des collègues. À mon arrivée au cégep, j’enlevais un pour cent par faute, sans limite. 100 fautes = 0% avant même d’évaluer le reste. Disons qu’après la surprise initiale, les étudiants se forçaient un peu pour ouvrir leur dictionnaire. D’ailleurs, à l’époque, une évaluation de moi sur Internet me traitait de «bitch» à la correction. J’en étais pas peu fier! Mais les collègues m’ont fait comprendre (lire : m’ont obligé à comprendre) qu’un maximum de 30% pour les fautes était la règle. Je suis encore convaincu que c’est un maximum ridicule et qu’un étudiant qui fait 120 fautes ne mérite pas la même note que celui qui en fait 30, et surtout ne mérite pas de passer un cours de français de niveau collégial (pas secondaire : collégial!). Mais non, on fait passer à 70% des étudiants qui ne savent pas chercher un mot dans le dictionnaire, qui accordent des adjectifs au pluriel en y ajoutant -ent…

- Oui, mais ma compo fait près de 900 mots. 93 fautes sur plus de 900 mots, ça signifie plus ou moins 90% de mots bien écrits, non?

Là, j’avoue que sa logique m’a scié.

- Ne joue pas à l’idiote. Tu sais bien que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.

- En plus, il y a plein d’endroits où vous écrivez que ça ne se dit pas, que la phrase est anagrammaticale…

- agrammaticale.

- C’est ça je disais. Pourtant, j’ai montré les phrases à des amis, et ils les comprennent.

- C’est pour ça que j’ai écrit agrammaticale et non incompréhensible.

- Mais si vous comprenez, il est où le problème?

J’ai regardé derrière elle. Aucune caméra, aucun moustachu pour crier «Surprise sur prise!» J’ai soupiré.

- Pour ce que je vois, on a un problème d’intercompréhension et qu’il n’y a pas de problème avec la correction de ce travail.

- Oui il y en a un : c’est pour cela que vous allez le recorriger! Je ne suis pas au cégep pour avoir des notes de 55%.

Euh…

- En effet, tu es au cégep pour… (j’ai faussement hésité) …apprendre!?

- Et pour avoir ma bourse d’excellence!

Voilà, on y était. La bourse d’excellence comme objectif pédagogique. L’apprentissage devenait secondaire.

- J’avoue que ta note ne t’aidera pas dans l’atteinte de tes objectifs pédagogiques, ajoutai-je, un rien railleur.

- C’est pour cela que vous allez recorriger mon travail. J’ai travaillé plus que n’importe qui pour ce travail, ce n’est pas juste que j’aie 55%.

- Tu sais, Cecilia, un travail scolaire, c’est comme une compétition d’athlétisme : ce n’est pas nécessairement celui qui s’est le plus entrainé qui finit premier.

Mon étudiante semblait me trouver vraiment étrange avec mes analogies à la con. Elle a choisi de l’ignorer et de continuer sur un ton faussement compatissant.

- Mais en même temps, je ne suis pas bête. Je sais qu’avec tous les étudiants que vous avez, vous n’avez pas le temps de bien corriger tous les travaux que vous recevez.

Houla… Volà qu’elle m’accusait de bâcler mon travail, de tourner les coins ronds.

- Tu sais, Cecilia, si tu veux une nouvelle correction, il y a une façon de le demander. Je te laisse deviner comment mais je te donne un indice : ce n’est pas comme tu l’as fait ce matin. Ensuite, si tu crois qu’une révision de notes s’impose, tu peux en faire la requête, la marche à suivre est indiquée dans ton agenda. Jusqu’ici, tout ce que j’ai entendu, c’est une fille frustrée de recevoir une mauvaise note qui, malheureusement, reflète la qualité de son travail. Ma seule recommandation est de te reprendre au travail final.

Elle semblait à peine décontenancée.

- Mais… Je n’ai jamais, JAMAIS eu de notes aussi basses en français au secondaire.

- Donc ce n’est pas ma correction le problème, mais bien celle de tes profs au secondaire.

- Il faut dire que c’était facile au secondaire, le groupe était super faible.

- Je te laisse en tirer tes propres conclusions.

Elle m’a regardé d’un air un peu dubitatif, toujours avec des éclairs de colère dans les yeux.

- Je crois qu’on a fait le tour de la question, ai-je ajouté pour conclure la discussion.

- Non, vous allez quand même recorriger mon travail.

- Quand tu me le demanderas, je verrai si je le ferai.

Sa mâchoire est littéralement tombée au sol.

- Mais je vous le demande depuis 20 minutes!

- Écoute Cécilia : je te laisse là-dessus. Tu réécouteras cette conversation dans ta tête chez toi. Puis la semaine prochaine, si tu veux encore une recorrection de ton travail, tu me la demanderas. Sur ce, il faut que tu partes, j’ai du travail. Des corrections que je n’ai pas le temps de bien faire, justement.

Le cours suivant, Cecilia ne m’a pas adressé la parole. Elle était assise juste devant moi et a passé les 3 heures du cours à me fusiller du regard. J’étais un canard au stand de tir. Sorry, nice try but no toutou.

Aux dernières nouvelles, Cecilia se préparait comme jamais pour son travail final. Je lui souhaite de tout cœur un 90%. Et si jamais elle l’obtient, je suis sûr qu’elle se dira que j’étais un mauvais prof.

Le pire, Cecilia. Le pire.

mardi 21 avril 2009

Les Misérables

On parle partout de l'interprétation de Susan Boyle ces temps-ci. Vous avez probablement vu la vidéo sur Youtube. Sinon, allez la voir ICI, je vous attends.




Alors? Ça vous met la larme à l'œil, non? Son interprétation de la chanson «I Dreamed a Dream» des Misérables vaut le détour, hein? Le vilain petit canard qui devient un cygne?
Pourtant…

Sur le coup, c'est ce que j'ai cru aussi. Puis, j'ai relevé la garde.

Au-delà de ce public qui crie et applaudit à tout rompre sans réellement écouter Susan Boyle (quelqu'un peut me foutre dehors cette culture criarde et insupportable?), quelque chose en moi grimaçait. Et ça se déroule avant que madame Boyle ne chante.

Tout le monde (du moins c'est ce que laisse entendre la caméra), nous compris, se moque de cette femme. Parce qu'elle ne rencontre pas les critères de beauté de notre société, qu'elle semble avoir le double de son âge et qu'elle nous aparaît légèrement abrutie et peu dégourdie, imbue d'une assurance démesurée et ingénue.

Il y a quelques semaines, on discutait des enfants souffre-douleur dans nos écoles, de leurs insoutenables bourreaux, de l'exemple que ces derniers tirent d'on ne sait où. Et voilà cette vidéo. Une femme qui chante Les Misérables devant une salle comble de bourreaux, avec des caméras de bourreaux, regardée par des millions de bourreaux. Comme métaphore, on ne peut mieux!

Bien qu'elle remportera probablement le premier prix à Britain's Got Talent, Susan Boyle ne mérite pas de gagner; elle a chanté comme des centaines de jeunes femmes en sont capables. C'est plutôt nous qui méritons de perdre. Nous et nos préjugés préhistoriques. Nous et notre petit rire moqueur. Nous et notre soudain intérêt pour cette dame qu'on a depuis toujours rejetée.

La prochaine fois qu'elle montera sur scène, j'espère qu'elle nous crachera au visage.

Depuis le temps qu'on le mérite.

jeudi 9 avril 2009

La Tague littéraire

J'ai toujours détesté jouer à la tague, et les tagues sur Internet, encore plus. Depuis le temps que je traîne sur le web, les gens commencent à le savoir et ne me la refile plus. Celle-ci, cependant, je prends la liberté de me la donner. J'ai lu avec grand plaisir les réponses des quelques blogueurs qui y ont répondu. Alors je me prête à l'exercice…

1. Plutôt corne ou marque-page ?

Je corne. Je marque-page. J'écartèle aussi. Je suis le bourreau des livres. Je n'ai pas de pitié pour les objets, aussi livresques soient-ils. J'aime les choses et les gens qui ont du vécu, des cicatrices, les dents jaunes. J'aime bien aussi les livres qui portent la marque d'autres lecteurs, comme des notes dans les marges, ne serait-ce que pour les trouver cons (ou géniaux!).

2. Un livre en cadeau ?

Mais qu'est-ce cette question? J'ai beau essayer, je crois que je ne pourrais être ami avec quelqu'un pour qui le livre ne peut être un cadeau.

3. Lis-tu dans ton bain ?

Nah. J'aime pas avoir les mains hors de l'eau et je ne connais pas de livre qui lévite…

4. As-tu déjà pensé à écrire un livre ?

Oui. C'est pas une surprise pour personne. Avec un peu de chances et beaucoup de travail (j'en suis aux corrections), il y en aura un premier bientôt…

5. Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ?

Tant que ce n'est pas une sauce qu'on étire ou une recette répétée à des fins commerciales, je ne vois pas le problème. C'est quand même mieux qu'un condensé du livre dans les Sécrétions de lectures indigestes…

6. As-tu un livre culte ?

Oui. Des livres auxquels je retourne quand j'ai perdu confiance en l'humain, que j'ouvre au hasard, que je lis deux minutes ou pendant des heures. Je ne nommerai qu'un titre (parmi tant…) parce qu'il n'est malheureusement plus disponible (depuis 20 ans…): Apparence de Jacques Boulerice, mon initiation à la nouvelle et à la poésie, le livre qui sert encore aujourd'hui d'inspiration pour les textes plus littéraires de ce blogue.

7. Aimes-tu relire ?

Peu. Ça me lasse. Sauf pour la poésie. Là, j'y reviens toujours. Comme pour un dictionnaire, mais pour les émotions.

8. Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimés ?

C'est comme rencontrer un grand athlète. J'y vois peu d'intérêts. Soit ils sont décevants, soit ils sont trop impressionnants. Quand j'en rencontre, ensuite, immanquablement, ça teinte mes lectures. Je déteste.

Malgré cela, mes intérêts, mon boulot, ce blogue et mes anciennes habitudes alcooliques m'ont amené à en côtoyer quelques-uns qui sont aujourd'hui de très bons amis.

9. Aimes-tu parler de tes lectures ?

Oui et non, je ne sais pas. J'adore en entendre parler. Mais en parler… J'ai la digestion trop lente pour éructer de bonnes réflexions immédiatement après une lecture.

10. Comment choisis-tu tes livres ?

Premièrement: la couverture. Je suis attiré par les couvertures blanches et sobres comme celles de Leméac, de POL et de Septentrion - Hamac. Trop de couleurs me rebutent. Les couvertures de best-seller anglo-saxons me lèvent le cœur.
Deuxièmement: le titre.
Troisièmement: la première page.
Quatrièmement: si le livre passe avec succès toutes ces étapes, je m'en remets au hasard et je lis une page au centre du livre, n'importe laquelle.

Mais avant tout cela, j'avoue me laisser influencer par les critiques littéraires. Chantal Guy, entre autres, me ferait lire Harry Potter si elle en parlait en bien…

11. Une lecture inavouable?

Je ne vois pas laquelle. J'assume tout.

12. Des endroits préférés pour lire?

Nah. Partout me va: bar, balcon, bibliothèque. Sauf dans les autobus. Ça me donne le mal du transport (je sais, ce n'est pas fort pour quelqu'un qui a lu des livres sur un voilier en plein cœur de l'Atlantique… Question de paysage, j'imagine).

13. Un livre idéal pour toi serait ?

Avec de pages.

14. Lire par-dessus l’épaule ?

Non. Par pur égoïsme. Je n'aime pas partager mes lectures quand je lis. Ce sont MES mots ou TES mots. Pas de garde partagée possible ici.

15. Télé, jeux vidéos ou livre ?

J'avoue ne pas être très jeux vidéo. Sinon, euh… Je suis livre ET télé.

16. Lire et manger ?

C'est quoi le problème (sinon pour Dame V)?

17. Lecture en musique, en silence, peu importe ?

Silence ou bruit, mais pas de musique. Sinon, c'est comme imposer une trame sonore à un film. Et s'il y a de la musique, il ne faut pas que les chansons soient en français, sinon c'est imposer un texte au texte... L'anglais me dérange pas. Mon cerveau ne le distingue pas de la bombarde, alors…

18. Lire un livre électronique ?

Je ne sais pas, je n'ai jamais tâté le livre électronique. Mais je serais tenté de dire papier. Pour l'odeur, la texture, l'illusion d'une plus grande permanence.

19. Le livre vous tombe des mains : aller jusqu’au bout ou pas ?

Non. Je n'ai aucune misère à abandonner une lecture qui m'ennuie. Il y a trop de trucs à lire pour m'emmerder avec un livre. Je pose alors le livre sur la pile des inachevés (elle est haute!) Parfois, après plusieurs années, je reviens à une lecture ennuyante et je me surprends à la trouver incroyablement forte… je ne suis pas toujours prêt voire mûr pour tout affronter.

20. Qu’arrive t-il à la page 100?

S'il arrive quelque chose de spécial, je soupçonne la recette et je deviens méfiant…

21. Un livre que tu donnerais à ton pire ennemi?

Voir question deux.
Je ne donne pas de livre à un ennemi. Je ne tiens pas à l'instruire.



Voilà. Je ne donne la tague à personne. Je la laisse ici. Prenez-la si elle vous intéresse…