mardi 21 avril 2009

Les Misérables

On parle partout de l'interprétation de Susan Boyle ces temps-ci. Vous avez probablement vu la vidéo sur Youtube. Sinon, allez la voir ICI, je vous attends.




Alors? Ça vous met la larme à l'œil, non? Son interprétation de la chanson «I Dreamed a Dream» des Misérables vaut le détour, hein? Le vilain petit canard qui devient un cygne?
Pourtant…

Sur le coup, c'est ce que j'ai cru aussi. Puis, j'ai relevé la garde.

Au-delà de ce public qui crie et applaudit à tout rompre sans réellement écouter Susan Boyle (quelqu'un peut me foutre dehors cette culture criarde et insupportable?), quelque chose en moi grimaçait. Et ça se déroule avant que madame Boyle ne chante.

Tout le monde (du moins c'est ce que laisse entendre la caméra), nous compris, se moque de cette femme. Parce qu'elle ne rencontre pas les critères de beauté de notre société, qu'elle semble avoir le double de son âge et qu'elle nous aparaît légèrement abrutie et peu dégourdie, imbue d'une assurance démesurée et ingénue.

Il y a quelques semaines, on discutait des enfants souffre-douleur dans nos écoles, de leurs insoutenables bourreaux, de l'exemple que ces derniers tirent d'on ne sait où. Et voilà cette vidéo. Une femme qui chante Les Misérables devant une salle comble de bourreaux, avec des caméras de bourreaux, regardée par des millions de bourreaux. Comme métaphore, on ne peut mieux!

Bien qu'elle remportera probablement le premier prix à Britain's Got Talent, Susan Boyle ne mérite pas de gagner; elle a chanté comme des centaines de jeunes femmes en sont capables. C'est plutôt nous qui méritons de perdre. Nous et nos préjugés préhistoriques. Nous et notre petit rire moqueur. Nous et notre soudain intérêt pour cette dame qu'on a depuis toujours rejetée.

La prochaine fois qu'elle montera sur scène, j'espère qu'elle nous crachera au visage.

Depuis le temps qu'on le mérite.

jeudi 9 avril 2009

La Tague littéraire

J'ai toujours détesté jouer à la tague, et les tagues sur Internet, encore plus. Depuis le temps que je traîne sur le web, les gens commencent à le savoir et ne me la refile plus. Celle-ci, cependant, je prends la liberté de me la donner. J'ai lu avec grand plaisir les réponses des quelques blogueurs qui y ont répondu. Alors je me prête à l'exercice…

1. Plutôt corne ou marque-page ?

Je corne. Je marque-page. J'écartèle aussi. Je suis le bourreau des livres. Je n'ai pas de pitié pour les objets, aussi livresques soient-ils. J'aime les choses et les gens qui ont du vécu, des cicatrices, les dents jaunes. J'aime bien aussi les livres qui portent la marque d'autres lecteurs, comme des notes dans les marges, ne serait-ce que pour les trouver cons (ou géniaux!).

2. Un livre en cadeau ?

Mais qu'est-ce cette question? J'ai beau essayer, je crois que je ne pourrais être ami avec quelqu'un pour qui le livre ne peut être un cadeau.

3. Lis-tu dans ton bain ?

Nah. J'aime pas avoir les mains hors de l'eau et je ne connais pas de livre qui lévite…

4. As-tu déjà pensé à écrire un livre ?

Oui. C'est pas une surprise pour personne. Avec un peu de chances et beaucoup de travail (j'en suis aux corrections), il y en aura un premier bientôt…

5. Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ?

Tant que ce n'est pas une sauce qu'on étire ou une recette répétée à des fins commerciales, je ne vois pas le problème. C'est quand même mieux qu'un condensé du livre dans les Sécrétions de lectures indigestes…

6. As-tu un livre culte ?

Oui. Des livres auxquels je retourne quand j'ai perdu confiance en l'humain, que j'ouvre au hasard, que je lis deux minutes ou pendant des heures. Je ne nommerai qu'un titre (parmi tant…) parce qu'il n'est malheureusement plus disponible (depuis 20 ans…): Apparence de Jacques Boulerice, mon initiation à la nouvelle et à la poésie, le livre qui sert encore aujourd'hui d'inspiration pour les textes plus littéraires de ce blogue.

7. Aimes-tu relire ?

Peu. Ça me lasse. Sauf pour la poésie. Là, j'y reviens toujours. Comme pour un dictionnaire, mais pour les émotions.

8. Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimés ?

C'est comme rencontrer un grand athlète. J'y vois peu d'intérêts. Soit ils sont décevants, soit ils sont trop impressionnants. Quand j'en rencontre, ensuite, immanquablement, ça teinte mes lectures. Je déteste.

Malgré cela, mes intérêts, mon boulot, ce blogue et mes anciennes habitudes alcooliques m'ont amené à en côtoyer quelques-uns qui sont aujourd'hui de très bons amis.

9. Aimes-tu parler de tes lectures ?

Oui et non, je ne sais pas. J'adore en entendre parler. Mais en parler… J'ai la digestion trop lente pour éructer de bonnes réflexions immédiatement après une lecture.

10. Comment choisis-tu tes livres ?

Premièrement: la couverture. Je suis attiré par les couvertures blanches et sobres comme celles de Leméac, de POL et de Septentrion - Hamac. Trop de couleurs me rebutent. Les couvertures de best-seller anglo-saxons me lèvent le cœur.
Deuxièmement: le titre.
Troisièmement: la première page.
Quatrièmement: si le livre passe avec succès toutes ces étapes, je m'en remets au hasard et je lis une page au centre du livre, n'importe laquelle.

Mais avant tout cela, j'avoue me laisser influencer par les critiques littéraires. Chantal Guy, entre autres, me ferait lire Harry Potter si elle en parlait en bien…

11. Une lecture inavouable?

Je ne vois pas laquelle. J'assume tout.

12. Des endroits préférés pour lire?

Nah. Partout me va: bar, balcon, bibliothèque. Sauf dans les autobus. Ça me donne le mal du transport (je sais, ce n'est pas fort pour quelqu'un qui a lu des livres sur un voilier en plein cœur de l'Atlantique… Question de paysage, j'imagine).

13. Un livre idéal pour toi serait ?

Avec de pages.

14. Lire par-dessus l’épaule ?

Non. Par pur égoïsme. Je n'aime pas partager mes lectures quand je lis. Ce sont MES mots ou TES mots. Pas de garde partagée possible ici.

15. Télé, jeux vidéos ou livre ?

J'avoue ne pas être très jeux vidéo. Sinon, euh… Je suis livre ET télé.

16. Lire et manger ?

C'est quoi le problème (sinon pour Dame V)?

17. Lecture en musique, en silence, peu importe ?

Silence ou bruit, mais pas de musique. Sinon, c'est comme imposer une trame sonore à un film. Et s'il y a de la musique, il ne faut pas que les chansons soient en français, sinon c'est imposer un texte au texte... L'anglais me dérange pas. Mon cerveau ne le distingue pas de la bombarde, alors…

18. Lire un livre électronique ?

Je ne sais pas, je n'ai jamais tâté le livre électronique. Mais je serais tenté de dire papier. Pour l'odeur, la texture, l'illusion d'une plus grande permanence.

19. Le livre vous tombe des mains : aller jusqu’au bout ou pas ?

Non. Je n'ai aucune misère à abandonner une lecture qui m'ennuie. Il y a trop de trucs à lire pour m'emmerder avec un livre. Je pose alors le livre sur la pile des inachevés (elle est haute!) Parfois, après plusieurs années, je reviens à une lecture ennuyante et je me surprends à la trouver incroyablement forte… je ne suis pas toujours prêt voire mûr pour tout affronter.

20. Qu’arrive t-il à la page 100?

S'il arrive quelque chose de spécial, je soupçonne la recette et je deviens méfiant…

21. Un livre que tu donnerais à ton pire ennemi?

Voir question deux.
Je ne donne pas de livre à un ennemi. Je ne tiens pas à l'instruire.



Voilà. Je ne donne la tague à personne. Je la laisse ici. Prenez-la si elle vous intéresse…

samedi 4 avril 2009

Un Tas de niaiseries

L’avantage des déménagements est qu’on retrouve des trucs oubliés sous la poussière. Parfois ces trucs vont directement sur le trottoir, alors que d’autres fois, on se demande comment on a pu oublier ces précieux trésors si longtemps (un peu comme les vieux amis qu’on retrouve sur Facebook. Menfin, je m’égare…) Toujours est-il que je suis tombé sur une vieille boîte de photos. Un tas. Quelques centaines. Rien de classé, aucun album. Je n’ai jamais eu d’ordre.

Tout s’est alors suspendu. Je me suis vu projeté dans mon passé, en désordre, à 5, à 28, à 16 ans. Des photos parfois décolorées, parfois en noir et blanc. Des photos d’amis, de parents, de moi. Seul sur certaines, avec un faux sourire, parfois avec un vrai, ou avec des amis - les meilleurs du monde à l’époque - et des blondes pour lesquelles j’aurais fait des kilomètres nu sous la neige il y a 25 ans et dont je me souvenais du nom qu’avec peine aujourd’hui.

Je me suis souvenu des activités de l’époque, de mes niaiseries, de mes rêves, de mes opinions. Et c’est en souriant (et en soupirant un peu) que je me suis dit que j’étais don’ niaiseux autrefois. J’ai remis le couvercle sur cette boîte avant de la ranger.

J’espère que dans une vingtaine d’années, quand je tomberai par hasard sur un fichier égaré de photos numérisées de 2009, je serai capable d’en dire autant.