mardi 31 août 2010

Vieux Mégot

J'attends l'autobus en regardant le temps passer. Près de moi, un jeune tente de tirer ce qu'il reste de nicotine d'un bout de cigarette qui ne lui dépasse pas des doigts. Ses aspirations sont vaines. D'une chiquenaude, il l'envoie au centre d'une rue qui a l'habitude de recevoir des mégots plus longs, du moins c'est ce que laisse croire l'opulence des maisons du quartier.

Une voiture ralentit à peine pour faire son arrêt obligatoire. À bord, une jolie jeune fille aux longs cheveux blonds, peut-être une de mes futures étudiantes, est assise près d'un homme que j'imagine être son père à voir la gueule qu'elle lui fait. Je me dis que l'âge de cette dernière tranche drôlement, près de ce vieux grisonnant. Je souris. Puis je soustrais l'âge de la fille du mien. La voiture a depuis longtemps disparu de mon champ de vision quand je ramène mon regard à mes pieds. Dans la rue, le mégot a cessé de fumer.

Je regarde l'heure. L'autobus n'arrive pas. J'arriverai à la maison plus tard que d'habitude ce soir.

jeudi 12 août 2010

Pluie, pluie, jolie pluie (air connu)

La routine matinale de Dame V. débute invariablement par une lecture attentive de la boule de cristal des météorologues de Météo Média. Pour une raison que j'ignore, leur manque d'acuité au delà des 12 prochaines heures me rassure. Je ne regarde donc jamais leurs prédictions, me contentant des comptes rendus que me sert ma douce par dessus le café, comptes rendus que je sale chaque fois. Alors, quand elle m'a dit, le ton en deuil, qu'ils annonçaient pluie, orage et temps frais pour notre semaine en camping en montagne, j'ai répondu «On verra bien.»
Et on a bien vu.
Orages soudains, vents frais, pluie quotidienne et nuits d'octobre nous ont accueillis les bras ouverts. Il y a quelques années, on aurait fait contre mauvaise fortune bon coeur, on aurait lu, on aurait sorti le Scrabble et le Boggle, on aurait joué à la pétanque dans nos sacs de couchage (l'aire de jeu est moins grande mais l'objectif reste le même: la boule la plus près du cochonnet marque un point…) mais c'était avant les enfants, et cette fois, le plus jeune se tient à peine debout. Alors se lever chaque matin sur un terrain boueux, près d'un lac à l'eau constamment rafraîchie par le déluge de la nuit précédente n'aidait pas à trouver les journées courtes.
Comment faire comprendre à un enfant d'un an qu'il ne peut passer une semaine à 4 pattes dans la boue? Comment lui expliquer qu'il peut jouer sur la plage mais pas dans le lac quand il fait froid? Comment lui faire comprendre qu'on ne peut mettre tout ce qu'il trouve dans sa bouche (un tamia rayé, passe encore, mais je ne suis pas spécialiste des champignons…) Comment expliquer à une fillette terrorisée par toutes (toutes!) les bêtes à 4 pattes qu'une mouffette ne passe pas son temps à pisser sur les campeurs, qu'un raton laveur ne nous grignote pas les pieds, et qu'on peut rester assis près du feu même si ces bêtes là se promènent dans le bois autour? Comment leur faire comprendre que se réveiller la nuit et de ne pas voir sa main tant il fait noir, c'est normal?
Mais bon, je grogne, je grogne, mais il a fait beau. Vers 10h, le matin du troisième jour. Ma fille et moi nous sommes précipités au lac pour louer une embarcation pour profiter des rayons sur l'onde. À ma grande surprise (lire déception!), ma fille choisit le pédalo alors qu'hier encore elle voulait le canot. Je laisse mon permis de conduire (je crois que j'ai le permis nécessaire pour les pédalos de moins de 500 kilos) au comptoir de location, je paye le prix (exorbitant) pour une heure de location (misère… une heure!), on grimpe sur le quai et… il se met à pleuvoir. On attendra 20 minutes que le nuage passe, puis on s'installe pour pédaler. Ma fille trépigne de joie puis se tait. Après 3 minutes de silence, elle me dit: «Je suis tannée…» On s'entendait, je commençais à l'être aussi.
Le froid de la nuit suivante et les nouvelles (mais identiques) prévisions météo ont eu raison du peu d'entrain qu'il nous restait, Dame V et moi. On a plié bagage.
Revenus à la maison, la vie nous a paru d'une simplicité sans nom. Depuis notre retour, les sourires sont détendus, les blagues fusent, on invite des amis à manger.
Pas à dire, les vacances, ça repose.

dimanche 8 août 2010

En attendant que je vous raconte nos beeeeeeeelles vacances en camping...

Les enfants font plusieurs jeux de mots, souvent par ignorance du mot juste, parfois à leur insu. Puis tout à coup...

Alors que son petit frère l'embête par une présence disons... importune, Romane me regarde et le décrit en riant:
«Clovis est un envahi-frère!»



Je sais, je l'ai déjà dit, c'est ma fille! J'en suis pas peu fier!