dimanche 30 décembre 2007

Attention, je vous lis...

«[...] j'en ai ras le bol des donneurs de leçons [...]»
Richard Martineau
Journal de Montréal du 20 décembre 2007

Ça doit être plate, s'écoeurer soi-même...

samedi 29 décembre 2007

Un Cadeau pour Sophie

Merde. Pourquoi je n’attire que ce genre d’hommes? J’en ai assez de ses remarques idiotes, de ses oeillades gluantes, de sa langue qui lèche ses lèvres. Au début, ses remarques m’agaçaient peu. Je me disais que c’était quand même moins pire que de travailler chez un concessionnaire automobile. Mais avec le temps, la vente de voitures usagées gagnait du gallon.

Pourtant, je ne suis pas laide ni idiote. D’accord, je ne suis pas ingénieure mannequin bio-médicale, mais bon. Je ne suis pas grosse, pas maigre, je n’ai plus vingt ans mais je tiens la forme, je n’ai pas d’enfants, pas de dettes, pas de gros problèmes. Il est peut-être là le hic!: je n’ai rien, je ne suis rien. Dans un sens, c’est plus facile que de savoir ce que l’on est... Je sais ce que je veux cependant: un chum, des enfants, une famille… Et un char, une hypothèque en campagne, un BBQ, des fins de semaine en auberge, des soirées à deux devant un film plate, des renflements suivis de ronflements... Je veux me sentir vivre, merde! On dit qu’au début de la trentaine, les femmes sont à l’apogée de leur sexualité! J’exige d’en profiter!

Pour me faire sauter, je peux me débrouiller sans trop de problèmes. Mais la tendresse? Me faire bercer au petit matin? Me faire glisser des mots doux à l’oreille APRÈS la baise et non devant une bière à trois heures moins quart du matin? Sentir autre chose qu’un parfum simili Calvin Klein Dollorama et du fond de tonne sur le corps d’un homme? J’aimerais ça moi aussi me plaindre à mes copines que mon mâle met trop souvent des bas blancs. Et que ces bas blancs ne vont pas dans la même brassée que ses jeans. JE VEUX UN HOMME! Un vrai! Qui oublie de baisser le siège de toilette quand il n’a pas tout simplement oublié de le relever...
Mais l’amour me boude et ma vie sexuelle se résume depuis longtemps aux allusions perverses de Decon. Je les tolère parce qu’elles viennent avec la job. Un avantage verginal que j’ai bien tort de rejeter du revers de la main selon mon amie Sophie. D’accord, il a un minimum d’allure, ce Decon. La jeune quarantaine, un visage régulier, des yeux un brin vifs, le cheveu pas trop rare, pas d’embonpoint. Rien pour faire la une de GQ mais rien de repoussant. Il fait cependant un peu trop attention à lui à mon goût: vêtements griffés, chaussures brillantes, teint de salon de bronzage. Il se l’aime, à ne pas en douter. Le genre à se masturber devant un miroir. Plastiquement et platement sans défaut. Pas d’imperfections auxquelles s’agripper. Son seul attribut qui me fait fondre: ses mains! Des mains lourdes et légères, sans trop de poils, sans alliance. Des mains à réconfort les jours de pluie, des mains à faire ramollir la plus frigide, des mains à faire jaillir des sources au milieu des pires déserts. Mais aucun royaume n’est né de deux mains seules, surtout quand celles-ci sont accompagnées d’une bouche qui ne devrait pas s’ouvrir... Il devrait y avoir une loi contre ce genre de mauvaise filiation.

Sophie ne cesse de me répéter d’en profiter, de ne prendre que le meilleur et de me sauver avec. Il ne suffirait que d’occuper la bouche pour ne pas qu’elle anone. Moi, je serais incapable de ne pas gifler.

***

Ce matin, Decon a mis les bouchées doubles. Les cuisses de sauterelles ont succédé aux poitrines de poulette. Les compliments pleuvaient grassement. Comme à l’habitude, je maudissais sans mot dire. Il devait croire que mes joues rouges reflétaient une pudeur froissée, cet imbécile. Il finit par finir, non sans me glisser à l’oreille «Si t’es pas sage, le père nouelle aura des cadeaux pour toi…» Clin d’oeil, chick chick dans la joue, regard de ouaouaron. Au-se-cours! Je n’en peux plus. Il faut que ça cesse, quitte à perdre mon emploi. Il faut que je trouve les mots justes, la phrase qui l’obligerait à arrêter, la réplique qui le laisserait coi.
Vers les seize heures, il s’est enfermé dans son bureau pour faire quelques appels. Sûrement pour prendre un rendez-vous chez l’esthéticienne. C’était le moment d’intervenir. L’école était pratiquement déserte. Personne pour nous entendre. On aura toute la place pour s’envoyer paître. J’espérais seulement trouver les mots qui lui cloueraient le bec.

J’ai frappé trois coups secs, trois coups cliché, sans imagination, à son niveau. Trois coups au centre de la porte, juste au dessous de la petite plaque bleue sur laquelle était inscrit Christian Decon, directeur. Et je suis entrée, sans attendre une réponse.

La tête un peu inclinée, le regard planté dans le sien, j’ai refermé la porte avec mon corps, sans délicatesse, sans rudesse. La porte a confirmé sa fermeture par un clic sec. Puis j’ai dit à Decon:
- Je voulais vous dire, monsieur le directeur : c’est bientôt Noël et je ne serai pas sage...

C’est Sophie qui sera contente.

mardi 25 décembre 2007

Attention, je vous écoute...

Au lit, alors qu'elle soupire parce qu'elle ne peut s'endormir:
«J'haïs ça: je ne sais plus où mettre mes yeux...»
Dame V.

(Moi, je les mets toujours au même endroit, ne serait-ce que pour ne pas les chercher le matin venu...)

samedi 22 décembre 2007

Les Ex

- Ça y est, j’ai écrit une lettre d’adieu à mon ex.
Sans lâcher des yeux le verre qu’il remplissait de bière sous la pompe, Alex a dit à Marc:
- Il était temps. Ça fait quoi? Six, sept ans qu’elle est ton ex!?
- Na… Ça fait six ans qu’on s’est laissés et nous sommes sortis ensemble cinq ans. Ça fait donc onze ans qu’elle est mon ex.
- Tu calcules comme un boulier corse ou quoi?
- Ce sont les Chinois, les bouliers, monsieur le barman.
- C’est ce que je disais.
Marc a pris une gorgée puis a posé sa bière sur le zinc afin de souligner l’importance des explications qui allaient suivre.
- Une fille, dès que l’on sort avec, c’est une ex. La preuve en est qu’on dit tous : «quand on sortait ensemble, mon ex faisait gnagnagna...» Mais, au moment où cette fille faisait gnagnagna, moment auquel on fait référence, on sortait avec elle. Il faudrait dire «ma blonde faisait gnagnagna». Pourtant, on dit «ex». CQFD.
Devant cette philosophie, Alex avait ce regard qu’ont les poissons frits. Marc en a profité pour polir le tout.
- Ainsi, elles sont toutes des ex. Même celle qui est dans ton lit. Mais ne lui dis pas… Je sais pas pourquoi, elles aiment pas ça ce genre de discussions…
Alex fixait toujours Marc, l’air ahuri, puis, sortant de sa torpeur, il s’est frotté le nez en jetant:
- À ce que je vois, Marc, t’es un grand romantique… Dis, tu réfléchis toujours de même ou tu fais un extra pour moi? L’alcool doit te reposer...
- En effet. D’ailleurs, je me sens un brin surmené, là. Je prendrais bien une petite relaxation en bouteille, por favor…
- Tu verras, celle-là aussi sera une Ex avant même de te quitter...

lundi 17 décembre 2007

Adieu, Marie-Anne!

Je ne sais lequel des deux a cessé d’aimer l’autre en premier. N’empêche qu’un jour, j’ai senti que je devais partir, que j’avais vécu ce que j’avais à vivre.

Après avoir tout mis en boîtes, après avoir tout emballé, j'ai regardé les pièces éviscérées de cet appartement où j'ai vécu tant de rires et tant de larmes, où j'ai connu tant de nouvelles amitiés et de nouvelles amours, des petites et des grandes, des qui-auraient-pu, des qui-n'auraient-jamais-dû, et un entier. Ce vieux logement aux mille défauts et aux mille charmes aura vu naître, par dessus tout, ma fille.

Ce curieux six-pièces sera désormais une ère-charnière.

C’est avec une étrange nostalgie que j’ai mis la clé sous le paillasson de ce vieux rafiot hanté par la grosse folle d’en bas.

Ici, dans mon nouveau port, les planchers sont droits, les murs sont lisses, et je nage dans l’espace. J’ai même un sous-sol digne de recevoir, et l’hiver n’entre plus au travers les planches.

Ça me prendra quelque temps pour que tout cela ait une âme, que ça devienne chez moi, chez nous. D’ici là, quand je verrai des photos de ce vieil appart, je me demanderai longtemps quel couple nous aurions formé si nous étions restés ensemble.

mercredi 5 décembre 2007

Pas de Noël, bonne Noël...

Un brin dans le jus ces jours-ci.
Le jus de nez (Ah! l'hiver...) et le jus de notre déménagement. Eh oui, nous, on déménage sous la neige en plein milieu décembre! Heureusement, on va à 2 coins de rue d'ici.

Pour vous faire patienter, je vous laisse avec quelques image de Dame V et moi dans une... sapinière! Ils y plantent 100 000 sapins par année, en coupent 80 000, tous pour le marché américain...

Comme quoi la magie de Noël, ça se cultive!