vendredi 17 août 2012

Chroniques de Péribonka - troisième partie

Mes enfants n'ont pas encore vu la mer, mais ils ont vu la plage de Vauvert, ce qui n'est pas loin (sans sarcasme aucun ici). Et pour faire vraiment côte est, il y a des restants de partys de la veille qui trainent ça et là, sans compter le brillant qui vient se baigner en roulant avec son Jeep jusqu'à 2 mètres de l'eau. Mais l'eau est plus chaude qu'à Old Orchard.

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Partout où nous sommes allés, jamais nous ne nous sommes fait regarder de travers parce que nous avions des enfants. La grande bloque le chemin parce qu'elle est dans la lune? Le petit court partout? Il n'y a pas de problème là. Ici, avoir des enfants, c'est normal. Ça fait changement du plateau.

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Au dépanneur barre oblique épicerie barre oblique station-service de Péribonka, on trouve pas mal de denrées, et si vos papilles ne sont pas trop exigeantes, pratiquement tout. On y trouve aussi le Devoir, pourtant introuvable du temps que j'habitais la pointe Saint-Charles. Ce n'est pas parce qu'on cultive la patate que...

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On aurait dû prévoir un budget spécial pour les bleuets au chocolat des pères trappistes. On s'est limité à une boîte par jour. Dures, les vacances...

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À la caisse du dépanneur barre oblique etc., les gens du coin commandent ce qu'ils veulent quand ils ne le trouvent pas en tablette. La caissière barre oblique commis barre oblique réceptionniste sort son stylo, prend en note la liste, le nom et le numéro de téléphone du client. Avant de raccrocher, elle promet que la commande arrivera le lendemain. La grosse épicerie n'est pourtant pas si loin, mais ici, le temps se prend. Et quand on regarde couler la Péribonka, le yogourt nature 2% peut bien attendre.

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Quelques personnes nous disent de ne pas aller au zoo de Saint-Félicien parce qu'il n'y a pas de girafe ou d'éléphant. Il faut savoir que ce zoo se spécialise en animaux de la Boréalie, qui peuvent donc vivre à de telles latitudes. Je ne trippe pas zoos (mais bon, j'ai des enfants...) mais cette simple «spécialisation» tombe sous le sens et me rassure. Et à voir le nombre de petits qui y sont nés cet été (tigre, yack, ours, etc.), les animaux semblent s'y plaire. Nous aussi, on s'y est plu.

Plusieurs fois, dans les guides explicatifs, le zoo nous rappelle que l'Homme fait partie des espèces animales, qu'on fait partie de l'écosystème. On dit «Ben oui, 'eul sais» mais bon.

Dans le bâtiment à l'accueil, on y parle des Montagnais. On y voit une autochtone en habits traditionnels, et la même en robe d'aujourd'hui. C'est con, mais ça m'a frappé à quel point on voit toujours des plumes sur la tête des Amérindiens, comme si on leur refusait toute modernité.

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Avant-dernière journée. Fête de (ma belle-)famille. On est sur le 8 rang de Sainte-Jeanne-d'Arc. On doit être une centaine. Les enfants courent partout, flattent les poneys, appellent les moutons. Quelques personnes de l'endroit portent le carré rouge.

En fin d'après-midi, je pars seul dans le champ, je filme juste pour me rejouer le chant des grillons une fois revenu en ville. Un peu d'espace en bouteille.

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Au retour des vacances, ma belle-mère nous a préparé de la soupe aux gourganes. Je n'en avais jamais goûté. C'est un peu gris-brun, rien de très hop la vie. Mais j'ai beaucoup aimé. Je regrette de ne pas m'être arrêté dans un de ces rares restaurants-maisons qui en offraient. Avouons que la personne chargée de trouver les noms des aliments au menu des tables québécoises a dû échouer son cours de marketing (la semaine sur le nom de produit accrocheur): ragout, poutine, guédille, gourgane...

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Bref, au lac Saint-Jean comme partout, il faut prendre le petit chemin à côté de la route principale, il faut s'arrêter au resto qui a l'air de rien, il faut surtout s'arrêter quand on trouve que c'est beau. Même parfois là où ce l'est moins.


samedi 11 août 2012

Chroniques de Péribonka - seconde partie

Trouver un bon restaurant à Dolbeau, sans guide local, est un peu difficile. Comme tout nous semblait du pareil au même, on énumère aux enfants les choix que l'on voit. Ils choisissent Mikes. Ça nous apprendra.

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En apéro, mon plus jeune choisit un jus de pomme. Quelques minutes plus tard, la serveuse revient en nous disant (je cite): «Notre jus de pomme a des mottons». La serveuse est comme notre chalet : accueillante, chaleureuse, mais la finition est à revoir.

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Aux supermarchés de Dolbeau et de Mistassini, en plein coeur du pays des «beleuets», en plein festival des «beleuets», les bleuets viennent des États-Unis. Des gens en achètent. Dans le stationnement, personne ne les attend pour les lapider. Nous sommes un peuple vraiment trop pacifique.

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Au chalet, comme veilleuse pour les enfants, on laisse une faible lumière allumée dans la salle de bain. Une heure plus tard, des milliers d'insectes obstruent la petite fenêtre de la pièce, attirés par la lueur. Jamais je ne comprendrai cette attirance obsessionnelle. S'ils aiment tant la lumière, pourquoi ne deviennent-ils pas diurnes? Certains aiment se compliquer la vie.

Ça me rappelle qu'il y a longtemps que j'ai pris des nouvelles de certains amis.

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Au lac Saint-Jean comme ailleurs, c'est quand on quitte la grande route qu'on découvre les plus beaux paysages. Mais parfois, il faut aimer la machinerie rouillée comme décoration de jardin.

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On quitte la 169 pour entrer dans Sainte-Jeanne-d'Arc. Ce village a un peu d'Açores dans sa beauté surannée et de Finlande dans son isolement nordique. On se rend au 9e rang (à tout le moins à ce qu'il en reste) où, il y a longtemps, a grandi mon beau-père. De la maison de son enfance, de son école, des bâtiments de ferme ne subsiste rien, ni murs ni fondations. Le bois a repris ses droits partout. Il faut imaginer toute une vie au travers les descriptions qu'il nous fait. On marche jusqu'à une cascade où il se baignait jadis, en terres redevenues vierges. Silence. On est avant la colonie. On est Montagnais.

Les champs de mon enfance ont disparu sous un développement immobilier «homogène» en réponse à l'appel du toujours plus. Les siens sont redevenus ce qu'ils avaient toujours été et nous confirment que nous sommes bien peu. Il y a un je-ne-sais-quoi d'apaisant.

jeudi 9 août 2012

Chroniques de Péribonka - première partie

Je reviens d'une semaine de vacances au lac Saint-Jean. Péribonka, pour être précis. On y a loué un petit chalet face à la rivière, adossé à un champ de patates, sans télé ni Internet. Seule l'apparition des pancartes électorales sur les poteaux m'a rappelé l'actualité. J'avais oublié qu'il y aurait une campagne électorale. Des 2 campagnes, j'avais choisi la mienne.

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Dès qu'on quitte Montréal, le nombre de Can-Am Spyder sillonnant les routes est impressionnant. L'intérêt pour cette moto à 3 roues m'intrigue. Pour l'ex-motard que je suis, l'idée de conduire ce véhicule me semble aussi palpitante que celle de pédaler sur ça doit l'être pour un cycliste. 

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Pour s'y rendre, on doit traverser «le Parc», le parc des Laurentides. Près de 200 kilomètres de route en pleine forêt qu'un seul arrêt «civilisé» vient briser: l'Étape. Cette dernière se résume en fait à une station d'essence hors de prix et à un restaurant où l'on n'a pas risqué notre estomac. Dans l'immense stationnement de garnotte, un ramassis de gars en camisole et de filles aux cheveux «teindus» rouges, la cheville tatouée. J'étais l'étranger. Je me faisais vieux aussi.

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Quand on sort du parc, la soudaine vue des terres déboisées et cultivées fait presque mal.

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J'aime bien l'accent du lac. S'il était accompagné d'un expresso digne de ce nom, je crois que je pourrais l'adopter. Mais trouver un café digne de ce nom au pays du bleuet est un défi digne des sondes nasales (c'est comme ça qu'on dit «de la NASA», non?) sur Mars.

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Alma. Il y a un Tim Horton's aux 2 coins de rue. Et chaque fois, il y a 5 voitures dans le stationnement et 16 autres en ligne pour le service au volant. Nous sommes loin du pays des Bixi. Nous, on se stationne chez McDo, on prend la météo par wi-fi sans descendre de la voiture, et on repart sans rien manger. À Rome, on fait comme les Romains, et au pays de la route, on s'offre le service à l'auto, mais pour Internet. Notre intégration n'est pas encore entière.