mardi 30 décembre 2008

Bilan (première partie)

Temps des Fêtes, temps des souhaits, temps des listes de cadeaux, des soupers, des amis à voir, des résolutions. Temps de clore 2008, de fermer la boucle. Temps des bilans, quoi.

On compte, on cumule, on ressasse. On jauge les succès, on mesure les échecs. Certains des uns sont devenus des autres, et de futurs transfuges ne sont pas impossibles.

Voici quelques items. La liste est incomplète, je l'allongerai plus tard.

Crise économique:

La pire depuis celle de 29. Plusieurs explications possibles:
- Quand une baisse des PROFITS de 20 à 18 milliards par trimestre est une mauvaise nouvelle qui conduit à des mises à pied massives, on se dit que le système a quelque chose de pourri…
- Quand un gars change de voiture aux 2 ans, d'ordi à chaque année et de cellulaire aux six mois, il est difficile de lui demander de consommer plus;
- L'inconvénient avec la formule «Achetez tout de suite, payez dans un an», c'est qu'un jour, on est un an plus tard;
- Facebook.

Montréal perd sa course de Formule 1:
Les (H)uns y perdent une belle occasion de dépenser des milliers de dollars pour voir des voitures tourner en rond, des craques de seins siliconés sur Crescent et des homards crier «Yeah!» «Number one!» et autres rots bruyants en se renversant de la bière dessus. Les autres y gagnent paix, qualité de vie et quelques jours libres pour créer un 347e festival montréalais.

Élection de Barak Obama:
Pour la première fois, plus de Canadiens rêvent d'être Américains que le contraire.

Ré-élection de Stephen Harper:
Pour la seconde fois, plus de Canadiens rêvent d'être Américains que le contraire.

Ré-élection de Jean Charest:
Malgré tout, les Québécois semblent les seuls à vouloir rester (devenir?) Canadiens…

L'ADQ trébuche aux élections:
Personne ne montre le moindre désir de l'aider à se relever.

Dumont démissionne:
Il faudra faire passer la signification du D dans ADQ de Dumont à… euh… démocratique?

Québec solidaire réussit une percée:
La mieux peignée des deux têtes est élue. La gauche québécoise aura maintenant droit à 2 questions par six mois en chambre, mais à une immense et sympathique couverture médiatique. Un tout petit pas pour l'Homme,...

Une coalition fédérale tente de renverser le gouvernement:
Ce qui se fait partout ailleurs depuis belle lurette survient finalement au Canada. Plusieurs crient bravo, plusieurs crient au scandale. On réveille la gouvern(ante) générale en panique: saura-t-elle faire autre chose que des «beu-byes»? Puis arrive la vidéo de Dion…

Stéphane Dion démissionne:
En l'entendant annoncer son départ, tout le monde soupire de soulagement, comme quand un enfant, après neuf mauvaises réponses de suite, donne la bonne à l'énigme: quelle est la couleur du cheval blanc d'Hector?

Sarkozy laisse tomber les Québécois:
Ce n'est pas la première fois que les Français laissent tomber les indépendantistes québécois. Heureusement, cette fois, les Québécois ne tombent pas de haut. Pour se venger, ils songent à surfinancer la formation de nouveaux chanteurs à voix que le Québec continuera à envoyer en France…

Le prix du pétrole connaît une hausse spectaculaire:
Les gens pensent à vendre leur VUS essaient l'autobus, tâtent le covoiturage... On vire au vert, il y a de l'espoir…

Le prix du pétrole connaît une baisse spectaculaire:
Les gens gardent leur VUS et remettent l'avenir de la planète à plus tard (sans réfléchir si plus tard il y aura).

Jeux olympiques de Pékin:
Tout le monde est tenté par un boycott de ces jeux offerts par une nation qui ignore souvent les droits de l'Homme, torture ses prisonniers, use de la peine de mort, envahit sauvagement des pays, mésinforme sa population pour mieux la manipuler et sous-paye sa classe ouvrière. Puis on se dit que finalement, ce pays ressemble drôlement aux États-Unis, mais en plus joli.

vendredi 26 décembre 2008

Attention, je vous écoute...

«Elles font tellement de bruit que tu peux les entendre à l'oeil nu.»
Dame V.

dimanche 21 décembre 2008

Père... Noël

Quand arrivent les jours sombres, on se dit qu'on ne nous y reprendra plus.

Aujourd'hui, 16 semaines sont maintenant complétées. Alors je laisse ma fille vous l'annoncer:

«Moi, je vais avoir une soeur (prononcé "saâeuw"), mais le monsieur (i.e. l'obstétricien) dit que c'est un frère (prononcé "frââèr")...»

Rendez-vous: début juin 2009.

mardi 16 décembre 2008

Un Irakien dans le besoin

Ces derniers jours, tout le monde médiatique n'en a que pour Montazer al-Zaïdi, le journaliste irakien qui lança ses chaussures à la tête de Bush dimanche dernier, à Bagdad.

J'aurais personnellement espéré que le tout se déroule par chez nous: une paire de raquettes est plus difficile à esquiver...

Mais là n'est pas mon propos.

Quand on regarde la vidéo, quelques secondes avant que les chaussures ne volent bas (il va pleuvoir), on voit le premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, faire quelque chose...
Regardez bien à 4 secondes au début de la vidéo.



C'est moi, ou bien il «secoue» Bush?

jeudi 11 décembre 2008

Attention, je vous écoute...

Parlons politique avec Simon-Pierre Diamond de l'ADQ, en entrevue à l'émission Christiane Charette du 14 novembre 2008.


Le jargon...

«(...) t'arrives sur le marché du travail, il faut que tu achètes un véhicule, il faut que tu achètes a peu près tout ce que tu existes, (...)»
(Ce que j'existe coûte si cher! J'ai hâte au boxing day...)

«(...) un système d'éducation qui tombe en délabres(...)»
(Système dont il est issu, sans doute.)


... et une vision (ce n'est pas une faute, mais juste une citation combien agréable à écouter et réécouter...)

«On est 41 élus... maintenant 39 (...) et c'est très difficile de déloger un député élu.»
(.!.)

dimanche 7 décembre 2008

Mstislav - Dernière partie

Il entreprit alors de m'expliquer sa théorie sur ce qui sépare la femme munie d'une sableuse d'un plancher aux qualités de fesses de nouveau-né.

- Le plaisir de les femmes, c'est changer ce qu'elles ont. Elles ont formidable visage? Elles maquiller. Elles ont maison? Elles changer couleurs les mours. Les femmes aimer changer les choses. C'est pour ça que dans l'amour, les femmes préférer les… comment dire… мошенник…

Je devinai où il voulait en venir et je traduis sa pensée.
- Voyou? Brute? Bandit?

- Ha! Ha! Tout cela, da! Les femmes aimer voyous parce qu'elles aimer pouvoir changer voyou. Plous elles ont choses à changer, plous elles sont heureuses. Mais jour venir où les femmes obliger d'affronter vérité: мошенник rester мошенник, malgré cravate et rasoir avec cinq lames.

Je trouvais amusante sa petite réflexion, mais je voyais mal en quoi elle s'appliquait aux planchers. Mstislav comprit qu'il devait aller plus loin dans ses explications.

- Écoute, Dâniel. Pour sabler plancher, il faut aimer plancher. Moi, j'aime les femmes, la vodka, et les planchers. Je pouvoir connaître les gens en regarder son plancher. Personne pouvoir sabler plancher si pas amoureux de plancher. Travail trop dour et trop ennouyant sinon. Mais il y a plancher qu'on pouvoir pas sabler: trop cire, trop colle, trop clou, trop n'importe quoi. Et il faut savoir dire: ce plancher pas pour moi. Si femmes sabler plancher, elles sabler n'importe quel plancher, sourtout les planchers n'importe quoi.

Mstislav s'arrêta brusquement sur cette parole et se renfrogna d'un coup, perdant en une seconde tout l'entrain qu'il semblait avoir retrouvé. Il regarda la surface de la cuisine, à moitié claire, à moitié noire.

- Je… J'avoir mal jougé le plancher. Il n'êtrait pas pour moi. Comme femme, je penser être capable de changer son natoure. Mais natoure être profond. Trop difficile. Je briser mon dos, je briser ma machine, je briser mon moral.

Une main sur sa ceinture, Mstislav se frotta longuement les arcades sourcilières avec le pouce et l'index. Il semblait être en proie à un terrible dilemme intérieur qui dura quelques secondes. Puis, il lança, sans me regarder:

- Mais je ne pouvoir briser mon répoutation.

Sans gêne, il sortit sa flasque de vodka, la but d'un trait et expira un long haaa! comme s'il se libérait d'un formidable boulet. En remettant la flasque dans sa poche, il dit en souriant:

- Toi savoir que femmes coûter cher…

Le grand Russe me fit signe de la main de m'écarter. Et au moment de remettre en marche la sableuse, Mstislav ajouta tout bas:

- Il y va avoir soupplément.

jeudi 4 décembre 2008

Déménagement Alain Tremblay - [ajout 2011: Maintenant Déménagement Diplomate, Déménagement Diplomate, Déménagement Diplomate]

Désolé pour cette longue pause, nous sommes déménagés cette fin de semaine.

[ajout - 1 an et demi plus tard] Déménagement Alain Tremblay - Déménagement Alain Tremblay - Déménagement Alain Tremblay

[ajout - janvier 2011] Depuis 2010, ils ont changé de nom pour Déménagement Diplomate - Déménagement Diplomate - Déménagement Diplomate. Nouveau nom, mêmes plaintes... 

[ajout - mars 2012] On me souffle à l'oreille que Déménagement Diplomate ait changé de propriétaire en janvier dernier. Les nouveaux propriétaires semblent bien au courant des énormes dommages que l'ancienne compagnie a causés à ses clients et prétendent offrir un meilleur service (ce qui n'est pas difficile). J'espère que c'est le cas! Si vous avez fait affaire avec la nouvelle version de Déménagement Diplomate (soit depuis la mi-janvier 2012), n'hésitez pas à commenter ci-dessous, que votre expérience soit heureuse ou malheureuse. 

(j'utilise ici un truc (la répétition des mots-clés) pour que les recherches Google aboutissent sur cette page...) À lire les expériences similaires (voire pires!!) dans les commentaires suite à ce billet (et ici, sur MonAvis.ca), je juge important que le public sache à qui il aura à faire s'il appelle Déménagement Alain Tremblay.

Samedi dernier, les déménageurs que nous avions réservés depuis plus d'un mois se pointent chez-nous à l'heure prévue. Jusque là, tout baigne. Mais devant la quantité astronomique de boîtes (je suis un glaneur à la limite du supportable, je sais...), ils décident de revenir quelques heures plus tard avec un plus gros camion. Et ils partent...
Pour ne jamais revenir!!!!

On appelle la compagnie à moult reprises: chaque fois, on nous jure qu'une équipe sera chez-nous dans 30, voire 45 minutes.

5 heures plus tard, on attendait toujours et comme on est à la fin du mois, aucune autre compagnie de déménagement ne peut venir à notre secours...

18h55, on rappelle (pour la 4e fois) Déménagement Alain Tremblay. Devant notre désarroi, l'homme au bout du fil nous promet de faire enquête et de nous rappeler dix minutes plus tard. Comme le téléphone n'avait toujours pas sonné à 19h10, je rappelle et tombe sur une nouvelle voix qui me dit qu'elle vient de commencer son quart travail et que son collègue, à qui j'avais parlé, a fini le sien à 19h...

Si on avait de sérieux doutes avant, maintenant on en est certains: on a à faire avec des trous du...

On appelle partout pour un camion et quelques paires de bras, mais nous sommes à la dernière minute et le seul moment de libre pour bouger nos boîtes est trois jours plus tard.

Jusqu'à ce qu'on tombe sur nos sauveurs qui sont venus le lendemain matin... Avec un camion qu'aurait pu conduire mon amie Sandra.

Tout s'est finalement rendu à bon port.

Il nous reste donc à tout décartonner. Mais je ressens un peu de lassitude là...

***

Appelez Déménagement Alain Tremblay si vous aimez l'aventure et faire rire de vous.

[ajout] LISEZ les expériences de clients lésés, dupés, volés par ces voyous. Et ça, ce n'est que ceux qui prennent la peine de le dire, et ce blogue n'est pas hyper populaire... Ça vous laisse une idée du nombre de personnes volés (le mot n'est pas trop fort) par ces «déménageurs». N'hésitez pas à appeler la police s'ils vous menacent et surtout, portez plainte à l'Office de protection du consommateur.

Nos sauveurs, diligents, professionnels et sympathiques : Transport Matton.

vendredi 28 novembre 2008

Mstislav - Troisième partie (de... quatre, tiens!)

J'aurais parié qu'en m'apercevant, Mstislav se serait ressaisi maladroitement et aurait rougi de malaise. Mais le grand Slave se rua plutôt dans mes bras pour se faire consoler. À cause de sa carrure et à cause de ma surprise, je pouvais à peine lui donner de petites tapes empathiques dans le dos. Sa musculature n'avait d'égal que ma surprise. Entre deux sanglots, Mstislav me dit:

- Je souis désolé, Dâniel…
- …
- …
- Désolé de quoi, Mstislav?
- Je ne pouvoir pas… finir… sabler plancher!

Puis Mstislav hoqueta de nouveaux pleurs puis se calma.

- Je fais plancher depouis 20 ans. C'est première fois que je fais comme oune femme.

Je ne pus retenir un haussement de sourcils empreint de surprise.

- Que veux-tou... veux-tu dire?

Il resta silencieux, la tête sur mon épaule. Je tentai de l'obliger à se redresser en repoussant ses épaules mais j'étais forcé d'admettre que j'étais sous sa masse, à sa merci. Heureusement qu'il comprit mon malaise et qu'il se releva.

Mstislav sembla revigoré par ma question et quelques secondes plus tard, il eut été impossible de deviner que cet homme pleurait à chaudes larmes sur sa machine quelques minutes plus tôt.

- Vous avez déjà vou oune femme sabler plancher, Dâniel?

Je regardai mon plancher de cuisine et dus admettre que c'était le premier que je faisais sabler. Il m'était donc impossible de savoir si des femmes avaient pour gagne-pain le métier poussiéreux qu'exerçait mon géant pleurnichard.

- En effet, je n'ai jamais vu de femme sabler de plancher. Peut-être est-ce parce que le travail est physiquement trop exigeant pour elles?

Mstislav parut me trouver très drôle et il se montra heureux de mon ignorance.

- Chez-moi, ma femme battre moi si je dis âneries comme ça, dit-il, moqueur.

J'essayai d'imaginer sa femme et honnêtement, j 'eus un frisson.

samedi 22 novembre 2008

Mstislav - Seconde partie (de trois)

Mstislav revint 10 minutes plus tard avec une énergie nouvelle. Sans dire un mot, il reprit son poste derrière l'engin. Au moment où il mit le contact, je crus constater un éclat nouveau dans ses yeux et il me sembla que sa rosacée avait légèrement augmenté. J'attribuai cela à la probable rasade de vodka qu'il avait dû se glisser dans le gosier pendant sa pause puis j'allai vaquer à d'autres occupations pendant qu'il entreprenait la seconde moitié du plancher de cuisine.

Comme pour la première moitié, son travail fut entrecoupé de moult pauses où le Russe parlait au parquet de plus en plus fort. Au quatrième arrêt, Mstislav se mit à vociférer si fort que je n'osai sortir du salon de peur de ne pas y revenir vivant.

- Что вы, дорогой любви, я зайду ромашки песни птиц! Мы будем делать детей в поле цветы цвет ваших глаз!
(Étant donné que ce blogue se veut de bon goût - et qu'accessoirement, je ne comprends rien du russe - je n'ai pas transcrit fidèlement les propos entendus…)

Mstislav continua à engueuler ce que je supposai être le plancher pendant trois minutes avant de tranquillement s'essouffler et de repartir la sableuse. Mais la machine se tut quelque secondes plus tard et laissa place à un lourd silence. Ce silence dura longtemps, si longtemps que je crus nécessaire d'aller voir à la cuisine ce qui s'y passait.

Quelle ne fut pas ma surprise de trouver le géant slave le front appuyé sur ses avant-bras, pleurant silencieusement de grosses larmes qui lui dessinaient des coulées propres sur ses joues couvertes de poussière. Je restai paralysé, muet, à quelques mètres d'un homme empreint d'une incroyable peine, trop loin pour le consoler mais trop près pour faire semblant de n'avoir rien vu.

mardi 18 novembre 2008

Mstislav - Première partie

Avant d'ouvrir la porte, je regardai ma montre: 9h pile. L'homme faisait honneur à sa réputation de ponctualité parfaite. Je reconnus tout de suite l'accent slave avec lequel j'avais pris rendez-vous quelques jours auparavant.

- Bonnjhour, Dâniel. Je souis Mstislav. Je souis ici pour plancher de couisine.

Ma main droite se perdit alors dans une immense paluche qui, en d'autres temps, aurait pu étrangler trois Kazakhs d'une seule poigne, puis, je me collai au mur pour laisser passer cette masse de muscles slaves qui traînait derrière elle une sableuse à plancher de près de 200 kilos comme si c'était un sac de golf.

Une fois dans la cuisine, l'homme s'agenouilla, flatta les lattes noircies par des années de prélart, puis renifla le plancher dans une position rappelant la prière musulmane. Je souris discrètement devant l'amusant manège. Mstislav resta dans cette position étrange suffisamment longtemps pour que j'en ressente un léger malaise. Au moment où je me décidais de partir dans une autre pièce pour laisser le Russe à sa méditation, il lança d'une voix forte mais posée:

- Chêne. 80 ans. Prélart depouis 50 ans. Peu colle. Beaucoup cire. Plous de travail. Au moins oune heure avant couche.

Il inspira puis laissa tomber, comme si c'était dans l'ordre normal des choses:

- Il y va avoir soupplément.

J'étais incapable de saisir si c'était une blague, une menace, une promesse ou un simple constat. Sans attendre une réponse de ma part, il posa un masque sur son visage, brancha la bête chromée qu'il avait rentrée avec lui, se sangla à elle, l'enligna avec les lattes, et fit basculer l'interrupteur. Le bruit et la poussière me chassèrent et je lassai le colosse à son ouvrage.

Depuis le salon, j'entendais la sableuse arrêter et repartir à intervalles réguliers. Pendant chaque silence, j'entendais l'homme parler doucement en russe, comme s'il dialoguait avec le plancher. Soudainement, il cria:

-Dâniel!

Je sortis de mon refuge. Dans un nuage de poussière de bois, l'homme était appuyé sur son engin maintenant recouvert d'une poudre beige.

- Je vais aller boire, dit Mstislav en toussotant. Pour poussière, précisa-t-il. Je revenir vite et poursouivre travail. Puis il sortit par la porte arrière.

Un peu moins de la moitié du plancher avait été sablée et sa nouvelle allure me confirmait que j'avais fait le bon choix, mais les 90 minutes qu'avait exigées le sablage de la première moitié de la surface n'annonçait rien de bon quant à la somme au bas de la facture que me tendrait bientôt le Russe.

samedi 15 novembre 2008

...

Désolé pour les longues pauses entre les billets. Entre les journées de boulot, je prépare notre nouveau chez-nous. Eh oui: deuxième déménagement en moins de 12 mois. La joie. Ce devrait être le dernier pour quelque temps, par contre.

D'ici le déménagement, il reste une tonne de trucs à faire, ne serait-ce que pour avoir un évier de cuisine. Je sais, vous allez dire que je suis délicat et j'ai un besoin formidable de luxe, mais j'ai jugé qu'un évier de cuisine serait bien. Un bout de comptoir aussi. Une vraie castafiore, je suis.

Il reste aussi de la peinture à étendre sur les murs, ce qui serait pas mal facile si ce n'était de ces foutues moulures partout. Des kilomètres de découpage.

Et je ne vous parle pas de la plomberie bouchée, du toit usé, du plancher à dénuder, à sabler et à vernir... En moins de deux semaines, la pizzeria reconnaît ma voix au téléphone, le resto du coin sait combien de crème dans mon café (noir!) et le quincailler est devenu mon confident. Même le gars qui a fait mon plancher est devenu mon ami Facebook, c'est dire...

Alors ceci: vous patientez un brin jusqu'à ce que je me sois installé, ou vous venez m'aider et vous patientez pareil jusqu'à ce que je sois installé.

C'est votre choix.

**


Je ne vous oblige à rien.


**





Il me reste 2 pinceaux...



**









J'disais ça d'même...

mardi 4 novembre 2008

En cette première journée de l'été des Indiens (pas l'été indien, M.Dassin, l'été DES Indiens), comment trouver la vie moche?

Dans mon nouveau quartier, tout est plus lent qu'à l'endroit où je vivais (où je vis encore pour quelques jours) avant: les gens y marchent lentement, les ouvrier font la pause sur le trottoir, même le temps se prend.

À un jet de pierre de mon nouveau chez moi, il y a un petit resto de rien. Une porte, une grande fenêtre, une enseigne peinte à la main. Même pas sur une rue commerciale. Je m'y assois pour un deux-œufs-tournés de fin d'avant-midi. La serveuse appelle la cuisinière en lui criant maman et elle connaît le prénom des deux petits vieux assis au comptoir. Sur un tableau au mur, le menu du jour: une soupe aux légumes ou bœuf et orge, du pâté chinois ou des bâtonnets de poisson, et du pouding chômeur ou du pouding au riz. Dans le frigo, entre le Pepsi et le 7up, un gâteau on ne peut plus maison avec un glaçage blanc décoré de petits bonbons de toutes les couleurs comme ceux utilisés par notre mère à notre quatrième anniversaire. Un troisième vieux entre, salue les deux premiers et déroule son Journal de Montréal d'hier. Il commande du foie avec des oignons.

Je suis tout près, je pourrais presque le voir si je me dressais sur la pointe des pieds, et pourtant, je suis à des années-lumière du plateau.

Quelque part, sur Bellechasse, le temps se prend.

Vous n'avez pas idée à quel point je suis heureux.

dimanche 2 novembre 2008

Allons voir les bêtes

Picture this… (petit clin d'œil à Sophia, des Golden Girls, dont les vieilles croûtes comme moi se souviennent peut-être…)

Montréal
Automne 2008

Une boite de papier mouchoirs, un appareil photo, quelques paires de mitaines grandeur 3 ans, un petit autobus jaune.

Mission: Accompagner un groupe de 8 enfants de la garderie à l'Écomuseum de Sainte-Anne-de-Bellevue, petit zoo de faune locale fort sympathique.

Niveau de difficulté: doigts dans le nez, d'autant plus qu'on est 4 adultes pour 8 enfants. Mais le doigt dans le nez deviendra doigt dans l'œil…

Je serai en charge de ma fille et de Mohamed, le petit préféré à Romi. Tout va pour le mieux, il fait beau, il fait à peine frais, ça morve un peu, mais juste un peu.

Le voyage en autobus polaire (scolaire, Romi, sco-laire) se passe à merveille. Personne ne s'impatiente, personne n'est malade (sauf une petite d'un autre groupe, mais j'ignore en plaignant un peu son accompagnatrice) et je prie pour que ça reste ainsi.

Arrivés à destination, c'est la ruée vers la porte. Allez, vivement les loups, les ours, les renards, les lynx, les harfangs, la vie quoi, celle qui est à notre porte et que l'on ne voit jamais sauf couchée sur le flanc sur le bas-côté des routes.

Les portes s'ouvrent et ma fille crie de joie et entre les «C'est mon papa À MOI!» et les «Il est où le lion?», notre petit trio s'élance entre les enclos. Le gentil groupuscule va à la rencontre d'animaux tout droit sortis de leurs livres d'images. Bien sûr, les enfants crient un peu trop fort, mais ça respire le bonheur.

Bien sûr, le charme des harfangs, des pécans et des caribous, aussi musqué soit-il, s'épuise vite, et un se lance en criant dans les grilles alors qu'un autre part en courant dans la mauvaise direction. Puis un autre lambine alors que son compagnon en profite pour tester le goût du fil électrifié (heureusement - ou malheureusement - hors d'usage) autour d'un enclos. Les parents sont partout en nulle part, jusqu'au moment où un enfant lance ses mitaines dans l'enclos aux loups, ce qui ramènera tous les enfants jusque-là dispersés au même endroit à faire la même chose: lancer leurs mitaines là où les parents n'ont n'a jamais posé les pieds…

À 13h, moi et les autres parents étions de retour à la garderie pour y laisser les enfants le temps de la sieste. Et c'est avec une vaste admiration pour l'éducatrice que nous lui avons abandonné les 8 marmots.

***

Pour être bien franc, ç'aurait pu être une opération marketing pour demander une augmentation de salaire pour les éducatrices.

Elles m'auraient convaincu.

mercredi 22 octobre 2008

Superpapa!

Je partage ici un petit montage que j'ai reçu de mes amis Catherine et Alex.

Les deux premières cases appartiennent à Mon Petit Nombril (blogue fort sympathique). La dernière, en couleur, c'est vraiment moi, comme dans la vraie vie, pareil pareil, cape de rêves, muscles saillants, bassin dévastateur, et j'en passe (et des meilleurs).

Mais je dois vous quitter, le devoir m'appelle (et le collant m'irrite).

mardi 21 octobre 2008

Docte heure

Voilà des jours, que dis-je, des semaines que vous n'oeillez point de mes mots. Eh bien, sachez que je ne me cure pas les narines pour autant. C'est qu'ici, voyez-vous, des femmes se meurent.

C'est le festival de l'ite: l'amygdalite mythique pousse la laryngite dramatique qui précède l'otite de la petite, ce qui entraîne une succession de raclements, de toussotements, d'éternuements et de sommeils manquants. Malgré les médocs et les soins, rien de tout cela ne semble vouloir partir. Au microscope, ces petits indésirables doivent avoir la tête de Stéphane Dion.

Au milieu de la morve gluante, des larmes, de la sueur, de la bave et du pue guttural, survit, tant bien que mal, un homme. Moi. Docteur papa! Superpapaman! Capitaine Bactéria! Le Batman du taxi qui, entre clinique et hosto, ne dort que d'une oreille, guettant le moindre étouffement pour se lever en trombe et étendre la pommade, essuyer la goutte, ramasser l'apitchoum, rassurer les cauchemardées et administrer les antibiotiques sucrés. Et parfois, je l'avoue, je crois sincèrement que Dieu se trouve dans une bouteille d'Advil pour enfants. Dans la bouteille pour adultes aussi, mais elle est plus difficile à ouvrir à la noirceur, avec les flèches à enligner et tout et tout.

Au bureau, on m'offre le remède de grand-mère chose et de grand-tante truc, mais je ne me résous pas à l'oignon dans les bas ou à la vapeur de citron cloué de girofle. Alors j'endure.

Chaque jour, je vois les traits s'allonger, les cernes se creuser, l'irritation nerveuse me gagner, et je me demande comment font ceux qui ont la progéniture nombreuse, je me demande pourquoi devient-on volontairement infirmière, mère Térésa ou soigneur du Canadiens.

Mais un jour, ce sera mon tour. Je tomberai malade, je le jure. Ce jour-là, je gémirai (j'adore geindre et gémir quand je suis malade), et on me frictionnera à quatre mains, comme il se doit.

Et je suis sûr qu'il s'en trouvera une pour dire que les hommes sont don' moumounes…

lundi 13 octobre 2008

Aphorisme

Quand la grippe menace, il faut tenir le fort (idéalement du gros gin).

samedi 11 octobre 2008

CSST

Tout le monde parle de cette pub de la CSST.

Elle fesse.


Dominic Arpin en parle sur son blogue. Je transcris ici ma réponse à son billet. Désolé pour le décousu de l'affaire...


C’est étrange que tous ceux que cette pub énerve soient des gens qui pratiquent des métiers très peu physiques, voire intellectuels. Demandez au monde d’usine, aux gens de la construction, à n’importe qui qui travaille un tant soit peu physiquement, ils vous diront que c’est la réalité, leur réalité, et ils vous raconteront une histoire d’horreur qu’ils ont vue.

On regarde tous des vidéos 100 fois pires, des films où l’on tue 20 personnes à la demi-heure, des jeux vidéos où l’on tire tout le monde, mais quand on parle de la réalité, on joue la vierge offensée? À d’autres…

Eh bien, c’est qu'on ne côtoie pas ça tous les jours. Devinez il y a combien de personnes au Québec qui font un travail où ils pourraient se blesser voire mourir sans un minimum de sécurité? Sortez de votre bulle, les gars! Des accidents du genre, il y en a à la tonne chaque année. Et non, ils n’arrivent pas dans les studios de photos, devant la caméra à la télé ou dans une de mes classes de grammaire. Et je crois que c’est important que tous le voient. La pub montre un accident dans une usine, mais ce qu’elle montre vraiment, c’est qu’il faut faire attention. At large.

Oui, la pub est «choc». C’est le but. Faire réagir. Faire réagir du monde blasés par la violence que la télé, le cinéma et tutti quanti offrent chaque jour. Alors on fesse. Des gens MEURENT dans des accidents bêtes. Des gens se font broyer une main parce que le patron refuse de mettre un bouton rouge pour économiser 100$. Et des gens qui perdent pied et qui tombent tête première dans un broyeur de roches, ça arrive (je pourrais vous donner des noms pour chacun de ces exemples…) C’est la réalité. Et vous seriez surpris du nombre de victimes de ce genre d’accidents chaque année au Québec.

Votre réaction, c'est-à-dire demander de réserver ces pubs à la formation du personnel d'usine, c'est demander de cacher les pubs d'accidents de voiture de la SAAQ sous prétexte que vous prenez le bus. Cette réaction est exactement celle qu'on reproche aux gens «ordinaires»(sic) quand ils disent se foutre des coupures aux artistes, quand ils disent qu’on en parle trop partout, que ce n’est pas leur monde.

Je ne suis pas fâché, je suis juste p'us capable d’entendre des gens (que j’estime en plus) dire que c’est dérangeant et que ça ne devrait pas être montré.

C'est dérangeant! Ça serait bien le «boutte» si ce ne l'était pas! D’ailleurs, si on en parle, c’est que le but est atteint.

Bon, j’vous laisse, je retourne regarder des IGnobel sur You Tube…

mardi 7 octobre 2008

Tempus Fugit vous dites?...


J'en ai très peu parlé quand il a été publié, je ne sais trop pourquoi, mais ce petit recueil de nouvelles composées par 11 blogueurs (dont moi!) est un petit un petit bijou du genre…

En ces temps de coupures dans les subventions aux artistes, voici un bel objet (il est vraiment joli!) fait à l'oeil, pour l'oeil.

L'idée (tout comme les photographies et tout le travail d'édition) est de la photographe Makuramis.

Le livre est présenté au salon Blogs et livres de Paris cette fin de semaine. Je n'y serai malheureusement pas, mais si jamais il y en a parmi vous qui passent par là…


Les horaires de signature sont
- samedi 11 de 14h à 18h
- dimanche 12 de 14h à 17h30

Le lieu de signature est :
Mairie du XIe
12, Place Léon Blum
75011 Paris - France.
Métro : Station Voltaire

Sinon, il n'est jamais trop tard pour vous le procurer ICI...

dimanche 5 octobre 2008

Attention, je vous écoute...

«J'ai hâte d'avoir fini de teinturer mon plancher.»
Martin Rondeau

jeudi 2 octobre 2008

Un Lent Gage de succès

Une des plus grandes maîtrises de l'humanité restera le langage. Parlez-en à n'importe quel parent: après des mois de devinettes et de spéculations sur la source des pleurs de son enfant, le jour où celui-ci répond à la question: il est où le bobo? il n'y a pas à dire, ça libère.

Mais avec la maîtrise de la parole vient d'autres acquis nécessaires qui ne se font malheureusement pas au même moment, et je cite: la politesse.

Je redoutais depuis quelque temps une remarque du genre «Regarde le monsieur: il est LAID!», ce qui ne manquerait pas de m'arriver. Puis un jour, à l'épicerie, alors que j'hésitais tranquillement entre le crémeux et le croquant, mon lézard pointe une dame tout près et lance:

- Papa? Regarde la dame: elle est GROSSE!

Mes neurones de survie se mettent à pédaler mais, paresseux, comme des cons, ils me disent «Ignore et va-t-en!». Docile, j'obéis, j'ignore et je m'en vais. C'était sans compter sur l'insistance de ma fille qui me crie:

- Papa! REGARDE! Elle est TROP GROSSE!
(on travaillera la distinction du «très» et du «trop» un autre jour)

J'ai laissé tomber le projet d'épicerie.

On s'est fait venir du poulet toute cette semaine-là.

J'ai été des jours à craindre le pire et à éviter les gros, les laids, les barbus, les musclés, les gros seins, les petits seins, les vieux,… Bref, je ne suis pas sorti de la maison avec la petite qu'en cas d'extrême nécessité. Et un jour, inévitablement, mes craintes se sont dissipées…

On se promenait, tranquille, et, alors que je n'avais rien fait à personne, on croise une dame. Mais quelle dame: une grosse femme noire drapée de tissus jaune serin et coiffée d'une énorme bande de tissus orange qui lui monte jusqu'à trente cm au-dessus de la tête. On aurait dit le soleil lui-même qui marchait vers nous. La petite m'a regardé, tout sourire, et a tendu le doigt vers la dame…

-Regarde papa!!

J'ai murmuré «Non non non non noooonnnnnnn….»

-PAPA! REGARDE!!

Vite! Une distraction… J'ai regardé autour, mais trop tard, la petite poursuivait:

-Regarde la dame: une PRINCESSE!

Il fallait voir les dents blanches de la dame briller dans son visage d'ébène!

Quand je vous dis que le langage est une de plus belles maîtrises de l'humain…

samedi 27 septembre 2008

Adieu M. Newman!


C'était le dernier tour de piste de l'acteur pilote. L'inoubliable Kid, Butch Cassidy, Reggie Dunlop n'est plus. Il était partout, jusque dans nos salades!

Désormais un immortel.

mercredi 24 septembre 2008

Bureau

C'est dans la mouvance actuelle: les blogueurs exposent leur antre, leur bureau au grand jour. Comme je suis un suiveux, voici le mien...

Et avant que vous me posiez la question et malgré ce que mes étudiants en pensent: oui, je me retrouve.

Menfin, la plupart du temps...

jeudi 18 septembre 2008

Donnez-leur du gâteau...

Ce soir, à la télé, il y avait ce documentaire sur des réfugiés au Darfour. Juste après, à la même chaîne, la comédie de situation «Grosse Vie» avec ses blagues prémâchées et ses rires en canne. Le décalage était énorme, mais pas autant que cette désagréable impression que mon argent n'allait pas au bon endroit.

mardi 16 septembre 2008

La vie est un long cours tranquille

Au début, on s'assoit sur le bureau et on parle de passions. Les yeux collégiaux s'ouvrent, plus intrigués par la fougue que par le contenu, usés qu'ils sont par l'usure. On ne se rend pas compte tout de suite qu'il mouillasse un brin, que déjà quelques gouttes minuscules tombent sur notre langue, une bruine de froide lucidité adolescente:
- C'est bien beau, mais à quoi ça sert?
- On peut faire de l'argent avec ça?
- Ça compte-tu?

Alors on renouvelle le contenant, on peaufine la métaphore, lisse la blague, mais on ne fait que modifier la mise en scène d'une pièce dont le propos n'intéresse personne. C'est ainsi que nos passions deviennent répétitions et que même sans rides, on devient aussi usés que les vieux de nos débuts, ces vieux auxquels on s'était pourtant juré de ne jamais ressembler.

On simplifie les concepts pour perdre le moins de gens possibles, on accepte que les étudiants comprennent à moitié, on se dit que 65% n'est pas si mal et on se surprend à bénir des temps anciens pourtant identiques, comme si on était meilleurs que ça.

Puis, alors qu'on ne l'attend plus, il y a cet étudiant qui sans mot dire, boit nos paroles, pose des questions pertinentes, finit ses travaux en moins de deux et, pour attendre le troupeau, en fait trois fois plus pour rien, pour le plaisir. Il n'est même pas boutonneux et a les cheveux propres en plus. Et, entre deux répétitions, alors que personne ne comprend rien à si peu, il nous souffle, un vague sourire aux lèvres et une petite étoile au fond de l'oeil, que visiblement, la matière dont on le nourrit manque de substance et qu'il aimerait bien en savoir plus.

La ligne se courbe, le flotteur rouge et blanc vient de disparaître sous la surface: ça mord!

Reste à ramener lentement vers soi, à tourner le moulinet sans rien brusquer afin de ne pas briser ce fil ténu entre la matière et lui.

Puis on se dit, malgré la pluie, qu'il y a des cours qu'il est bien de faire.

jeudi 11 septembre 2008

Méprise

La première chose que j'ai constatée, c'est un vélo par terre, en plein milieu d'une voie, coin Berri et Sainte-Catherine. Puis j'ai vu un homme étendu par terre entouré de deux policiers. Alors je badaude, je m'approche, pour voir les blessures, pour voir à quel point je n'y peux rien. Et je constate.

Je constate que le vélo est celui d'un policier. Je constate que l'homme par terre à le teint d'Amérique latine. Je constate qu'il n'est pas blessé mais maintenu au sol par de solides genoux légaux dans le dos qui le font grimacer de douleur, les mains bien attachées. Sans doute un voleur de sacs à main ou un petit revendeur de poudre. Je n'entends pas ce que les policiers lui disent à l'oreille, mais je soupçonne que ce ne sont pas des mots d'amour.

Circulez, il n'y a rien à voir.

Et les gens circulent, usés à ce genre de spectacle. Quelques-uns jettent des regards en biais dans lequel on peut lire «Sale petit caïd!», «Maudit immigré!» et autres «Bien fait pour toi!» Je reste un peu, pour voir, et je vois, et je me dis que ce n'est pas un boulot facile, revendeur de poudre. Ni policier.

Sur l'épaule des policiers, le haut-parleur du talkie-walkie crachent quelques mots que je n'entends pas. Les genoux se retirent. Un policier enlève les menottes au brigand à qui il jette nonchalamment quelques excuses. Ils l'aident à se relever, lui donne deux trois petites tapes ridicules dans le dos, lui disent qu'ils se sont gourés de gars, qu'il peut repartir, comme les pêcheurs font avec les poissons trop petits. Et l'homme déguerpit sans demander la monnaie, d'un coup qu'il y en aurait.

Les bras longs de la loi jettent un regard inquiet et rapide aux alentours. Peu de badauds, pas de caméra. Soulagement. Puis ils s'éloignent.

Circulez, il n'y a rien à voir.

Ce n'était qu'une méprise.

Que simple méprise.

Putain de routine.

mardi 9 septembre 2008

L'Essence de la connivence...

À la radio, on annonce le début du procès des détaillants d'essence dé-Magog et de Sherbrooke...

jeudi 4 septembre 2008

Le Roi se meurt - Cinquième (et dernière) partie

J'ai levé les yeux de l'échiquier et j'ai regardé Alexandre, l'air interrogateur.

- Tu peux pas juste dire hum hum entre mes phrases, montrer un peu d'empathie, quelque chose... Tu n'es pas un psy, tu es barman! Sois donc un barman normal deux minutes...

- Normal, normal... Je m'ajuste à la clientèle. De toute manière, après dix ans comme barman, on devrait obtenir un doctorat honoris causa en psychologie, en sociologie et en interprétation du sanskrit oral... Et comme pour un psy, ma clientèle est souvent d'une fidélité irréprochable.

- Mon ex ne devait sûrement pas être ta cliente!

Il a ri un peu. Pas moi. Il a enligné sa tour et sa dame. Ça ne sentait pas bon. Sans trop réfléchir, j'ai bougé une pièce. Il a rétorqué:

- Tout est question d'ivresse, vieux.

Je l'ai regardé, la tête baissée, les yeux dans les sourcils. En les reposant sur l'échiquier, j'ai soupiré:

- Ouain, je devais être pas mal saoul...

Il a ri encore. Cette fois-ci, je me suis trouvé un peu plus comique. Il a répondu:

- N'empêche que l'ivresse, c'est le B A ba de l'amour. Il faut que tu l'étourdisses, qu'elle se sente légère, qu'elle voit trouble, qu'elle soit saoule de toi.

- Saoule, saoule, big deal! Pompette, c'est drôle. Saoule quelques fois, c'est agréable. Mais tout le temps... Elle devient alcoolo, s'approche du delirium tremens, puis première nouvelle: elle s'imagine des trucs, elle invente des discussions... Pire: elle pète au lit! On étouffe vite dans ce genre de relation!

Sa dame a encore bougé et il a couché mon roi. Échec et mat. Encore une fois, je n'avais rien vu venir. Alexandre, le sourire en coin, a cogné son verre contre le mien encore sur le comptoir.

- Je devrais avoir un doctorat en échecs en plus...

Fier comme un paon, il est parti servir une table de pions avec le sourire du vainqueur. Deux pichets de Raftman et des shooters surmontés de crème fouettée qu'on boit sans les mains. Pas des pions du coin. J'ai pris une gorgée de Macallan. Ça m'a fait une petite douceur en dedans. Je devais me rendre à l'évidence: ce nectar m'était rendu essentiel. J'étais maintenant trop froissé pour perdre ce pli. Il fallait me résigner: j'allais mourir noyé dans le fond de mon verre à moutarde. Lentement. Mais je m'en foutais, je n'étais pas pressé.

Il était trois heures moins vingt. Encore quelques gorgées et je rentrerais. Je laisserais le grille-pain comme pourboire à Alexandre.

J'ai regardé autour de moi. J'ai souri. Pour les vingt prochaines minutes, j'étais encore le roi.

mercredi 3 septembre 2008

Le Roi se meurt - Quatrième (et avant-dernière) partie

J'ai avancé un fou qui aboyait plus fort qu'il ne pouvait mordre, sans véritable stratégie. C'était ma tactique anti-Deep Blue: agir en tout illogisme pour que l'adversaire se triture les méninges à comprendre la stratégie de mon absence de stratégie. Si c'était efficace contre un ordinateur, ce devait l'être contre un Russe... Alex changea de sujet, mais juste un peu:

- Ça fait longtemps qu'elle est partie?

On se disait les choses à moitié et on se comprenait tout de même complètement.

- Je ne sais plus, six ans. Sept peut-être. Je ne sais plus. J'ai arrêté de compter. Anyway, c'est toujours comme si elle était partie l'an passé.

J'ai laissé passé un ange avant de continuer.

- C'est idiot: j'ai quarante ans et je ne peux pas l'oublier, cette fille. Je suis comme un vétéran de guerre qui, sa vie durant, quêtera sur le coin de la rue, incapable de se refaire une vie normale après tout ce qu'il a vu, tout ce qu'il a vécu. Cette fille, c'est mon Viet Nam, ma Normandie. Quand elle m'a dit qu'elle me quittait, je pensais que c'était la fin du monde. Je n'avais pas prévu que ce serait pire après son départ. Hiroshima.

J'ai soupiré. Tout revenait toujours à Alice. Pourtant, ce que j'aimais de cette femme était devenu une idéalisation, un concept plutôt abstrait. Je passais ma vie à me rappeler qu'il fallait l'oublier... Tel un pompier qui a pour seul désir d'éteindre un feu dont il a besoin, car sans ce feu, il n'a plus rien à combattre, il perd sa raison d'être. J'en étais venu à entretenir, à nourrir ce que je voulais tuer.

J'ai avancé mon fou en C5. Légère pression sur les pions devant son roi. J'ai poursuivi:

- Il n'y a pas une semaine où je ne me dis pas au moins dix fois que j'aimerais qu'elle me voie faire tel ou tel truc, là, maintenant... Qu'elle me voie tout court, en fait.

Alexandre a pris mon fou avec sa tour, pas gêné le moins du monde de prendre une pièce a un grand irradié japonais. Après un court silence, il a dit:

- Et pourquoi tu voudrais qu'elle te voie? Que fais-tu de si extraordinaire qui mériterait que ses yeux se posent sur toi?

Je l'ai fusillé du regard. Pas une balle ne l'a atteint. Pourtant, c'était à bout portant. Je devais loucher. Il est resté debout, un oeil sur l'échiquier, un oeil sur les pions qui riaient trop fort derrière moi. Alexandre devait loucher aussi.

- Ben... Qu'elle me voie pour... Heu... Aaahhh... Tu fais chier, ai-je répondu sans retenu. Je ne sais pas. Pour rien. Pour tout. Pour mes nouveaux amis, mon nouvel appartement, ma nouvelle vie! Juste qu'elle voie que je ne suis pas un crétin.

Je lui ai pris un pion qu'il semblait avoir oublié en A6. Prise inutile, mais je voulais lui ravir une pièce, n'importe laquelle.

- Et qu'est-ce qui te dit que ton ex te voit comme un crétin?

mardi 2 septembre 2008

Le Roi se meurt - Troisième partie

Lentement, sûrement, discrètement, l'Asile est devenu mon repaire, un fort où je vais sans fard, et Alexandre, une sorte de psychothérapeute à indemnité liquide que je fréquentais sans rendez-vous, un ami qui savait attendre le réponses, comme ce soir-là où juste avant de faire mon tour quotidien à l'Asile, j'avais volé un grille-pain tout chromé à la quincaillerie. Pour rien. Parce qu'il était là. Parce qu'une voix comme celle de Tatoo, le nain de Fantasy Island m'a soufflé à l'oreille «Le toaster! Le toaster!» J'avais déposé le grille-pain sur le bar et je m'étais un peu examiné dans le chrome en attendant qu'Alexandre ne se libère. J'y avais un gros nez.

Malgré le caractère biscornu de mon trophée de chasse, Alexandre n'y a pas fait allusion et m'a proposé une partie d'échecs. Depuis que je lui avais avoué qu'en considérant rétrospectivement ma vie, les échecs étaient ma spécialité, sortir le vieil échiquier en bois dès qu'il y avait moins de dix clients tenait du rituel.

On a tiré les couleurs: main droite, pion blanc, j'ouvrais la marche. Les premiers coups se sont faits en silence, entrecoupés de quelques commandes de bières des rares buveurs. Ensuite, j'ai ralenti la cadence pour réfléchir un peu... Ma réflexion prenait trop de temps au goût d'Alexandre et il a entrepris de me déconcentrer par un discours au ton professoral trop appuyé:

- Il faut se laisser en partie guider par son instinct. Il ne faut pas trop réfléchir, sinon on risque de perdre le fil, de croire en de fausses stratégies et de nager dans les regrets... Tu savais que réfléchir, ça vient de «fléchir à nouveau»? Penses-y sérieusement, ça a de l'allure...

Malgré le fait qu'Alexandre n'était absorbé qu'à moitié par la partie en cours, je n'ai pas su imposer mon rythme immédiatement. Il est vrai que le métier de barman devait constituer un bon entraînement pour les échecs. Dans un bar, il y a les pions: monsieur et madame tout le monde. Peu d'impact mais majoritaires, peu attachants mais ils permettent la survie du débit.

Ensuite, les tours assises en solitaire dans un coin. Puis les fous et les cavaliers. Alors que les premiers demeurent prévisibles en restant toujours sur leur couleur, les cavaliers, eux, sont plus finasseurs; ils vont de table en table, et quand on pense qu'ils s'installent, ils bifurquent et abordent quelqu'un, parfois un ami, souvent une jolie fille esseulée. Il y a aussi les dames, les belles femmes accoudées au bar, celles qu'on n'ose trop peu aborder. Les rois sont les habitués fiables, l'âme du bar. Tous les soirs, Alexandre doit pousser ses pions, protéger précieusement ses dames et prendre grand soin de ses rois.

Alexandre a avancé une dame menaçante, me tirant de mes pensées.

- Beau coup, Kasparov.

Il s'est mis à rire :

- Et toi, t'es qui?

- Fisher, rien de moins. Selon moi, il reste le meilleur, malgré sa retraite…

Je savais qu'il ne connaissait que très vaguement l'histoire de ce grand maître américain qui s'était retiré de toute compétition pour d'obscures raisons. Mais Alexandre aimait me faire croire que j'avais affaire à un connaisseur. J'ai avancé mon cavalier finasseur en E4.

- Ouain, ben, on le saura jamais, a-t-il poursuivi, concentré sur l'échiquier. Ce n'est pas en se retirant qu'on prouve quoi que ce soit...

Il a bougé un pion et je lui ai pris un fou. J'ai brandi la pièce sous son nez et j'ai lancé à la blague:

- Je t'avertis, mon Popov, je sens que je vais tout te voler...

En s'essuyant le menton du revers de la main, tout sourire et soupir, il a rétorqué:

- Je sais bien que j'ai un cleptomane comme client. Mais je crois que tu régresses; samedi dernier, je t'ai vu voler la belle brune assise au bout du bar, et aujourd'hui, tu m'arrives avec un toaster...

Il avait le regard complice. J'ai souri aussi. En flattant le chrome de mon nouveau Phillips, j'ai ajouté:

- Ouaip. Il est joli, hein? Mais c'est un peu con, j'en ai déjà deux à la maison...

- Allez, un toast aux toasters inutiles!

Le verre d'Alex a frappé mon verre à moutarde côté coeur. On a ri sans trop savoir de quoi on riait.

- Mais conseil d'ami, tu devrais voler un verre à scotch! Ton verre à moutarde me semble peu adapté à son usage et, disons, d'une autre classe sociale. Sans parler de l'air que ça te donne... Mon cavalier prend ta tour.

Merde, je ne l'avais pas vu venir. Alexandre avait cette faculté de voir tout ce qui se passait même distrait. L'étau se resserrait autour de mon roi. L'air faussement vexé, j'ai lancé:

- Quoi, l'air que mon verre me donne? Dis plutôt que c'est toi qui as peur qu'il fasse fuir ta clientèle. Ce verre n'est peut-être pas adapté à l'usage, comme tu dis, mais je l'aime. Puis c'est pas pire que ces saletés de petits chiens à poils longs que portait dans ses bras la vieille cliente à cheveux bleus d'hier soir!

samedi 30 août 2008

Le Roi se meurt - Deuxième (et courte) partie

Toujours agréable, Alexandre. Simple sans être simpliste, complexe sans être compliqué. Je l'admirais parfois. Grand, début trentaine, pas l'ombre d'un ventre, les cheveux savamment négligés. La majorité des femmes lui accordaient une grande beauté et beaucoup de charme. Il semblait pouvoir toutes les séduire. Pourtant, il aimait sa copine comme s'il l'avait rencontrée la semaine précédente, et pas un décolleté, pas un regard d'alcool, de désir ou de trois heures du matin n'avait réussi à l'en détourner. Il était de cette race fidèle. Pas fidèle comme un chien qui s'attache au moindre pygmée qui le flatte ou le nourrit, mais fidèle comme un laid. Ces laids qui ne croient pas qu'on puisse les aimer. Ces laids qui lorsqu'ils aiment, le font doucement, par en dessous, sans le dire de peur que le son de leur voix effraie le papillon posé sur leur main. Ces laids qui, lorsqu'ils apprennent la réciprocité de cet amour, n'en reviennent pas et ne cessent de se pincer jour après jour, les mêmes étoiles dans les yeux. Alexandre était un de ces laids. Sauf qu'il était beau.

Je n'appartenais pas au même monde. J'avais les phéromones paresseuses et je n'étais fidèle qu'à mon passé. De l'amour, je ne connaissais que de rares et éphémères papillons. Le lendemain de mes rencontres, en me glissant sous les draps, je respirais, indifférent, la réminiscence de la femme de la veille. J'incinérais sans chagrin chacun de ces petits deuils avec Alexandre. On bénissait ces âmes au Macallan, avec pour seul encens les effluves caramélisés de nos verres. Scotch, Botox sentimental.

jeudi 28 août 2008

Le Roi se meurt - Première partie

Un soir, dans un impérieux désir d'ordre, j'ai ajouté le nom d'Alice dans mon carnet d'adresses. Nous étions devenus étrangers. Il m'a fallu lui donner son nom de famille, pour ne pas la confondre avec les deux autres du même prénom, lui coller une adresse qui n'était pas la mienne, un numéro que je ne retiendrais pas, surtout par coeur. J'ai alors compris qu'un jour, ce nom aurait aussi peu de sens que tous les autres que contenait le carnet. J'ai eu un léger vertige et un peu de poussière dans les yeux.

Je suis sorti et mes pas m'ont amené à l'Asile. Avec le temps, j'y étais devenu un habitué. Mon banc était devenu une tour et le bar, un royaume que j'empruntais le temps de boire quelques verres. Je pouvais rester des heures sans parler à personne, sauf à Alexandre, le barman. Mais encore, pas toujours. Alexandre savait reconnaître mes besoins de silence.

Comme on annonçait un orage et qu'on présentait un match de hockey primordial à la survie humaine à la télé, il n'y avait presque personne au bar. Ça m'allait. J'ai commandé un Macallan. Alexandre m'a servi un Macallan. La vie savait parfois se montrer simple.

J'ai souri en signe de remerciement. J'ai sorti mon petit verre à moutarde de ma poche de veste et j'y ai transvasé le scotch sous le regard faussement détaché d'Alexandre. Je n'avais jamais cru nécessaire de lui expliquer que ce petit verre à motif de jeu de cartes était le seul survivant de ma dernière rupture et que depuis, je m'avait pris le stupide pari de tout y boire, café, vin, lait, eau. Pendant ce temps, pour meubler le vide de notre conversation, Alexandre s'est aussi versé un verre. Nous avons porté un toast puis j'ai pris une gorgée. Toute petite. Un goût caramélisé a envahi mon palais.

- C'est un petit prince, ce scotch, m'a dit Alexandre après avoir inspiré entre ses dents.

Il s'est allumé une Gauloise d'un geste nonchalant, en regardant nulle part et partout d'un air détaché. Mais il était aux aguets, un sprinteur attendant le signal de départ. Je suis resté muet. J'avais un jour compris que moins j'en disais, moins on pouvait en retenir contre moi. Parler signifiait trop souvent traduire sa pensée. Tradutore, tradittore... Je préférais me faire oublier dans un coin et écouter. J'avouerais que parfois, je n'écoutais même pas.

Il a pris une autre bouffée de sa cigarette. Je n'ai jamais su comment certains fumeurs font pour aspirer par le nez la fumée qu'ils expirent par la bouche. J'ai pris une deuxième gorgée de scotch et je suis sorti de mon mutisme.

- Dans certaines régions d'Afrique, on dit de quelqu'un qui fume qu'il «boit une cigarette». C'est une belle image...

Alexandre a souri et a aspiré profondément un nuage qu'il a retenu dans ses poumons quelques secondes. Sa façon d'apprécier un dialogue qui démarrait enfin.

mardi 26 août 2008

C'est frette, c'est lisse, c'est blanc...

Aujourd'hui, Harper nous parle du Grand-Nord, des grands espaces froids et déserts où les ressources sont peu exploitées.

On sent qu'il connaît bien ce dont il parle.

dimanche 24 août 2008

Nos Amis les bêtes

Avec un enfant, on redécouvre le bonheur des fleurs, la vie des fourmis, et les zoos d'animaux.
Cet été, nous sommes allés au zoo de Grandby, à l'Écomusée de Sainte-Anne-de-Bellevue, et nous avons visité la section des «Zani-mots»(sic!) du festival de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Bien que fort sympathique, on y a décelé quelques... trouvailles dignes de l'île du docteur Moreau. Comme quoi on vit à une époque où tous aspirent à se libérer de l'entrave de l'étiquette.


mercredi 20 août 2008

Annoncer ses couleurs

Le Saguenay tinté rouge suite à un déversement accidentel de résidus de bauxite.
Comble de l'ironie, ça arrive à une compagnie qui s'appelle Rio Tinto!

Un Taxi le jour - 3e partie

Cet après-midi-là, j'étais occupé à je-ne-sais-plus-trop-quoi devant la maison sous le va et vient ralenti des taxis en attente. Au coin, un taxi a démarré pour répondre au besoin automobile d'un client. La routine tranquille. Comme il tournait sur Mont-Royal: Paf! Accident.

D'où j'étais, je ne voyais que la voiture de taxi et le devant de l'autre voiture. Les dégâts semblaient importants mais avec les carrosseries des voitures d'aujourd'hui, designées par Claude Lafortune, on ne peut plus juger de la violence des impacts par les plis de tôles. Moi, quand j'étais petit, on n'avait pas des voitures de «tapettes»: les carrosseries de voitures ne subissaient que peu de dommages lors d'accident; c'était les passagers qui pliaient, pas le char! À bien y penser, c'était pas mal plus écolo dans le temps… Menfin, je m'égare.

Aussitôt, le chauffeur de taxi est sorti de son véhicule et a vertement engueulé l'autre conducteur. J'en ai déduit que personne n'était blessé et c'est avec un intérêt réduit que j'ai entendu le chauffeur de taxi sacrer en québécois avec un fort accent haïtien. Bien que de ma position je ne voyais pas le second conducteur, je l'entendais répondre au chauffeur avec un fort accent québécois. Les taba'naks de l'un recevaient les hosties de l'autre et ainsi allait la vie qui allait. Comme les deux semblaient assez grands pour se défendre seuls, je suis retourné à mon je-ne-sais-plus-trop-quoi. Mais aussitôt, j'ai entendu «T'es juste un hostie de Nègre!» qui m'a sorti de mon indifférence. La dispute venait de glisser sur la pelure du racisme et la tangente qu'empruntait le second chauffeur n'augurait rien de bon. Je me suis alors approché du champ de mars, me préparant à intervenir. C'est alors que je vois pour la première fois le second conducteur: il était plus noir que le chauffeur de taxi!

Comme quoi le racisme, c'est dans la tête!

dimanche 17 août 2008

Un Taxi le jour - 2e partie

Ce matin-là, comme le matin du jour d'avant et la plupart des autres matins, il y avait trois voitures de taxi stationnées à la queue leu leu et en double devant chez moi, attendant leur tour au poste du coin, déjà plein de trois autres voitures. Bien sûr, ma voiture se retrouvait coincée entre le trottoir et le second taxi.

Après m'être faufilé entre le taxi et ma voiture non sans un peu frapper les carrosseries, je suis monté dans ma voiture. J'ai naïvement cru que le chauffeur près de moi comprendrait mes besoins et me laisserait passer, mais après quelques secondes, comme il ne montrait aucun signe de vie, j'ai klaxonné, ce qui ne plaît à personne et visiblement, à mon chauffeur non plus. Il m'a regardé et m'a fait le signe international de l'incompréhension. Moi je lui ai fait celui du gars qui tente de se rendre au boulot par un chemin sinueux. J'ai entendu le chauffeur soupirer jusque dans ma voiture.

Avant de mettre le contact avec une résignation proche du calvaire, le chauffeur a regardé le poste en espérant qu'il se libère au même moment et qu'il puisse avancer d'une place sans avoir l'air de se plier à mes demandes. Mais rien ne bougeait devant. Alors il a regardé dans son rétroviseur pour constater que 2 autres taxis s'étaient ajoutés à la file. C'est alors qu'il a eu un doute: et si, en sortant de la file pour me laisser passer, le taxi suivant en profitait pour lui piquer sa place...

Lui est venu alors une idée de génie: ne pas sortir de la file. Il a donc avancé sa voiture jusqu'au pare-choc du taxi qui le précédait, et quelques pouts pouts plus tard, ce dernier a aussi avancé de quelques pouces jusqu'à l'autre voiture qui elle était probablement garée dans le béton à prise rapide car rien n'y faisait: le chauffeur devait roupiller à poings fermés. Pour moi, impossible de sortir de ma place à moins de cramper mes roues perpendiculairement au trottoir…

J'ai maugréé et ai appuyé fermement sur le klaxon. Tant pis pour les voisins en cette heure matinale. Mais ce geste a suffi pour mettre le magnanime chauffeur hors de lui. Il est sorti de son taxi et m'a engueulé en disant que j'avais suffisamment de place pour passer. Physiquement, il avait raison: mon pare-choc mesure exactement l'espace qu'il m'a libéré. Mais… J'ai cherché désespérément un être humain encore doué de sens autour de moi. Heureusement, le chauffeur du taxi derrière mon «ami» a crié à son «collègue» que j'avais raison, mais selon ce dernier, la place était faite, il fallait que je fasse avec. Il me restait deux choix: assassiner quelqu'un ou reculer sur le trottoir avec ma voiture pour obtenir un angle d'attaque me permettant de passer…

Je n'ai pas fait ce que mon cœur me dictait…

Je suis sûr que ce jour-là, un chauffeur a fait tranquillement son boulot, le sourire de celui qui a tenu tête à un connard imprimé sur les lèvres.

mardi 12 août 2008

Un Taxi le jour - 1ère partie

Quand on a emménagé dans notre appartement actuel, on avait bien vu qu'il y avait au coin de la rue, à moins de 50 mètres de notre porte, un poste de taxis, un espace d'attente pour 3 véhicules. Ce qu'on ignorait, c'est qu'il y aurait toujours 5 ou 6 taxis en attente d'un client à ce poste, quand ce n'est pas 8 ou 9…

C'est ainsi qu'on s'est retrouvés, tous les jours que le bonhomme au plus haut d'essieu apporte, avec une voiture de taxi stationnée en double devant notre porte qui attend son tour de poste. On vit donc avec le bruit bucolique des moteurs au ralenti, des pouts de klaxon à toute heure du jour et de la nuit, et des discussions animées entre chauffeurs que cela amène (moi qui croyais en l'entente cordiale entre partenaires de route, je me suis aperçu que c'est souvent la jungle et qu'au plus fort va le championnat des compteurs…)

Mais le plus pénible reste qu'à tous les matins à la levée des corps, un homme que je ne connais pas me regarde me gratter les fesses au travers la porte vitrée (De la porte, on voit jusqu'au fond de l'appartement... Que personne ne me traite d'exhibitionniste…), à moins qu'il ne m'observe attentivement sortir les vidanges ou mes bacs de recyclage, prendre mon courrier, etc. Et quand le hasard nous donne un chauffeur distrait ou discret qui n'examine pas notre décoration intérieure, il nous offre souvent un spectacle d'auto-recherche digitale de sédiments intra-narinaires (Voix de Charles Tisseyre: «Le benthos nasal mis à l'index, ce dimanche, à Découverte)…

Et tout cela n'est qu'un amuse-gueule quotidien. Les mets principaux sont parfois plus corsés...

jeudi 7 août 2008

Aphorisme

Avec toute cette eau, le hit de cet été sera:
«Il va y avoir du spore...»

mardi 5 août 2008

Actualité (encore un peu en retard)

Comment se fait-il que ce que proposent les jeunes libéraux ait une couverture médiatique comme celle que l'on a vue en fin de semaine (entre autres: la primeur au Téléjournal)?

Si ce qu'ils disent est important, j'aimerais aussi savoir ce que suggèrent le cercle des fermières et les scouts de St-Placide...

jeudi 31 juillet 2008

Tout et rien

Je reviens tout juste de Québec, comme quoi on revient de tout.

Au travers la horde de touristes (il faut voir le nombre d'appareils-photos brandis dans le rues de la Basse-ville), le Vieux-Québec sait garder son charme de carte postale. Mais, à moins de 200 mètres des murs, le deux-œufs-bacon à prix acceptable (je ne parle même pas d'abordable) est disparu. Même les déjeuners du m'as-tu-vu Bouche-dans la Bouche (ici, je digresse, mais il le faut: QUI sont l'auteur et le graphiste de l'incompréhensible affiche de ce resto? Bouche? Dans la Bouche bouche? Bouche dans la bouche? Sont-ce les mêmes libidineux à l'humour douteux qui ont fait les désopilants jeux de mots du menu, genre «Asperge-moi!»?… Au - se - cours… Mais bon, à voir la popularité de ce resto, je ne suis pas le marché cible… menfin, je reviens à mes oeufs...) du plateau semblent des aubaines quand on les compare à ceux des menus placardés ici et là dans la vieille capitale.

Entre deux averses (les organisateurs auraient dû investir un peu moins sur McCartney et un peu plus sur Mère Nature), j'ai savouré le Moulin à images de Lepage, j'ai mélangé les Jardins éphémères et les Potagers des visionnaires (heureusement qu'il n'y avait pas en plus une exposition intitulée «les Vergers des débonnaires» ou encore «les Jardinières octogénaires», j'y serais encore…) et, faute de temps, j'ai boudé Passagers/Passengers, car le reste de mes heures en terre du 418, je les ai passées à flâner, à manger et à boire dans des endroits No-Children-Friendly avec Dame V, question de se redécouvrir en tant qu'humains capables d'autres choses que de faire des châteaux de blocs, de changer des couches et d'attraper à un centimètre du plancher les objets cassants et de valeur inestimable.

Et que dire du bonheur de se lever à l'heure - tardive et bacchanale - de 8h30!

Je me suis gardé la promenade dans le nouveau Saint-Roch pour une autre fois.

Je suis revenu à mes chauffeurs de taxi montréalais (d'ailleurs, il faut que je vous en parle un de ces quatre…), le temps de quelques courses avant de partir monter la tente sous les arbres des Cantons de l'Est, question de tester les compétences scouts de mon terribeul-tout, et ses capacités à effrayer le raton affamé qui s'acharne sur la glacière.

D'ici là, il me reste 48 heures de civilisation.

C'est long…

jeudi 24 juillet 2008

Live and Let Die...

Suis en retard sur les évènements un peu. Je suis souvent comme ça, un peu décalé, jamais à la mode mais pas complètement à contretemps. C'est ce qui m'arrive avec le spectacle de Paul McCartney…

Voici un survol des évènements des derniers jours à son sujet, et de mes réactions…

Fait: On confirme un spectacle de l'avant-dernier Beatles vivant pour le 400e de Québec.
Moi: Beau coup de pub: le bonhomme est véritablement une légende.

Fait: Tout le monde capote: Wow, il est gentil; il n'est pas venu au Québec depuis près de 20 ans!
Moi: Moi, quelqu'un qui m'ignore pendant 20 ans sauf pour me dire quoi faire avec mes phoques, c'est pas fin de ma part, mais je le boude un peu. Je suis un peu puéril, je l'admets, mais bon…

Fait: Tout le monde continue de capoter: Wow, il est gentil: il nous offre un spectacle gratuit!
Moi: À plus de 4 millions de cachet, c'est pas lui le gentil, mais la ville de Québec. À 4 millions, vous n'avez pas idée de ce que je pourrais vous faire «gratuitement»…

Fait: Tout le monde n'en croit pas ses yeux! Le monsieur est, en plus d'une légende vivante, un vrai Sir avec de l'humour et de la gentillesse et une conscience sociale longue comme ça.
Moi: On oublie vite que le monsieur a tenté de saper le gagne-pain (et a presque réussi) de plusieurs Québécois quand il est venu nous faire la morale avec les phoques. C'est siiiiii cruel! Vous voulez voir de la cruauté, Sir? Allez voir dans quelles conditions sont élevées les poules. Allez voir une porcherie, juste une fois. Observez bien ce qu'endure un cochon de sa naissance à l'abattoir, combien de secondes il passera à l'air libre. Vous avez déjà visité un abattoir, Sir? Un phoque tué d'un coup de gourdin dans son milieu naturel souffre moins qu'un chevreuil tué à la carabine dans les bois! Alors, je n'ose comparer avec le porc auquel on casse le groin pour qu'il se tienne plus tranquille pendant son transport, transport lors duquel, avec un peu de chance et de calmants, il ne mourra pas écrasé par ses congénères… Alors désolé de ne pas pleurer sur la banquise avec vous.

Fait: Tout le monde ne se peut plus de bonheur! Tout le monde? Non! Une poignée d'irréductibles trouve qu'inviter un Britannique sur les lieux mêmes où le peuple francophone d'Amérique a perdu son territoire à la couronne britannique, c'est agir en colonisés (je paraphrase).
Moi: Je souris: c'est un peu exagéré, le bonhomme n'est pas responsable des actions de ses ancêtres. C'est un spectacle, c'est une fête, et lui un chanteur! Mais le rappel, en cette époque où rien ne doit déranger, tout doit être ok, où tous doivent «live and let die», ce rappel dis-je, cette ombre d'analyse de la situation que personne ne fait jamais sous peine de passer pour des «casseux» de party, se doit d'être.

Fait: Radio-Canada souligne et re-souligne à chaque bulletin de nouvelles que de méchants séparatistes veulent saper la fête.
Moi: Trop contente de bouffer du séparatisss, la télé d'état. C'est presque subtil.

Fait: Radio-Canada reproche à ces vilains séparatistes d'occuper trop d'espace médiatique au détriment de la fête du 400e.
Moi: Euh… Les «vilains» occupent, en terme d'espace, une feuille sur laquelle est écrite leur communiqué. Le reste de l'espace, c'est Radio-Canada et les autres médias qui le donnent, voire l'imposent. Arrêtez d'en parler et ils n'occuperont plus d'espace.

Fait: Radio-de plus en plus Cadenas interviewe McCartney, question de savoir ce qu'il pense des propos des vilains séparatisss, ce à quoi il répond: «J'ai à peine entendu parler de Wolfe à l'école. Je ne m'en rappelle plus trop. D'ailleurs "you still speak French?! You won, no?!"»
Moi: Ok. Fin de la gentillesse. Que Monsieur McCartney ne se rappelle plus de Wolfe, d'accord. Mais là, le petit ton arrogant et le «You won, no?!», bien qu'il se voulait humoristique, c'est trop.

Lors de cette bataille, on a perdu notre souveraineté. La plupart de ceux qui pouvaient se le permettre sont retournés en France. Les autres, pauvres pour la plupart et maintenus dans l'indigence, n'ont pu que se replier sur eux-mêmes. Quand ils osaient se lever debout, les Anglais leur mettaient la corde au cou. Et je parle même pas du sort réservé aux Acadiens.

Plus tard, près de la moitié des Canadiens français ont dû migrer aux États-Unis pour fuir la pauvreté (comme les Irlandais qui, curieuse coïncidence, ont aussi été colonisés pas les Anglais). Ceux qui sont restés ici étaient condamnés à des postes en bas de l'échelle à moins de parler anglais, et quelques-uns ont changé, informellement ou formellement, leur nom trop francophone pour une appellation anglaise afin de ne plus se faire «écoeurer» et pour avoir un mince espoir de vie meilleure. Ce n'est qu'il y a quelques décennies que notre fierté a commencé à revenir un peu.

«You won, no?!»

Aujourd'hui, dans ce pays qu'on m'impose, le taux d'assimilation des Francophones hors-Québec et hors-Acadie frôle le 80%. Même au Québec, les enfants issus d'un mariage mixte (anglo-franco) vont habituellement à l'école anglaise. Au collège où je travaille, il faut voir le nombre de noms de famille francophones sur mes listes de classe de français langue seconde de niveau 2, niveau où on apprend à distinguer le passé composé de l'imparfait, si seulement ils savent ce qu'est l'imparfait!!! La grande, la très grande majorité des Anglo-canadiens ne parlent pas français, et quand ils le font, ils méprisent habituellement mon accent: «I speak French, not Québécouââ» ai-je entendu plus d'une fois. Ici, à Montréal, combien d'unilingues anglais disent «Why speak French: We're in Canada!»? Qui n'est pas un jour entré dans un commerce montréalais en ne se faisant servir qu'en anglais?
J'arrête là, suis trop crinqué.

«You won, no?!»

No, Sir, on n'a pas gagné. On a perdu! On a perdu et on continue de perdre un peu plus chaque jour. Désolé de ne pas avoir le sourire des vainqueurs. Désolé de me souvenir encore de Wolfe…

Alors voilà. Merci d'être venu nous voir, Sir. Vous êtes un grand de la musique, c'est indéniable. Mais ce serait gentil de faire un peu attention à vos propos quand on vous invite, et de réserver votre micro à vos chansons.

vendredi 18 juillet 2008

Les Amoureux de la rue Drolet - conte naïf pour patienter

Pierre et Betty habitaient ensemble sur la rue Des Érables depuis longtemps. Certains disaient même depuis toujours. Ça peut être long, toujours. Pas pour eux. Betty aimait encore et toujours Pierre, et en retour, il l’aimait tout autant, et même un peu plus quand il le pouvait. Cet amour, Pierre le disait à tous. Je l’aime. Je l’aime. Je l’aime. Ça se répète, ces trucs-là. Et il répétait. Toujours. Enfin, pas toujours, mais souvent et depuis longtemps. Il partageait ainsi un sentiment grand comme ça qui lui avait donné deux enfants et plusieurs sourires, tous devenus grands avec le temps. Cependant, le problème avec les choses qui grandissent, c’est qu’après un certain temps, elles quittent la maison. Derrière elles, elles ne laissent que du silence. Et le silence, surtout devenu grand, ne part pas facilement.

Pierre avait ainsi continué à dire je l’aime, je l’aime, je l’aime. Mais c’est traître, les répétitions. On vient à s’habituer, à dire les choses machinalement, sans trop y penser. On n’a plus toujours les mots à la même place que le coeur.

Un jour qu’il marchait la rue Drolet, Pierre a rencontré Hélène. Elle s’était un peu foulé la cheville entre deux dalles de trottoir mal nivelées. Pierre l’avait soutenue, le temps que passe la douleur. Cette dernière a vite fait son chemin parce que des étincelles petites comme tout prenaient toute la place. Et les yeux avaient beau tenter de se fuir, ils se retrouvaient toujours. Ça sait où chercher, des yeux, quand ça veut se trouver. Ça a été une rencontre comme peu le vivent mais tous le souhaitent. Une rencontre qui arrête tout, les douleurs aux chevilles et les répétitions.

Ce soir-là, Pierre est rentré à la maison et il ne pensait plus qu’à cette Hélène. Betty n’a rien vu. Elle a bien senti que quelque chose n’était pas comme d’habitude. C’était peut-être le boulot, peut-être la météo. Il ne fallait pas trop chercher. Parfois, quand ça sent la fumée, on ne fait qu’enlever la pile du détecteur pour ne pas qu’il sonne. On apprend à faire ce genre de trucs quand on reste longtemps avec quelqu’un. Mais c’est risqué, les trucs. C’est comme faire du vélo sans les mains.

Les jours qui ont suivi, Pierre est retourné souvent sur la rue Drolet. Il voulait voir si les étincelles brûlaient toujours. Elles y brûlaient toujours. Puis les étincelles sont devenues des étoiles, puis des soleils, puis de nouveaux mondes à découvrir. C’est difficile à cacher, un nouveau monde. Et Pierre n’a pu le cacher longtemps à Betty. Il y avait trop de lumière. Les questions ont commencé à se faire insistantes. Des questions qui connaissaient déjà les réponses mais qui faisaient semblant de ne pas savoir. Betty avait besoin de les entendre, ces réponses. Pour les graver quelque part et souvent y revenir, juste pour être sûre. Et Betty a pleuré. Pierre aussi, il faut l’avouer. Mais les larmes, ça n’éteint pas les étoiles.

Plusieurs auraient crié ou se seraient débattus. Pas Betty. Pas même un peu de colère. Enfin si, un peu, mais si peu que Pierre en a été presque déçu. Comment Betty pouvait donner des coups de pieds alors qu’elle était à genoux? Il y avait trop de tristesse pour laisser sortir quoi que ce soit. D’ailleurs, déjà trop l'avait quitté. Elle a fermé la porte. Elle a tiré les rideaux, comme au théâtre quand les comédiens n’ont plus de mots à se mettre dans la bouche. Tout juste s’il y a eu un salut.

Betty est restée seule dans son logement de la rue Des Érables. Elle est pas mal disparue et depuis, on ne l’a plus revue. Enfin oui, parfois. Mais même quand on la regardait bien, on ne la voyait presque plus.

Pierre, lui, est parti habiter avec Hélène. Il a continué d’arpenter les trottoirs sous les arbres de la rue Drolet avec le sourire d’Hélène à son bras. Leurs pas se moquaient bien des dalles mal ajustées. Ils se sont fait des promesses un peu impossibles qu’ils tiendront quelque temps à bout de bras, à bout de rires, à bout de soupirs entre les draps. Pierre a continué à parler de son amour avec des mots si beaux et si doux qu’en les entendant, on se surprend à soupirer et à être un peu jaloux.

Parfois, quand je marche sur Des Érables, je pense à Betty, à cette femme soudainement devenue trop petite pour les promesses d’éternité. Je me demande si elle ouvrira un jour ses rideaux à nouveau.

En pensant à elle, je me dis que parfois, l’amour, le vrai, le grand, est une chose trop belle, et que trop de beauté en même temps, ça donne mal au cœur à quelqu’un, ça ne peut pas faire autrement.

dimanche 13 juillet 2008

Attention, je vous écoute...

Entendu au coin de Chabot et Rosemont:

«Je m'en vais au parc. Il faut que je prenne mes pilules.»

Ça doit être pour soigner sa dyslexie: il confond pharmacien et parcàchiens.

vendredi 11 juillet 2008

J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous...

Dans les films, dans les livres, tout est clair, franc, simple. Les choses se déroulent d’une façon non équivoque. Dans une fusillade, les mauvais meurent en un coup de feu, les bons sont blessés au bras, et si jamais un ami du bon était salement atteint, il lui resterait toujours quelques souffles pour dire «je t’aime», «c’est Louis le méchant» ou «n’oublie pas de nourrir Fido». Mais la vie n’a pas de scénariste (on se comprend)…

Depuis samedi, on s’inquiète : les évènements ont des airs de déjà vu, et la dernière fois, c’était une fausse couche. On touche du bois les doigts croisés que ce ne soit pas le cas cette fois-ci. On attend.

Quelques jours plus tard, Dame V. voit enfin son médecin:
1er diagnostic : fausse couche.
Pour être sûr, il nous est recommandé d’aller vérifier le tout par voies technologiques.

Alors go hosto. À l'échographie, mon œil pourtant fort peu aguerri voit un têtard, sa tête, son coeur qui bat, l’espace qu’il occupe, comment tout cela est soudé à la paroi utérine, toutttt, et les clics de souris mesurent des longueurs en millimètres, très peu de millimètres. La vie est là, incroyablement petite et terriblement minuscule, mais elle est là!
2e diagnostic: Yé! Tout va bien!

Mais il reste les tests sanguins, le (les!) spéculum, les urines en pot, l’histoire moult fois répétées, etc.

Et comme dans les blagues, notre docteure est revenue avec une bonne et une mauvaise nouvelle: fausse couche ET grossesse...

Euh, pardon? Pourriez-vous répéter?

...

Eh oui: c'était des jumeaux!

On ne sait pas encore comment vivre cela.
C'est joyeux mais triste mais joyeux.
On en perd un, il en reste un, on est à 2 mois, on est pas sortis du bois (on n'est jamais sorti de ce putain de bois), il reste quelques semaines de stress... Alors on focusse sur le bon côté des choses.

Mais on est comme épuisés en ce moment.



Un petit mot à toutes les bonnes âmes, comme la réceptionniste d’hier, qui, pour nous réconforter, comparent avec pire et nous disent que «c’est bien pire quand ça arrive à 30 semaines de grossesse…»

Meuh!?!...

Pourquoi ne pas dire aux Juifs que ça aurait pu être pire que leurs 6 millions de morts : 20 millions pour les Russes au cours de la Deuxième Guerre mondiale! Alors, hein?!

Bon, ok, je compare n’importe quoi à son chien. Il est vrai qu’une fausse couche à 8 semaines de grossesse, c’est pas aussi pire que bla bla... Mais comme je dois bien me défouler quelque part, que j’ai très peu de munitions et encore moins de cibles en ce moment, alors vous saurez me pardonner.

vendredi 4 juillet 2008

Attention, je vous écoute...

«L'humain et son frère sont des salauds...
Surtout le frère.»

Patrick Belisle

mardi 1 juillet 2008

*&?%$#@!

Bon, ok, je saute une coche…

Je ne sais pas comment c’est dans votre voisinage, mais ici, j’en pleure presque : les déménageurs-déménagés du quartier (le sacro-saint-plateau-écolomanqué-de-mes-deux) ont profité de l’annuel changement d’adresse collectif pour faire le ménage.

Je n’ai jamais, et je pèse mon jamais, JAMAIS vu autant de trucs laissés sur le trottoir et dans les ruelles. Et si ce n’était que des millions de sacs à ordures… Mais non : des matelas, des télés, des écrans d’ordi, des bibliothèques, des meubles de toute sorte, des livres, nommez-les, il y a de tout! J’ai même vu une table de babyfoot (elle n’est pas restée là longtemps par contre…) En allant visiter un ami hier, je me suis trouvé un trépied de caméra (parfaitement fonctionnel), un dictionnaire Larousse 1999 et un Multi presque neuf, ainsi qu’un pot plein de petite monnaie!!! Quoi, c’était trop lourd? Trop long à rouler? Avoir eu plus de mains, je revenais avec un écran d’ordi 17 pouces et un magnétoscope.

Moi, qui suis glaneur de nature, j’ai eu le goût de louer un camion puis de faire le tour. J’ignore encore pourquoi je ne l’ai pas fait.

Au cours des dernières années, j’ai ramassé plein de trucs dans les ordures : des chaises auxquelles il ne manque qu’un boulon, une chaise berçante dont je n’ai eu qu’à remplacer le fond, plein de jouets et d’équipement pour la petite (souvent, un simple chiffon et du désinfectant et voilà! un joli xylophone tout neuf!)...

Les gens ne cessent de répéter à quel point l’environnement les inquiète, mais dès qu’un truc est brisé, désuet ou, surtout, passé de mode, ils les foutent aux ordures pour s’acheter du plus neuf. Et si ce qu'ils jettent n'est pas cassé, ils le cassent en le lançant du 2e étage... Allez! Zouuu la grosse télé qui va bien; je m’achète l’écran plat qui est teeeeeeeellement plus beau!

Si, au moins, ils donnaient tout cela à des plus démunis. Meuh non! Sur le trottoir à grands coups de pied…

J’aime très profondément plusieurs spécimens de l’humanité, mais je crois sincèrement que l’humain ne mérite pas de se survivre…

lundi 30 juin 2008

Les Vraies Choses

Ce matin-là, après 26 ans de vie commune, Michel regarda sa conjointe se préparer pour son boulot et se demanda comment une femme qui se maquille tous les matins, qui passe 45 minutes à placer des cheveux qu'elle teint régulièrement pour cacher la repousse, qui porte des talons hauts et des soutiens-gorge rembourrés, qui a eu recours à la liposuccion et qui envisage de se faire remonter la peau de la figure, des seins et de dieu sait quoi d’autres, comment une telle femme pouvait lui reprocher de ne pas dire les choses telles qu’elles le sont?

jeudi 26 juin 2008

Aphorisme - Nationalisme

Quand le drapeau sert de vêtement, c'est en berne qu'il est le plus heureux.



Photo de Sharon Hudgins et Bob Sheilds

mercredi 25 juin 2008

Perles oubliées...

L’inconvénient avec ce genre de florilège, c’est qu’on amasse les perles ici et là, et on finit par en retrouver partout. Voilà que je viens de tomber sur quelques notes aux hasards de mon ménage. Je ne crois pas les avoir déjà transcrites ici. S’il y a redite, je m’en excuse.

Je le répète: l'exercice se veut humoristique. Je ne veux pas rire des étudiants qui ont pondu ces perles. Je les aime trop pour ça.


«L’auteur se retrouve aujourd’hui avec 4 romans sous la ceinture.»
Sans doute un auteur de littérature érotique.

«L’histoire a un rythme continuel et un nombre de personnages juste.»
Un peu plus et il y en avait trop.

«Ses écrits sont reconnus pour leur sombreté.»
En effet, ce n’est pas très clarité…

«L’auteur gagne l’intérêt du lecteur en utilisant le confus.»
…ainsi que du perdu.

«Étant donné queles romans ne sont pas écrits du même point de vue, la lecture a été semblable.»

Parlant de confus…

« Elle a publié ‘L’Heure grise’ en 1975, jusqu’à 1984.»
Une longue publication.

«Dans les livres, il est évident qu’il y a un narrateur.»
Mais où est-il, on se le demande.

«En tant que vocabulaire, il est simple de comprendre le livre.»
En tant que lecteur par contre…

«Certains aspects le rendent mouvant et fabulant.»
Ça m’émouve.

«À la suite d’avoir été désunis, leur vie est méconnaissable après le trépas des hostilités.»

On est pouet ou on ne l’est pas.

«La matière restitue ce roman un peu vétilleux à digérer.»
Un roman à recettes manquées.

«Il est évocatif et vigoureux à lire.»
Moins à corriger cependant.

«Les récits nous amènent dans une vraie montagne rocheuse d’émotions.»
Elles sont plus rochantes que les russes.

«Cette œuvre inoubliable ne passera jamais sous silence.»
Ça nous laisse bouche bée.

«Les enfants devront se contempler à être seuls afin de survivre.»
La méthode narcissique.

«Le temps pour lire le livre nécessite une longue période.»
Le temps prend du temps.

«(…) ce qui exige une compréhension développée afin de suivre la fin.»
Moi j’ai tout compris à partir de la fin.

«Le livre est rédacté en français.»
Ce qui soulève des réactions mitactées.

«Dubois se fie aux sources d’autrui.»
Là où l’information coule.

«On s’interroge sur cette société corruptée.»
On devient ruptés à ce genre d’erreurs…

«La mode de vie des Américains»
Le mode printemps-été.

«Il parle de choses qui la observés, parezample de la violence.»
Pas de doutes, il l’aise a vus.

«Il a écrit une quinzaine de romains.»
Et gagné un César.

«C’est un livre informatique et objectif.»
Un ordinateur neutre.

«Il est né en Toulouse» (Non.)
«dans Toulouse.» (Noon!!)
«à (…)» (Oui!!!) «(…) Talouse.» (Zut!)

«Ce n’est pas un livre à lire hors du plaisir.»
Mais bien dedans.

«Il aime rencontrer toutes sortes de comportements.»
Enchanté!

«Il écoute les Amiriquins.»
(Pour écrire des bouquains.)

«Pendant toute l’histoire, le personnage de la mère est soit morte, soit malade.»
Quoi? Encore morte? C’est redondant…

vendredi 20 juin 2008

Impolitesse en comun

Mercredi, journée découverte père-fille. ce jour-là, le thème était «Transports en commun» et le projet était de faire un tour d’autobus et de métro sans autre but que de se promener.

Bien sûr, ma fille est super excitée à l’idée de monter dans un de ces gros autobus qu’elle voit passer tous les jours. À l’arrêt du bus, elle parle à tout le monde et à toutes les questions qu’on lui pose, elle répond invariablement «Romane» ou «2 ans».

Quand l’autobus arrive, je la prends dans les bras et monte. Le bus est plein et il ne reste aucune place pour s’asseoir. Je me dis qu’une bonne âme saura me céder sa place, j’ai une enfant de deux ans dans les bras…

Erreur.

Pas une foutue personne ne se lève. Tous regardent dehors, font semblant d’être dans la lune ou de lire, etc. (En passant, dans le métro ou dans l’autobus, ça paraît quand quelqu’un fait semblant de lire pour éviter un contact visuel…) J’agrippe un poteau, je fais des blagues avec Romi, je ronge mon frein et j’étudie cette masse impolie.

Il y a quelque chose comme 40 places assises. Sur ces 40 personnes, combien de jeunes de moins de 25 ans (la génération impolie, c’est bien connu)? Une seule.

Sur ces 40 personnes, combien d’hommes (ceux qui ne connaissent plus la galanterie)? Quatre (c’est peu, mais c’était cela).

Sur ces personnes, combien de vieilles (et là, je suis généreux, j’inclus toutes les personnes de plus de 60 ans, même si 60 c’est encore suffisamment jeune pour se tenir debout dans un autobus) qui risquent leur hanche juste à marcher sur le trottoir? 20, tout au plus.

Alors on fait le calcul ensemble : 40-1-4-20=??
15.

15 femmes âgées de 25 à 60 ans, des femmes qui ont probablement déjà été enceintes et qui ont eu des enfants, des femmes qui ont sûrement déjà reproché à autrui leur impolitesse. Et pas une TA… qui se lève pour laisser s’asseoir un parent qui a une fille de deux ans dans les bras!!!! Bra-vo…

La première qui me parle du manque de galanterie de l'Homo contemporinus, qui reste aussi inexcusable, je la gifle.

Je me souviens d’une fois dans le métro, alors que Dame V. était enceinte jusqu’aux oreilles (elle devait en être à sa 78e semaine de grossesse) : personne ne lui a cédé sa place!!! Quand, deux arrêts plus loin, une place s’est libérée, une femme d’environ 40 ans s’est littéralement glissée sous Dame V. pour lui subtiliser le banc sur lequel elle s’apprêtait à poser les fesses. Pour ajouter à l’impolitesse, la dame a ouvert son livre et a fait la sourde oreille quand Dame V. lui a fait remarquer qu’elle était enceinte. C’est un homme plus âgé assis à côté qui lui a offert sa place…

Est-ce juste à Montréal que cela arrive?

jeudi 19 juin 2008

Attention, je vous écoute...

Entendu dans l'autobus:
«- Les premiers seront les derniers.
- C'est n'importe quoi.
- C'est pas moi qui le dis, c'est Céline Dion.»

À chaque époque son prophète.

lundi 16 juin 2008

Attention, je vous écoute...

En nous quittant après être entrée quelques minutes chez nous:
«Merci de m'avoir hospitalisée...»

Anne-Marie M.

mercredi 11 juin 2008

Dans l'oeil

- Tu pourrais rouler moins vite!?

Elle l’a crié trois fois avant que je ne la comprenne. Il fallait vraiment que je fasse réparer mes foutus silencieux. Il faut avouer qu’un casque de moto en plus et le déplacement d’air n’aidaient en rien. J’ai beuglé en retour, par dessus mon épaule.

- Pourquoi?

- On n’est pas pressés.

Pas pressés. Elle parle pour elle. Des semaines que j’attendais qu’elle revienne de ce foutu voyage. Je m’étais ennuyé comme je ne l’aurais cru possible. Un chameau qui attend le soleil pendant un déluge.

- Ben moi, oui, ai-je marmonné.

C’est vrai qu’on roulait à près de 150 à l’heure, ce que je ne faisais jamais quand je n’étais pas seul sur la moto. Ariane m’avait manqué juste assez pour prendre le risque de rouler à près de 200 en allant la chercher à l’aéroport. Je me retenais pour ne pas en faire de même au retour. J’ai tout de même relâché un peu la poignée. Ma vieille Yamaha roulait à la limite de ses capacités réduites par sa charge. La compression a fait son œuvre et nous nous sommes retrouvés à 100 km/h. Sur le tronçon d’autoroute à moins de deux kilomètres de chez-nous, un bouchon de circulation s’est formé. En fait, je ne sais pas pourquoi je dis s’est formé, il ne se déformait jamais, ce bouchon.

J’ai fait un effort surhumain pour ne pas slalomer entre les voitures et rouler sur l’accotement. On s’est totalement arrêté. On avait un insigne BMW en plein face et un énorme camion Volvo dans le dos. On était le Danemark des véhicules. Il faisait un peu chaud pour la mi-avril.

- Ouf! Mon sac à dos m’arrachait les épaules. Pourquoi tu roulais si vite?

- Pour arriver plus vite, mon enfant, ai-je dit à la blague. Pour te regarder plus vite, pour te faire l’amour plus vite... Menfin, tu comprends... Ça fait cinq semaines que j’attends ton retour et là je t’ai dans le dos. C’est légèrement frustrant…

À ce moment, j’ai réalisé qu’Ariane ne me tenait pas par la taille comme lors de nos promenades habituelles. Elle ne m’avait pas donné non plus le coup de casque de la chance avant de partir, le coup de «rien ne peut nous arriver». Les dernières semaines avaient été trop longues. Il y avait eu suffisamment de temps pour oublier quelques habitudes.

Le bouchon s’est soudainement dissout, comme si rien ne s’était passé. Pourtant, il y avait bien eu un accident quelque part. Avec blessés. Peut-être même des décès. Je n’ai rien vu. Les morts ne sont jamais là où on pense.

On a fini le trajet sans un mot. Il faisait beau. Pas un souffle de vent, pas un nuage paresseux. Que du soleil qui frappait de toutes ses forces. Je ne pouvais savoir que je roulais dans l’œil de l’ouragan.

lundi 9 juin 2008

En 1990...

Samedi soir, on est un petit groupe chez un ami pour un anniversaire. Tout transpirait les partys de notre adolescence : bière, vin, piscine, système de son, humour. Les enfants étaient chez les grand-parents, nous avions 17 ans à nouveau, sauf que rien n’appartenait à nos parents, nous étions libres, nous étions fous et nous jasions pas de REER.

La journée a été chaude, l’alcool était frais. Autour de la table, les rires se sont faits de plus en plus forts, et sur l’heure du souper, sans trop savoir comment, un ami a entrepris une réfection de la déco de notre hôte, décoration-vestige d’une union précédente. L’hôte se met de la partie et c’est pendu au lustre qu’on décide de mettre un terme à ce spontané «extreme make-over» digne de films américains pour ados attardés.

On s'est retrouvé au salon à danser comme dans le temps (hum!) sur du Tones on Tail, du Violent Femmes et d’autres succès d’un autre âge qui en disent long sur le nôtre. Je ne me suis pas cassé de hanche, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Notre adolescence a fondu vers minuit (ouf!) et comme tout le monde baillait, on s’est serré la pince, on s’est donné des tapes dans le dos et on a pris le chemin du retour. Le pire, c’est qu’on ne se sentait même pas coupable de finir ça si tôt.

Le lendemain matin, malgré les Florabil, les Tylenol et les grands verres d’eau, Jean Leloup résonnait encore dans ma tête, mais le refrain de 1990 avait une tout autre saveur.


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J’aimerais bien faire une petite soirée chez moi bientôt, mais avant, je vais courir les ventes-débarras trouver un jeu de poches…