mardi 31 juillet 2007

Frais sorti du bois

Tout juste de retour.
Nous avons quitté les ratons pour revenir à nos... fourmis! Misère...

Mais je vous raconterai tout cela avec détails bientôt.

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Vous avez lus le portrait de nos blogueuses dans le Châtelaine de ce mois-ci?
Ça me donne-ti pas le goût de faire un portrait de nos blogueurs?
Gnak! Gnak! Gnak!...

lundi 23 juillet 2007

Repos

Dans quelques heures, je (non Romane, mange pas les roches...) tire la plogue, question d'aller voir s'il (Romane, mets pas de la boue sur ton visage...) y a de la vie à l'extérieur de Montréal. Une (Romane, laisse les crottes de lièvre par terre...) semaine pour refaire le plein de nature, faire entendre (Romane, enlève ton doigt du trou du *** du raton laveur...) le chant des oiseaux à la petite et surtout, (Romane, t'es rendue où là? Romane?) surtout, se reposer...

samedi 21 juillet 2007

Pareil

Comme dans le temps, j’y suis allé pour rien, sans rendez-vous, pour voir, pour tâter le pouls de la vie qui bat. Ma dernière visite devait remonter à quelques mois, voire deux ou trois ans. Pourtant, la bouteille a fait le même poc! sur la pierre qui recouvre le bar, le sourire des barmans était pareil, même la musique, Dumas, Dido, Muse, était pareille. Le calendrier aurait indiqué 2004 que tout aurait été tel quel.

Les mêmes piliers qu’avant, certains plus minces, d’autres en version plus large, tous en plus gris. Toujours les mêmes personnalités, les mêmes discussions, les mêmes enjeux. Les mêmes belles filles, les mêmes rêves, les mêmes blagues. Entre les clients, les barmans et moi avons jasé de tout et de rien, en long et en large. Surtout en large.

Le reste du temps, j’observais cette île à l’abri du temps qui passe. Une île qui inquiète parfois mais qui rassure, qui me rassure, souvent.

Le monde peut lentement s’écrouler. Il reste un bunker.

mercredi 18 juillet 2007

Doutes et Redoutes

J’admire les gens sûrs d’eux, qui tergiversent peu, qui semblent distinguer rapidement les tenants et les aboutissants dans toutes situations, même inédites. Avec eux, on a l’impression que peu importe les vents, le bateau tiendra le cap. Et si jamais ce cap change, c’est qu’il y aura une bonne raison, que ce sera mieux ainsi.

Moi, je ne suis pas de cette trempe. Je ne suis sûr de rien. Je suis dubitatif de tout. Je me remets toujours en question, moi et tout le reste d’ailleurs. J’ai ainsi le point final hésitant. Une sorte de coda en trois petits points.

Peut-être pas, sûrement des fois, mais je n’en suis pas certain.

Menfin, pas toujours…

lundi 16 juillet 2007

Petit Moment de dépit

Sa camisole deux tailles trop petite et dix centimètres trop courte révélait le haut de son string et lui boudinait le tronc comme si la grosse femme s’était habillée avec une de ces pellicules plastiques avec lesquelles on recouvre la nourriture. La pansue soufflait sa vaine course; le chauffeur de l’autobus avait quitté l’arrêt en feignant de ne pas la voir arriver en courant de son pas lourd.
La dame regarda sa montre. 20h41. Pourquoi, mais pourquoi avait-elle pris le temps de dire au revoir à son chat avant de partir? Elle était maintenant certaine qu’elle arriverait trop tard. L’occasion ne se représentera pas avant des semaines, peut-être des mois, voire des années. Elle dut faire un effort pour ne pas pleurer de dépit, et elle se dit, sans totalement se convaincre, qu’il y en aura d’autres, des meilleures.
N’empêche que c’était le dernier jour d’une hyper-méga vente chez Jean Peupu. Et le papier-cul extra moelleux n’était vraiment pas cher.

vendredi 13 juillet 2007

L'Homme rose pâlotte

Voilà maintenant plus de trois mois que je suis un homme au foyer. Ce congé est un savant mélange de congé de paternité et de vacances (le dosage est gardé secret, mais je vous assure que rien n’a été testé sur des animaux et qu’aucun agent n’ira sonner à votre porte).

Au début d’avril dernier, je me voyais déjà au parc avec ma petite, jasant couches et érythème fessier avec ma nouvelle gang: les papas roses qui restent à la maison pour garder bébé pendant que madame chasse le gibier. Tous les journaux parlent de cette nouvelle vague (bon, ok, vaguelette) de testostérone rosée, alors je me suis dit que j’aurais le temps de m’y baigner un brin…

Mais voilà: j’ai beau fréquenter trois parcs différents tous les jours ensoleillés que nous donne mère nature, nada, rien, niet! Pas un seul maudit père vert. Que des mamans dans la fleur de l’âge, toutes en hanche et en seins (pauvre, mais pauvre moi!) Menfin, je dis «que» des mamans, mais je travestis un brin la réalité: j’ai croisé un père une fois sur la rue un matin, trop tard pour prétendre jouer au taxi vers la garderie. On s’est lancé un sourire entendu, quelque chose de l’ordre du soulagement: on n’était pas seul sur notre petit «il»…

mardi 10 juillet 2007

C'est si joliment dit...

«[La huitième merveille du monde est] la naïveté et la crédulité qui flotte sur Internet comme l'écume d'un océan de superficialité collective.»
Ignacio Camacho, éditorialiste du magazine ABC
(in Le Devoir, 10 juillet 2007, page B-7)

lundi 9 juillet 2007

Attention, je vous écoute...

Entendu au café:
«C'était assez beau!... C'était un groupe de musique piano et voix. Il y avait un contrebassiste, un batteur p'is une flûte traversière.»

Il y avait aussi un homme-orchestre qui chantait a capella.

vendredi 6 juillet 2007

Discussion sans but (écriture quasi automatique et très manuelle)

J'étais occupé à laisser ma gorgée de bière perdre son effervescence dans ma bouche quand Nicolas a brisé le silence.

- Tu savais que Jean et Cruella se séparaient?
- Non!?!
- Bah oui.
- Je ne l'ai jamais aimée, elle, mais bon. Ils avaient l'air bien ensemble...
- 'faut croire que non.

Silence. Nicolas a pris une gorgée à son tour. J'en ai profité:

- Ça doit être dans l'air parce que Isabelle et Gontran...
- Eux aussi?!
- C'est con, hein...
- Ça faisait quoi? 12 ans qu'ils étaient ensemble?
- Je pense qu'ils étaient ensemble depuis la maternelle.

On a fait semblant de la trouver drôle. Silence. J'ai continué:

- Parlant de couple, Rogère et moi...

Là, Nicolas s'est arrêté de boire.

- Non!?
- Meuh non... Je niaise. On va bien. C'était juste pour rétablir l'équilibre des choses...

Nicolas a repris sa bière où il l'avait laissée puis a lancé:

- Moi aussi, ça va bien.
- T'es même pas un couple, ducon.
- 'me sépare pas non plus...
- J'ai toujours trouvé que tu savais te tenir.
- Question de communication, je crois.
- Tu sais t'entretenir, donc.
- J'ai pas de mérite, je suis facile d'entretien.
- T'as une consommation assez élevée, je trouve… Mais je suis d'accord: t'es facile d'entretien.
- J'ai la réplique facile.
- Pourtant il n'y en a pas deux comme toi.

Nicolas a fait semblant de comprendre. J'ai expliqué:

- Sans pareil mais avec de la réplique... Dans le sens de. C'est paradoxal, genre.
- Donc, monsieur qui s’exprime en ado, genre, plus je réplique, moins on me réplique…
- C’est cela.
- Bonne façon d'être unique.
- Tant que tu ne te répliques pas tout seul...
- Meuh non, je t'ai.
- ...Tu m'as. Une chance qu'on s'a.

Pour toute réponse, Nicolas a commandé un autre pichet. C'était la meilleure réplique de la soirée.

mercredi 4 juillet 2007

Attention, je vous écoute...

«(...) au centre Matriculée-Conception (...)»
Joseph Perrault

Une conception qui, à défaut d'être sans tache, fut inscrite au registre.

mardi 3 juillet 2007

La Chance des bleuets

On s’est tout d’abord gourés de pavillon. Le troisième étage de celui-ci était étonnamment désert, visiblement abandonné par soucis d’économie. On se promenait à la recherche de notre chemin dans cette étrange zone inhabitée où rien, ni corridors ni chambres, n’était verrouillé. Pourtant, en bas s’entassaient civières dans les corridors et patients dans des chambres semi privées quasi publiques. Dame V. et moi avons feint de trouver cela normal. Une sorte de scandale de tous les jours.

On a mis quelques minutes à trouver le département que nous cherchions. Dès notre entrée dans l’aile des soins longue durée, on a été attaqués par une puissante odeur d’urine puis, plus subtile, celle métallique du sang. Nous avons retenu un léger haut-le-cœur et je me suis demandé si je réussirais à survivre cinq minutes dans cette atmosphère. Devant moi, pourtant, circulaient l’air de rien personnel et patients. L’être humain semble capable de s’habituer à tout.

On a croisé des gens gras à la limite de la morbidité, des vieux qui tantôt gardaient leur dentier à moitié sorti de leur bouche, tantôt portaient deux casquettes une par dessus l’autre, ayant sans doute oublié la première quand ils ont vu la deuxième. Ici, on regarde la vie par la mauvaise extrémité, par le bout de la fin. Et pas n’importe quelle fin : celle des pauvres, des assistés sociaux, de ceux qui, quand vient le temps, mettent statistiquement plus de temps que les autres à mourir, à lâcher prise, à quitter cette vie qui ne leur a pourtant pas été heureuse. Ici, on voit ce qu’on ne veut pas regarder.

On est arrivés à la chambre 3220 avec quelques minutes de retard. Yvette nous y attendait, patiente, fixant les murs vert hôpital. Quand elle nous a vus, elle a poussé un grand oh! de joie.

On a jasé, on a souri, on s’est rappelé des histoires qui ne seront jamais écrites dans les livres.

Avant de partir, Dame V. lui a donné des bleuets. Un bout de jardin dans un casseau de plastique. Puis on a laissé Yvette seule dans sa chambre où elle espère patiemment une visite qui sait se faire attendre, une évasion ou mieux, une délivrance.

Et pendant que se refermait la porte de l’ascenseur, on s’est félicités d’avoir pensé aux bleuets; on laissait trop souvent les fruits flétrir sur la tablette du frigo. Mais on n'a pas tous la chance des bleuets.