mardi 28 septembre 2010

Au Salon du royaume

La dernière (et seule) fois où j'ai mis les pieds au royaume, j'étais dans les cadets de l'air, en camp d'été, à la base militaire de Bagotville. Je n'ai goûté du lac Saint-Jean que des «ration packs» datant de la guerre de Corée, je n'ai senti qu'un bout de forêt sous mes bottes noires, et je n'ai vu qu'un coin de ciel parsemé de Voodoo qu'on regardait s'envoler au couchant, au garde à vous, au son de trois trompettes qui jouaient approximativement le Ô Canada... 


Du lac (et des cadets), je suis revenu profondément antimilitariste et souverainiste, mais tout n'est pas perdu; j'ai retenu comment plier le coin des couvertures, comment «spitter» des bottes et faire un noeud de cravate en chantant des chansons idiotes.


Dans quelques jours, je retournerai dans ce coin de pays. En civil. Plus précisément, j'irai faire un tour au salon du livre du Saguenay - Lac Saint-Jean.


Je serai en entrevue à la Place des Médias vendredi à 14h30, et je serai en séance de dédicaces le vendredi 1er octobre de 19h à 20h et le samedi 2 de 13h30 à 15h.


Si l'envie de venir me faire un petit coucou vous prenait, ça me ferait plaisir!

mardi 21 septembre 2010

Aphorisme

L'homme, tout comme sa douce, vieillit, et il se console comme il le peut de cette usure qui lentement le ronge. Combien ont entendu qu'à quarante ans, on est mieux que jamais dans notre peau?
Normal. Elle est de moins en moins serrée...

jeudi 16 septembre 2010

Christophe

Tu avais le sourire narquois, léger, les yeux rieurs, moqueurs. Tu étais brillant et attentionné. Tu avais ce charme des brutes au regard doux qui nous rendait tous un peu jaloux, jusqu'à ce qu'on apprenne ce qui se cachait derrière.
On t'appelait Chris, Cricri, Totof. Je te surnommais Tof. Autour de la table de notre poker hebdomadaire, ce surnom t'allait comme un gant. Je n'aurais pas cru être si loin de la vérité dans ta vie de tous les jours.
Debout devant ton cercueil, près d'une photo de toi un peu plus grande que nature, j'aurais voulu, juste pour toi, croire en Dieu, croire en un au-delà où je pourrais un jour me rasseoir à tes côtés, le temps d'un verre et d'une partie de poker, question de te détester encore un peu, de me demander comment tu fais, vieux bougre, pour lire si bien dans le jeu des autres, pour laisser si peu d'indices sur le tien.
D'ailleurs, comment as-tu fait?
Même dans tes clins d'oeil rieurs alors que tu ramassais les mises, je ne pouvais savoir si tu m'avais bluffé. Maintenant, je sais que oui. Salaud.
Tu sais que depuis une semaine, tous les gars du «bunker» jouent leur jeu ouvert? Que grâce à toi, on s'est juré des trucs inimaginables jusqu'ici? Qu'on a pleuré dans les bras les uns les autres?
Tu t'es couché avec la meilleure main, Tof, ce qui n'arrivait jamais dans notre tripot, ce qui n'aurais jamais dû arriver. 
Je te déteste encore un peu aujourd'hui, une semaine plus tard. C'est la troisième phase du deuil, à ce qu'il paraît. Ce soir, demain, dans un an, la tristesse. Un jour, j'arriverai à l'acceptation. Ce n'est pas que j'y tienne tant que ça.
Repose-toi bien, Tof. Tu nous manqueras plus que tu ne le croyais.