samedi 2 mai 2009

Correction

- Je peux vous parler?

C’était Cecilia, une de mes étudiantes les plus appliquées cette session. Elle se tenait droite dans le cadre de porte de mon bureau. Dans sa main, quelques feuilles roulées qu’elle tenait trop fermement.

- Moui. Ça va, Cecilia?

- Pas vraiment. Je voulais vous parler de ma composition.

Elle m’a tendu le rouleau de papier tout chiffonné.

- Je voudrais que vous le recorrigiez.

Dans un concours d’impolitesse, Cecilia savait prendre les devants rapidement. Devant sa mauvaise humeur manifeste, j’ai choisi de passer outre.

- On peut regarder la correction ensemble, si tu le veux.

J’ai rapidement regardé la note : 85% avant les fautes.

- C’est pas mal, 85%, non?

- C’est parce que je n’ai PAS eu 85% mais 55%! 55% monsieur! C’est ri-di-cule. Mon travail vaut plus que ça!

- En effet, dis-je. Il vaut 85%. Mais tu as fait… laisse-moi regarder… 93 fautes! Compte-toi chanceuse qu’il n’y ait que 30% de la note alloués aux fautes! Selon moi, 93 fautes, ce devrait être un zéro automatique.

J’avais déjà eu ce débat avec des collègues. À mon arrivée au cégep, j’enlevais un pour cent par faute, sans limite. 100 fautes = 0% avant même d’évaluer le reste. Disons qu’après la surprise initiale, les étudiants se forçaient un peu pour ouvrir leur dictionnaire. D’ailleurs, à l’époque, une évaluation de moi sur Internet me traitait de «bitch» à la correction. J’en étais pas peu fier! Mais les collègues m’ont fait comprendre (lire : m’ont obligé à comprendre) qu’un maximum de 30% pour les fautes était la règle. Je suis encore convaincu que c’est un maximum ridicule et qu’un étudiant qui fait 120 fautes ne mérite pas la même note que celui qui en fait 30, et surtout ne mérite pas de passer un cours de français de niveau collégial (pas secondaire : collégial!). Mais non, on fait passer à 70% des étudiants qui ne savent pas chercher un mot dans le dictionnaire, qui accordent des adjectifs au pluriel en y ajoutant -ent…

- Oui, mais ma compo fait près de 900 mots. 93 fautes sur plus de 900 mots, ça signifie plus ou moins 90% de mots bien écrits, non?

Là, j’avoue que sa logique m’a scié.

- Ne joue pas à l’idiote. Tu sais bien que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.

- En plus, il y a plein d’endroits où vous écrivez que ça ne se dit pas, que la phrase est anagrammaticale…

- agrammaticale.

- C’est ça je disais. Pourtant, j’ai montré les phrases à des amis, et ils les comprennent.

- C’est pour ça que j’ai écrit agrammaticale et non incompréhensible.

- Mais si vous comprenez, il est où le problème?

J’ai regardé derrière elle. Aucune caméra, aucun moustachu pour crier «Surprise sur prise!» J’ai soupiré.

- Pour ce que je vois, on a un problème d’intercompréhension et qu’il n’y a pas de problème avec la correction de ce travail.

- Oui il y en a un : c’est pour cela que vous allez le recorriger! Je ne suis pas au cégep pour avoir des notes de 55%.

Euh…

- En effet, tu es au cégep pour… (j’ai faussement hésité) …apprendre!?

- Et pour avoir ma bourse d’excellence!

Voilà, on y était. La bourse d’excellence comme objectif pédagogique. L’apprentissage devenait secondaire.

- J’avoue que ta note ne t’aidera pas dans l’atteinte de tes objectifs pédagogiques, ajoutai-je, un rien railleur.

- C’est pour cela que vous allez recorriger mon travail. J’ai travaillé plus que n’importe qui pour ce travail, ce n’est pas juste que j’aie 55%.

- Tu sais, Cecilia, un travail scolaire, c’est comme une compétition d’athlétisme : ce n’est pas nécessairement celui qui s’est le plus entrainé qui finit premier.

Mon étudiante semblait me trouver vraiment étrange avec mes analogies à la con. Elle a choisi de l’ignorer et de continuer sur un ton faussement compatissant.

- Mais en même temps, je ne suis pas bête. Je sais qu’avec tous les étudiants que vous avez, vous n’avez pas le temps de bien corriger tous les travaux que vous recevez.

Houla… Volà qu’elle m’accusait de bâcler mon travail, de tourner les coins ronds.

- Tu sais, Cecilia, si tu veux une nouvelle correction, il y a une façon de le demander. Je te laisse deviner comment mais je te donne un indice : ce n’est pas comme tu l’as fait ce matin. Ensuite, si tu crois qu’une révision de notes s’impose, tu peux en faire la requête, la marche à suivre est indiquée dans ton agenda. Jusqu’ici, tout ce que j’ai entendu, c’est une fille frustrée de recevoir une mauvaise note qui, malheureusement, reflète la qualité de son travail. Ma seule recommandation est de te reprendre au travail final.

Elle semblait à peine décontenancée.

- Mais… Je n’ai jamais, JAMAIS eu de notes aussi basses en français au secondaire.

- Donc ce n’est pas ma correction le problème, mais bien celle de tes profs au secondaire.

- Il faut dire que c’était facile au secondaire, le groupe était super faible.

- Je te laisse en tirer tes propres conclusions.

Elle m’a regardé d’un air un peu dubitatif, toujours avec des éclairs de colère dans les yeux.

- Je crois qu’on a fait le tour de la question, ai-je ajouté pour conclure la discussion.

- Non, vous allez quand même recorriger mon travail.

- Quand tu me le demanderas, je verrai si je le ferai.

Sa mâchoire est littéralement tombée au sol.

- Mais je vous le demande depuis 20 minutes!

- Écoute Cécilia : je te laisse là-dessus. Tu réécouteras cette conversation dans ta tête chez toi. Puis la semaine prochaine, si tu veux encore une recorrection de ton travail, tu me la demanderas. Sur ce, il faut que tu partes, j’ai du travail. Des corrections que je n’ai pas le temps de bien faire, justement.

Le cours suivant, Cecilia ne m’a pas adressé la parole. Elle était assise juste devant moi et a passé les 3 heures du cours à me fusiller du regard. J’étais un canard au stand de tir. Sorry, nice try but no toutou.

Aux dernières nouvelles, Cecilia se préparait comme jamais pour son travail final. Je lui souhaite de tout cœur un 90%. Et si jamais elle l’obtient, je suis sûr qu’elle se dira que j’étais un mauvais prof.

Le pire, Cecilia. Le pire.

35 commentaires:

  1. Quand la tête de mon Zamouri de Prof de Cegep fini par réaparaitre entre les montagnes de corrections à faire et que cette même tête hoche tristemment sur les travaux de ses cancres paresseux d'élèves qui croient tous fermement que le fait d'avoir FAIT le travail mérite un standing ovation, que le fait d'avoir fait sortir une demi tasse de jus de cervelle merite un 100 %, je me dis que votre job c'est pas une job, c'est un miracle

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  2. Ils ne sont pas tous comme cela, heureusement. Mais ils semblent plus nombreux qu'avant à se dire que le nécessaire est dans l'effort - même minime. Comme s'il n'y avait que les absents qui échouaient, et encore, s'ils n'ont pas de bonnes raisons.

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  3. Wow... je te trouve tellement patient! Je sais pas si j'aurais eu la même patience...

    En fait non. J'ai eu la même discussion dernièrement (ou plutôt "tenté" d'avoir une discussion) avec deux jeunes apprenties scénaristes pour qui leur premier jet était PARFAIT et digne d'être IMMÉDIATEMENT envoyé chez le diffuseur avec un chèque automatique au retour.

    Ça m'a déprimée au possible.

    C'est une question de génération tu crois?

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  4. Chanceuse votre élève ,a mon époque , vingt fautes et c'était un zéro direct.

    Laurent

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  5. /clap
    Mon père était professeur de mathématique au secondaire. Il enlevait des points dans les travaux pour les fautes d'orthographe. Imagine un étudiant qui réussit tous ses exercices mais finit avec un 7/10 parce que "la solussion du problaime est un caré de ...". Un jour il a reçu une visite de l'inspecteur du minsistère suite à une plainte, il a reçu la meilleure note pour l'aspect pédagogie.

    Que ce soit en math, en sciences, en histoire ou... en français, ciboire, la base est encore bien de communiquer !

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  6. J'ai la chance d'enseigner du 102, donc le tri est déjà fait; les étudiants qui font + de 20 fautes sont aussi ceux qui ont les moins bonnes idées, qui « sèchent les cours » et qui s'appliquent peu, l'échec est facile à justifier.

    J'éprouve de la gratitude pour les profs de 100 (le 104, que l'on fait chez nous en premier) et de 101 qui se farcissent autant de correction grammaticale que vous.

    La bourse d'excellence ne peut quand même pas être attribuée à une élève qui fait 30 fautes, non? Agrammatical = équivoque, j'aurai sous peu un tampon qui imprime un joli «qu'est-ce que tu veux dire? » ça devrait aider. Toutefois, les jeunes ne sont ni « cancres », ni « paresseux », ils sont dans un autre paradigme : celui qui gagne est le plus « crosseur », pas le plus travaillant. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'il n'y a souvent qu'un gagnant et que les autres doivent en baver pour s'approcher des restes qu'il délaisse.

    Si on ne les avait pas bombardés d'émission de m... et que le gouvernement avait encouragé la maitrise au niveau secondaire ET l'année en pédagogie (au lieu de ce parcours hybride de pédégogie [excusez-la] et d'une ébauche de la matière à enseigner), nous n'en serions probablement pas là.

    Étienne

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  7. Dis toi que t'es chanceux, à F-X Garneau, le maximum est à 20% de pénalité...
    Je serais d'accord pour cette limite, dans les autres cours. Et puis, c'est si facile d'avoir de l'aide, de demander du tutorat, d'aller à des activités organisées par le Centre d'aide en français.
    Bref, la limite de faute c'est de la merde. De la pure merde. On ira jamais rien apprendre si on applique la loi de l'effort minimum dans les standards.
    Si tu veux, on peut parler de l'EUF. S'il n'y a pas un truc plus symbolique que ça au monde! On tue le français en prétendant l'enseigner.
    Toby-

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  8. par curiosité... c'était un travail sur quoi?.

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  9. "Mais ils semblent plus nombreux qu'avant à se dire que le nécessaire est dans l'effort - même minime." Hum... c'est très "réforme" comme attitude...

    Attends, très bientôt ils arriveront au cégep, ces chers réformés qui ont été "formés" à coups de "bravo, passe au niveau suivant, puisque tu t'es plutôt amélioré avec aide"... L'effort, ils connaissent pas. L'échec, encore moins, puisque ça n'existe plus!

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  10. La culture du droit absolu. Ils ont été élevés et éduqués de cette façon. Imaginez le désastre lorsque ces jeunes personnes seront sur le marché du travail. Le client n’aura jamais raison.

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  11. N'empêche que son raisonnement du 90% de mots correctement écrits tient la route (regarde qui parle, je l'aurais coulé moi aussi) ;-)

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  12. « Mais non, on fait passer à 70% des étudiants qui ne savent pas chercher un mot dans le dictionnaire, qui accorde des adjectifs au pluriel en y ajoutant -ent… »

    Qui accorde, hein? Ah, les -ent... ;)


    -mp

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  13. C'est ça le nivellement par le bas - les collègues et institutions vous forcent à changer la difficulté ou bien... La culture de l'effort est mise aux vidanges. Le détail devient de la perte de temps - "pourvu que mon travail soit OK, en gros"...

    Le fait qu'un bon travail soit un travail bien écrit, sans fautes, cohérent, logique, etc. est sans importance - si le système du secondaire et du cégep a habitué les gens à ce qu'un travail médiocre = 60%, on est cuit. Et la "compétition" entre les cégeps et universités pour un pool limité d'étudiants fait en sorte que ce qui compte, c'est que les tinétudiants rois soient "satisfaits", c'est-à-dire qu'ils aient TOUS et TOUTES de bonnes notes ... qui ne veulent plus rien dire, évidemment. Pour moi un A ou un A+, c'est exceptionnel, spécial, rare. Sur une classe de 30, j'ai généralement au plus 5 ou 6 A et A+, à moins de tomber sur un groupe très spécial, ce qui est possible mais assez rare. Mes étudiants exceptionnels sont en effet systématiquement ... exceptionnels!

    Il ne faut pas tomber dans la mauvaise foi de prof - si l'enseignement (cohérence, logique de la présentation des concepts, notes de cours, clarifications, etc.) est médiocre et que ce même prof compose des examens dignes de Princeton, y'a en effet un problème. De la même façon, il est tout à fait normal qu'un groupe exceptionnel ait une moyenne exceptionnellement élevée, comme on retrouvera dans les groupes enrichis et les départements de "renom"... Il faut seulement que l'évaluation soit... JUSTE... ce qui ne veut PAS dire "un A facile", évidemment. Une évaluation juste veut dire que ceux et celles qui 1) travaillent très fort, 2) sont à leur affaire et parfois (ça dépend des matières) 3) ont un talent particulier dans le domaine en question obtiennent une bonne note ou au moins une note "pas pire" et ceux qui ont saisi les nuances, les complexités, etc. obtiennent A et A+ - ils/elles sont rares, surtout dans les groupes "normaux" d'intro et dans les institutions assez, disons, "standards"...

    Par exemple il est parfaitement inacceptable que "la norme" en psychologie" soit A-, A et A+ au bacc!!! Tout le monde en psycho n'est pas "exceptionnel" - ce sont les notes qui ne veulent plus rien dire! Et ces gens-là se présentent dans les concours de grandes bourses de recherche très compétitives (du genre CRSH et autres) après ça et ont "l'air" en effet absolument brillants sur papier, comparés aux pauvres bougres d'économie, par exemple, qui se sont tués à l'ouvrage pour se hisser à avoir des A-!!!!

    Pascal Bédard, B.Sc. Math, M.Sc. Économie
    Enseignant de science économique au Collège Marianopolis
    Chargé de cours en science économique UdM et UQAM
    Boursier de PhD, CRSH de 105K (2005)

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  14. Flashback : examen de français final au CSM. Et on parle d'un examen de français pour un DEP, là.

    Une lettre de 6 pages à corriger. Le nombre de fautes exact n'est pas indiqué, évidemment. Un melting pot : conjugaison, anglicismes, orthographe, ponctuation... La première erreur "oubliée" n'est pas comptée. La deuxième erreur coûte 25 points. Le problème? La note de passage est de 85 %... ;)

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  15. Cela fait déjà un bout de temps que de tels étudiants ont atteint le marché du travail: un vrai désastre!

    En plus de ne pas savoir écrire, ils appliquent ce laisser aller aux autres facettes de leur boulot.

    Accent Grave

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  16. J'étudie présentement en Littérature au Cégep. En littérature... il semble qu'à force de lire cinq cents pages de roman par semaine et de composer des disserts de mille mots au deux semaines, il serait logique qu'au bout d'un moment, les étudiants essaient de se forcer le derrière pour bien écrire... Mais non!

    La plupart de mes confrères et consoeurs de classe ont en moyenne près de vingt fautes par dissertation... HELLO-o-O! Il me semble que dans un profil pareil, il serait de mise d'apprendre à écrire. Culture du moindre effort... et c'est ceux qui se forcent qui payent!

    C'est de la m****!

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  17. Chère dépendante affective. J'ai écrit plus haut (voir "Paco"), mais je tiens à te répondre... le problème en est un de majorité. La MARORITÉ (généralement médiocre, mais pas toujours) va chiâler comme c'est pas possible si les examens et le contenu de cours sont trop "avancés".

    Donc si le prof "pousse", comme on dit, il obtient des plaintes et des grincements de dents... et les quelques étudiants travaillants sont contents et sentent qu'il y a vraiment de la valeur ajoutée au cours et qu'ils en sortent plus brillants, enrichis, etc.

    Mais ce qui apparaît dans les évaluations d'enseignement, ce sont des moyennes. Aussi, pour prendre un exemple bien concret, j'obtiens des évaluations "excellentes" auprès des étudiants motivés, travaillants et rigoureux et le reste ne fait que "bitcher" tout le long de la session: les autres cours sont plus faciles, cé tu vraiment utile ça? pourquoi on se casse la tête avec ça, ça sert à rien, etc. Mes étudiants sortent de mes cours plus riches (en connaissances et en capacité de raisonnement déductif) que les étudiants de plusieurs autres cours (pas tous, tout de même), mais seuls les étudiants motivés et courageux en sont vraiment reconnaissants.

    Mes évaluations d'enseignement sont donc souvent dichotomiques. Et bien des enseignants, après quelques années, baissent les bras et veulent juste "la crisse de paix" des arrogants et des fainéants et décident de baisser le niveau (et la richesse) tout en s'assurant de donner des notes qui vont faire chiâler le moins de gens possible, donc tout le monde au moins à 60%, etc. C'est aussi pour ça qu'au cégep, vous avez plein de petits travaux qui valent pas trop plutôt que 2 ou 3 gros trucs ou examens costauds qui exigent de la "viande" intellectuelle... parce que plus de petits travaux = probabilité d'échec plus basse!

    Aussi, puisqu'il faut des "points" pour engendrer une certaine curiosité intellectuelle, il serait très malheureusement naif d'assigner des lectures et travaux juste pour l'apprentissage en général... C'est le culte de la médiocrité.

    Je me souviens pendant mes études ARCHIS exigeantes en math pures à l'université et aussi pendant mon DEC en sciences pures, que je prenais des cours "hors faculté" pas pour la facilité mais bien pour l'intérêt. Aussi ai-je pris plein de cours d'histoire, de cinéma, d'anthropologie, de chimie organique, de russe et autres cours exigeants mais passionnants pendant mes études juste pour... apprendre!!!!!!!!!!!!!!! Je ne sais pas ce qui s'est passé dans les 20 dernières années, mais beaucoup de jeunes (pas tous, encore une fois) semblent totalement blasés de tout - been there done that... désolé, mais NON! You have NOT "been there" and you have not done much of anything!!! C'est d'une tristesse infinie.

    L'élan du jeune qui veut découvrir semble être en perte de vitesse... l'élan de celui qui ne pense pas tout le temps aux notes et aux bourses mais bien à l'ivresse infinie qu'est l'Univers de la connaissance sous toutes ses coutures, école ou pas. Penses-tu vraiment que Einstein, Newton, Descartes, Chanel, Led Zeppelin, Chaplin, Mozart, Ford, Bell, Bombardier, Gates, Roosevelt et les milliers d'autres illuminés ont vécus en fonction de bourses et de notes pour des cours particuliers??? NON! Ils ont vécus de l'élan brut, salaud, féroce et sans compromis de la quête de quelque chose de plus grand qu'eux. Cette passion, bien qu'elle n'était pas partout, il me semble qu'elle existait dans plus de yeux de jeunes il y a 20 ans...

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  18. Je n'aurais pas été surprise que tu racontes que la semaine d'après, Cecilia est débarquée dans ton bureau avec son papa en colère qu'on ne reconnaisse pas l'effort de sa fille. Parce que cette culture du moindre effort, ça vient de quelque part malheureusement.

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  19. Comme il l'a signaler, je pense que le problème se situe au niveau de la "correction". Chacun est tellement poli, que personne ne pense à corriger l'autre.
    En ce moment, je m'insurge contre le slogan de Coca-cola : "avec zéro sucres".

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  20. Quand on est à cheval sur l'orthographe, on devrait aussi l'être sur le sens des mots que l'on emploie :-)

    Je cite :
    À mon arrivée au cégep, j’enlevais un pour cent par faute, sans limite. 100 fautes = 0%

    Ah ben non ! C'est faux. Si l'on retire 100 fois 1 % à 100, on obtient : 36,60...

    Par contre, si l'on retire 100 fois 1 point à 100, on arrive bien à 100...

    Ouais, j'ergote, mais des fois, il faut aussi savoir de quoi l'on parle aussi.

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  21. Va falloir que j'écrive un autre billet là-dessus, Jerome (sans accents): il y a une différence entre être à cheval sur les règles du français (ce que je ne suis pas toujours; j'en reparlerai) et espérer un effort minimal de la part de ses étudiants.

    Pour l'erreur que tu apportes, yep, tu as raison. Pour l'enculage de mouches, tu es plus fort que moi. Pourtant, ce n'est pas parce que j'essaye pas. :-)

    @ Nitouchka: ça arrive... *soupir*

    Dès que je finis mon petit tas de compos à corriger, je vous reviens avec ma vision des choses.

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  22. Triste... J'espère que ma fille ne perdra pas sa soif d'apprendre ! Elle entre au secondaire l'an prochain... On verra !

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  23. M. Rondeau,

    Je suis prof au secondaire et vous savez comme moi que l'évaluation de l'épreuve ministérielle voisine parfois la rigolade. À un point tel qu'elle en est démotivante pour plusieurs profs.

    L'anecdocte que vous racontez présente deux traits très distinctifs de notre société:

    1- On se contrefout de la langue comme outil fonctionnel de communication. Si les membres de ma tribu comprennent mes cris, je communique bien... peu importe la norme, le dictionnaire et la grammaire.

    Pour paraphraser Sartre: «J'me comprends. Le problème, c'est les autres.»

    2- Le deuxième élément va plus loin que la culture de l'effort et la notion d'apprentissage. C'est la suffisance et le manque de respect.

    Combien de fois doit-on affronter des mentalités du genre: «Je suis payeur de taxes, faque tu es un prof à mon service... J'ai tous les droits que je veux avoir...»

    Que votre élève dise «Je ne suis pas au cégep pour avoir des notes de 55%.» montre bien que celle-ci, imbue de ses «talents», attend que cette institution lui décerne les notes qu'elle croit mériter sans respecter les paramètres de votre évaluation.

    Désolant...

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  24. Mon Dieu, mon rêve d'enseigner au cégep plutôt qu'au secondaire vient de s'écraser au sol comme un oeuf tout frais. Tu viens tellement de péter ma balloune! Mais, je te comprend, que trop.

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  25. J'ai eu un professeur comme vous au Cégep de Rivière-du-Loup il y a des lustres : une faute= un point, pas de limites.

    Par contre, il offrait aux élèves la possibilité de récupérer la moitié des points perdus pour l'orthographe au cours de la session, il suffisait de compléter un livre (assez épais merci) d'exercices de grammaire de manière autodidacte. Ça permettait aux élèves studieuses, mais mal formées, comme celle de votre billet et comme moi à l'époque, de se reprendre sans ajouter de travail au professeur.

    Ça ne marche peut-être pas pour tout le monde, mais moi, j'y ai beaucoup appris!

    Annie

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  26. Anonyme: Il ne faut pas! Il y a temps d'étudiants qui rend ce travail merveilleux! On n'en parle pas assez, je crois.

    Annie Bacon: Il n'y a pas de trucs efficaces avec tout le monde. Si ce truc, pas bête du tout, a fonctionné avec toi, super! L'éducation, c'est comme un psychothérapie: si le patient ne veut rien savoir, qu'est-ce qu'on peut faire sinon attendre la saison des récoltes?...

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  27. Quel récit intéressant ! Étant professeure de littérature au cégep depuis deux ans, je suis toujours aussi déprimée devant le peu d'efforts que mettent la plupart des jeunes dans leurs travaux, mais encore plus quand je vois leur air sidéré devant un échec, comme si c'était IMPOSSIBLE qu'EUX, ils coulent.

    Ce qui m'étonne le plus, c'est que même les "petits-travaux-permettant-de-gagner-des-points-faciles" sont boudés par certains étudiants (ils ont autre chose à faire - ils "travaillent")! Pourtant, ce sont souvent ceux qui sont en situation d'échec qui croient qu'ils n'ont pas besoin de faire les exercices.

    Finalement, en ce qui concerne la correction, il est vrai qu'il est difficile de corriger de manière JUSTE; en effet, il est beaucoup plus satisfaisant pour le moral d'obtenir, pour un groupe, un taux de réussite de 90% qu'un taux de réussite de 50%... Pourtant, ce 50% de réussite est généralement plus près de la réalité de la qualité des examens - du moins en 101 et 102, et je ne parle même pas de 101 de reprise...

    Bref, je viens de découvrir ce blog, et j'y reviendrai !

    Karine

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  28. À lire ce récit, je me dis que je n'aurai jamais le courage de devenir prof même si je possède les qualifications académiques...
    Mais faut-il se surprendre de telles réactions alors que de nos jours, l'éducation et l'apprentissage, comme tu le dis si bien, sont dévalorisés? Alors que nos diplômés ne sont pas engagés parce qu'ils sont "surqualifiés" et qu'ils "coûtent trop cher", ou alors que dès qu'on dit qu'on poursuit des études supérieures, tout ce qu'on entend, ce sont des "Pourquoi?" et des "Qu'osse tu vas faire avec ça?", il ne faut pas se surprendre.
    Le diplôme ne se mérite plus, il se paie ou se gagne comme un prix...

    En passant, je viens de découvrir ce blog et je dois dire que c'est le titre le plus réjouissant que j'ai vu jusqu'à présent! ;)

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  29. Le Professeur masqué marque un point avec son commentaire pertinent. Quoique la plupart des commentaires émis ici sont pertinents. Concernant cette paresse intellectuelle qui empêche la jeunesse de conjuguer et/ou d'enligner les mots et les verbes de la manière dont ils doivent être, j'avoue que ça me scie en deux.

    J'ose espérer que mon junior et que votre futur junior auront le même amour des lettres que nous et ne nous feront pas honte lorsqu'ils aiguiseront leurs crayons...

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  30. l'astringent...

    c'est vraiemt jouissif de lire des puristes frustrés... ça manque de verve!

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  31. Désolé de contredire tout le monde, mais j'ai 50 ans et d'après moi, la maîtrise du français ne s'est sûrement pas détérioré depuis les années 70. Déjà à l'époque, les étudiants écrivaient comme des cochons et Lysiane Gagnon était considérée comme une grande journaliste parce qu'elle dénonçait ce scandale dans La Presse. Dans les années 60, le Frère Untel portait le même jugement sur les étudiants québécois. Donc, ce n'est vraiment pas un problème de génération ou de méthode d'enseignement. Pour ce qui est de la culture du droit absolu et du moindre effort, personne n'a l'air de se souvenir que dans les années 70, on pouvait entrer à l'UQUAM sans même avoir fait son Cegep. Absolument n'importe qui pouvait aller à l'université. La preuve, j'étais pratiquement analphabète et j'ai été accepté. Pour finir, je me souviens de toutes les stratégies, toutes les ruses et tous les mensonges que les étudiants pouvaient inventer pour obtenir une révision de notes à l'U de M et à McGill. Qu'est-ce qu'on a pu rire! Personnellement, je trouve votre étudiante plutôt sympathique, très naïve, d'accord, mais au fond c'est une batailleuse et vous avez su piquer son orgueil. Tant mieux. Je ne m'inquiète pas pour elle, elle finira par écrire correctement. Tout le monde y arrive avec le temps, c'est la seule raison pour laquelle les vieux font moins de fautes que les jeunes.

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  32. Ma réaction à ce billet serait trop longue pour être copiée ici. Elle se situe au http://www.ecchymose.net/blog/?p=272

    Ceci étant dit, félicitations pour ce blogue que j'ai toujours admiré et dont j'espère la "pause obligée" de courte durée ;-)

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  33. "En ce moment, je m'insurge contre le slogan de Coca-Cola: "avec zéros sucres"."

    Ah quand même ! Je suis bien contente de lire ça. Je suis secrétaire de direction et je rédige des centaines de pages de procès-verbaux et autres comptes-rendus de réunions. Pas un patron, pas un seul en 25 ans de carrière, qui ne m'ait corrigée lorsque je n'employais pas le pluriel après zéro. J'ai beau faire, beau expliquer qu'il ne peut y avoir de pluriel quand il n'y a pas de quelque chose, non, ça ne passe pas. Je me vois obligée de faire la faute. On m'a même noté un jour en marge "nos documents doivent comporter zéro fautes", le s de fautes souligné deux fois. Ah... Bon, j'en prends note.

    Un de mes patrons m'a dit un jour qu'il fallait simplifier mon vocabulaire. Il trouvait trop important que le message passe et craignait qu'un vocabulaire trop élaboré ne soit préjudiciable. Ça me désole que cela se passe ici, au Québec. Et je crois nécessaire de signaler que je suis fonctionnaire... Mes patrons ne vendent pas des liqueurs !

    Cela dit, mon fils (secondaire 3) ne comprend pas pourquoi je suis déçue par ses compositions françaises. "Mais maman, j'ai eu 90 !" Je comprends un peu mieux, à la lecture de ce billet et des commentaires, comment il peut obtenir de tels résultats. Si j'étais la prof, ce serait zéro complaisance(s) :-)

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