lundi 11 octobre 2004

Bruges en automne

Il y a des jours comme des lits trop confortables, qu’on voudrait laisser défaits. Il y a des jours comme ce jour-là où le soleil s’est levé sans replacer les draps. Marc a ouvert les volets de sa fenêtre. Il pouvait voir un des moulins à vent qui bordaient la ville. Dehors il faisait suffisamment chaud pour en rester un peu surpris, pour ouvrir son manteau et sourire. Malgré novembre. Malgré l’absence de feuilles dans les arbres. Malgré les corneilles. Bruges avait l’air de ce dont elle a toujours l’air, même quand l’automne se prend pour l'hiver: d’une carte postale. Les rues n’étaient foulées que par des touristes amoureux et quelques enfants qui criaient en flamand. C’était beau. Juste beau. De ce beau qu’on dit tout bas, pour soi, à l’orée de la lune. Beau. Un couple s’est embrassé avec tendresse sous son balcon. Ça lui a rappelé qu’il n’appartenait plus à ce monde.

C’était novembre mais ç'aurait pu être mars, le soleil brillait et le lit était trop confortable. Pour visiter Bruges, il faut être amoureux ou avoir une carabine. Marc n’avait ni un ni l’autre. Il voulait mourir.

Il a plié bagages et il est parti à Bruxelles, où les meurtres sont plus rares et les lits moins confortables.

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