vendredi 3 décembre 2004

Le Bonheur de l'anneau

En faisant un peu de ménage, j’ai retrouvé un petit anneau. Une boucle d’oreille. Ça m’a rappelé que je m’étais fait percer l’oreille il y a 100 ans, en 1984, sur le banc d’un kiosque de bijoux cheapettes dans l’allée centrale d’un centre de chats (comme l'a déjà écrit un de mes étudiants) de banlieue. L’aventure quoi! À l’époque, c’était un peu marginal. Remarquez qu’à 15 ans, dans une banlieue prise en étau entre Montréal et le Vermont, la marge est assez débroussaillée... Puis mon oreille a arboré successivement une boule, un trombone, une épingle à couche, un anneau, un diamant. Puis j’ai vieilli. Puis j’ai oublié mon oreille. En vieillissant, on oublie souvent les trous qu’on s’est un jour infligés...

À ma grande surprise, l’anneau est entré dans mon lobe gauche sans trop de réticence. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a fait plaisir. Comme si ce trou me prouvait que je n’étais pas encore gâteux. Pendant quelques secondes, je me suis souvenu des spectacles des Béruriers noirs, de Galaxative (un band de garage duquel j’ai été, le temps de quelques plaintes, chanteur(sic!)), et des journées cégépiennes un peu grises à faire le bilan du nombre de cours d’espagnol manqués. Tiras el balón, Sando...

J’ai remis l’anneau dans une petite boîte de cossins, elle-même dans une plus grande boîte de cossins, dans le fond de ma garde-robe. Je le retrouverai dans 10 ou 15 ans, alors que j’aurai une petite fille qui m’adorera et un fils qui me trouvera déjà con.

Dans 10 ou 15 ans, en faisant un peu de ménage, le temps d'un soupir aussi nostalgique qu'inutile, je retrouverai ce petit bout de bonheur qui me pendait au bout de l’oreille il y a 100 ans.

3 commentaires:

  1. C'est drôle, ce texte répond tout à fait à la chronique de Josée Blanchette ce matin dans le Devoir. Très rigolo-émotif...

    Et désolée pour le malentendu sur mon site, c'est bien écrit 'Extrait fiction' dans le titre. ;o)

    RépondreEffacer
  2. Ben oui, toé. Chronique que j'avais lue avant d'écrire le blog et qui m'a inspiré sans que je m'en rende vraiment compte. Merci à Josée. Et à la trentaine de Namour.

    RépondreEffacer
  3. Tu me rappelles que j'ai déjà eu le sourcil perçé... mais moi, c'est pas le piercing qui me le rappelle, c'est la cicatrice que j'ai encore! ;)

    RépondreEffacer