jeudi 12 août 2010

Pluie, pluie, jolie pluie (air connu)

La routine matinale de Dame V. débute invariablement par une lecture attentive de la boule de cristal des météorologues de Météo Média. Pour une raison que j'ignore, leur manque d'acuité au delà des 12 prochaines heures me rassure. Je ne regarde donc jamais leurs prédictions, me contentant des comptes rendus que me sert ma douce par dessus le café, comptes rendus que je sale chaque fois. Alors, quand elle m'a dit, le ton en deuil, qu'ils annonçaient pluie, orage et temps frais pour notre semaine en camping en montagne, j'ai répondu «On verra bien.»
Et on a bien vu.
Orages soudains, vents frais, pluie quotidienne et nuits d'octobre nous ont accueillis les bras ouverts. Il y a quelques années, on aurait fait contre mauvaise fortune bon coeur, on aurait lu, on aurait sorti le Scrabble et le Boggle, on aurait joué à la pétanque dans nos sacs de couchage (l'aire de jeu est moins grande mais l'objectif reste le même: la boule la plus près du cochonnet marque un point…) mais c'était avant les enfants, et cette fois, le plus jeune se tient à peine debout. Alors se lever chaque matin sur un terrain boueux, près d'un lac à l'eau constamment rafraîchie par le déluge de la nuit précédente n'aidait pas à trouver les journées courtes.
Comment faire comprendre à un enfant d'un an qu'il ne peut passer une semaine à 4 pattes dans la boue? Comment lui expliquer qu'il peut jouer sur la plage mais pas dans le lac quand il fait froid? Comment lui faire comprendre qu'on ne peut mettre tout ce qu'il trouve dans sa bouche (un tamia rayé, passe encore, mais je ne suis pas spécialiste des champignons…) Comment expliquer à une fillette terrorisée par toutes (toutes!) les bêtes à 4 pattes qu'une mouffette ne passe pas son temps à pisser sur les campeurs, qu'un raton laveur ne nous grignote pas les pieds, et qu'on peut rester assis près du feu même si ces bêtes là se promènent dans le bois autour? Comment leur faire comprendre que se réveiller la nuit et de ne pas voir sa main tant il fait noir, c'est normal?
Mais bon, je grogne, je grogne, mais il a fait beau. Vers 10h, le matin du troisième jour. Ma fille et moi nous sommes précipités au lac pour louer une embarcation pour profiter des rayons sur l'onde. À ma grande surprise (lire déception!), ma fille choisit le pédalo alors qu'hier encore elle voulait le canot. Je laisse mon permis de conduire (je crois que j'ai le permis nécessaire pour les pédalos de moins de 500 kilos) au comptoir de location, je paye le prix (exorbitant) pour une heure de location (misère… une heure!), on grimpe sur le quai et… il se met à pleuvoir. On attendra 20 minutes que le nuage passe, puis on s'installe pour pédaler. Ma fille trépigne de joie puis se tait. Après 3 minutes de silence, elle me dit: «Je suis tannée…» On s'entendait, je commençais à l'être aussi.
Le froid de la nuit suivante et les nouvelles (mais identiques) prévisions météo ont eu raison du peu d'entrain qu'il nous restait, Dame V et moi. On a plié bagage.
Revenus à la maison, la vie nous a paru d'une simplicité sans nom. Depuis notre retour, les sourires sont détendus, les blagues fusent, on invite des amis à manger.
Pas à dire, les vacances, ça repose.

8 commentaires:

  1. Ahahah! C'est pas drôle mais un peu quand même! ^-^

    Ceci dit, je vous comprends pleinement! Il nous est arrivé l'anecdote inverse, cet hiver: on loue un chalet, deux mois avant le jour J, pour faire de la raquette avec une dizaine d'amis et on se retrouve à prendre des bains de boue car finalement le mois de mars est "bien en dessus des normales saisonnières"! Bon, on n'avait pas de ratons-laveur, j'avoue! ;)

    RépondreEffacer
  2. J'adore (pardonne-moi si ça te blesse, mais que veux-tu, c'est trop bien écrit)!

    En dehors du fait que c'est réjouissant à lire (parce qu'on ne l'a pas vécu, bien sûr!), je retiens la leçon: le jour où j'aurai des enfants, attendre un peu avant de choisir de faire du camping avec eux. ;)

    J'apprends de mes aînés, que veux-tu (baveuse aujourd'hui, je ne sais pas ce qui me prend!) ;)

    RépondreEffacer
  3. En fait, Valérie, bien que le camping avec de jeunes enfants soit un peu difficile, c'est habituellement plaisant. On l'avait fait avec ma plus vieille et c'était super. Mais là, la météo nous a lesté le moral...

    RépondreEffacer
  4. >Après 3 minutes de silence, elle me dit: «Je suis tannée…»

    Ça m'a fait penser à la première fois que je suis allé pêcher avec mes 2 fils. Ça aurait du être émouvant, un après-midi de pêche père-fils. Mais après 5 minutes, "c'est plate, on peut s'en aller" ?

    RépondreEffacer
  5. Jonathan: Je retiens. J'vais les amener à la poissonnerie. S'ils se plaignent de l'odeur, je dirai que c'est leur faute.

    RépondreEffacer
  6. Vous étiez où? J'arrive d'une semaine à Nominingue (chalet pour deux familles de quatre avec accès à une plage privée pour la modique somme de 350$, ça fait 25 piastres par jour par famille) et sauf pour hier, le soleil était au rendez-vous.

    D'accord, je te dois une bière pour t'avoir écrit ça.

    RépondreEffacer
  7. Que de souvenirs !!!!
    Je me rappelle un été avec mon fils de 18 mois qui se traîne par terre... Ma fille de 3 ans qui s'ennuie de ne pas pouvoir gambader à sa guise, pour cause de boue intense et de moustiques envahissants, puisque bien heureux du temps humide (100% d'humidité... Il pleuvent tout le temps !!!)qui leur offrait tout l'espace nécessaire pour "nidifier" en paix !
    ...
    Ils sont ados maintenant, dansent sous la pluie en trouvant ça romantique (à la Woodstock) et moi je reste bien au sec, un livre dans la main droite et un verre de vin près de la gauche...
    Et j'y repense avec *presque* un peu de nostalgie....
    Eh soupirs....

    RépondreEffacer
  8. Je crois qu'il faut attendre que les enfants soient vraiment grands pour avoir des vacances reposantes. Avant ça, les vacances sont drôles, amusantes, chouettes, crampantes et plein d'autres choses, mais sûrement pas reposantes!

    RépondreEffacer