mercredi 26 mars 2008

Histoire de tuyauterie

Il était 8h30, on était trois hommes dans le corridor vert-malade de l’hôpital devant une porte fermée. Sur cette porte, un mot terrifiant : Spermogramme. Aux regards rivés au plancher, il était facile de comprendre que tous avaient hâte de partir. Mais avant de partir, il fallait venir.

Nul ne fraternisait avec son voisin sinon silencieusement. On ne savait que trop bien ce que chacun venait faire ici, et on évitait de trop y penser. Quand la poignée de la porte a tourné, on a tous retenu notre souffle. Une personne s’est présentée dans le cadre de la porte. Je dis une personne car il était impossible de savoir si c’était un homme ou une femme qui se tenait debout dans ce sarreau trop grand. Les yeux disaient femme, les cheveux disaient homme, la voix ne disait rien, le porte-nom, pour nous éclairer, disait Claude Labri. Claude. Pourquoi pas Alex ou Fred tant qu’à y être?

La personne m’a pointé d’interrogation du bout de son crayon : suivant? Je me suis demandé ce que le premier pouvait bien suivre mais je me suis contenté de me lever, obéissant, et en m’approchant, j’ai récité mon nom comme un enfant coupable. Claude m’a donné un pot transparent grand comme une chaudière et m’a dirigé vers la première porte à droite dans le prochain corridor à gauche.

J’ai marché d’un pas faussement assuré, m’imaginant déjà dans un cubicule impersonnel entouré de quelques revues usées. Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver dans une simple toilette publique tout juste assez grande pour s’y tenir debout. Pour toute inspiration, un lavabo et une cuvette. Pas même un catalogue Sears. Comme je ne suis pas du genre à m’extasier dans la section plomberie de la quincaillerie du coin, et que le souvenir de Claude dans son sarreau ne m’aidait en rien, je savais que les prochaines minutes passeraient mollement…

Une éternité plus tard, j’ai remis à Claude une quantité incroyablement insignifiante d’effort imaginatif au fond de mon bocal. La personne a pris le contenant et, pointant du menton la toilette publique où s’évertuait maintenant un de mes silencieux confrères de tout à l’heure, elle m’a dit, entre empathie et amusement : Terrible, hein?

Ne désirant aucunement parler de quelque robinetterie que ce soit avec Claude, je choisis la fuite.

J’avouerai cependant que depuis ce jour, quand je m’ennuie, j’ai tendance à aller flatter la porcelaine blanche de ma salle de bain…

lundi 24 mars 2008

Attention, je vous écoute...

«Si j'étais un pénis, je serais un pénis mou.»
Diane Lebel


Vous vous dites que remise en contexte, cette citation a sûrement du sens.
Détrompez-vous... On le cherche encore.
Si quelqu'un y comprend quelque chose, prière de m'en faire part.

P.-S. Pauvre Diane. Allez lui remonter le moral un brin...

mercredi 19 mars 2008

Médailles

Ce n’est un secret pour personne :
les médailles des soldats sont maculées de plus de sang qu’on ne l’imagine, et sont le fruit d’intérêts plus financiers qu’idéologiques.

Cet été, en Chine, plus rien ne distinguera les médailles militaires de celles des athlètes, sinon que le soldat aura fermé un œil pour bien viser. Nous, les deux.

jeudi 13 mars 2008

On n'est jamais aussi bien servi que par les autres

Je viens d'apprendre l'existence de ce livre:
L'Amérique pauvre de Barbara Ehrenreich.

Je résume: l'auteur et journaliste a décidé de se mettre dans la peau d'une femme qui, sans diplôme et sans le sou, doit se débrouiller pour réussir, voire survivre. Pour ce faire, elle n'a droit à aucune aide extérieure et, on le devine, devra se taper une panoplie de jobines au salaire minimum. Durée: 2 ans. Fin du résumé.
On imagine bien les conclusions...

* soupir *

Vous vous souvenez de ce reportage choc du Journal de Montréal écrit par un Blanc qui s'était déguisé (brillamment maquillé, il faut dire) en Noir et avait ensuite cherché un logement et du boulot à Montréal...

* re-soupir *

Et cet autre, quelque temps auparavant, où un homme s'était déguisé en femme puis avait visité des bars, etc.

* re-re-soupir - j'hyperventile d'exaspération*

Qu'est-ce qu'ils ont les pauvres, les Noirs, les femmes? On ne pouvait pas demander leur avis sur la question? Leurs témoignages n'étaient pas crédibles? Ces «enquêtes» ont-elles révélé quelques trucs que ce soit que les premiers concernés ne nous avaient déjà dit 100 fois?

Au delà des constats troublants et choquants de ces «enquêtes», la façon même que ces «enquêtes» sont menées en dit long sur nous: un pauvre dit que la société est injuste, bof. Mais si un riche qui essaie de vivre comme un pauvre dit que la société est injuste, alors là... Un Noir dit qu'on est raciste? Il est trop sensible. Mais un Blanc déguisé en Noir l'écrit dans le journal, alors là... La femme victime de harcèlement est une geignarde, mais un homme habillé en femme victime de harcèlement est objectif...
En un mot comme en 100: Ta gueule le Noir, un Blanc dit qu'on est pas gentil envers toi. Tu vois bien qu'on a ton bien-être à coeur...

Morale à retenir: on s'intéresse au sort des pauvres, des Noirs et des femmes. En autant que l'exposé soit fait par leurs oppresseurs.

dimanche 9 mars 2008

McIntosh, Adieu... Non, Au revoir!

Depuis les premiers disques – des 33 tours de Disney petits comme des 45 tours qui m’obligeaient à tourner la page au son de la clochette – à mes téléchargements iTunes, en passant par mon premier 45 tours acheté avec mon argent (de) poche (Desire, de Roni Griffith), j'ai consacré beaucoup, beaucoup d'argent à la musique.

Bien qu'au fil des déménagements j'aie perdu de nombreux disques (pour la plupart des 12 pouces qui n'intéresseraient que les DJ ayant oeuvré en 1985), il me reste une quantité appréciable de vinyles, de cassettes et de CD que je traine encore avec moi au grand dam de ma Dame V.

Mais en plus de 35 ans, je ne me suis jamais acheté de système de son, si ce n'est cette micro-chaîne déjà brisée que j'ai eue d'une amie s'apprêtant à émigrer, monstre en plastique noir qui hante mon salon depuis plus de 15 ans maintenant, même si le lecteur cassette ne fonctionne plus, à l'instar du lecteur cd et du haut-parleur droit.

J'entends votre questionnement d'ici: Mais pourquoi, Ô grand et beau blogueur mélomane, n'as-tu jamais investi dans une chaîne digne de ce nom?
Eh bien, justement, c'est qu'à mes yeux, peu de chaînes étaient dignes de ce nom. Je voulais du McIntosh ou rien. Même TEAC et NAD n'avaient pas la cote. Mais je n'ai jamais eu les moyens pour un système de 10000$...

Jamais acheté de système de son, donc. Jusqu'à hier où j'ai abdiqué après des années de résistance.
Sur un coup de tête, j'ai sorti la carte de crédit pour... une micro-chaîne Sony.

Oui mesdames messieurs, j'ai attendu 38 ans pour acheter une micro-chaîne de 200$!

Ça sonne la merde, je vous dis pas.

Mais comment vous dire combien l'ado en moi est heureux?! Comme libéré, épanoui.

Allez, je cours mettre mon t-shirt des Hives sur lequel un dessin simule un veston-cravate (devinez si Dame V l'adore...), et je vais trasher un bon coup au son des Ramones en mangeant un Diner Kraft.

On dira ce qu'on voudra, mais ma crise de la quarantaine coûte quand même moins cher qu'une décapotable avec à son bord une nymphette de 19 ans...

vendredi 7 mars 2008

Attention, je vous écoute...

Paroles de jeunes entendues à la radio hier soir.

«Quand mon grand-père était saoul, il avait besoin de deux de mes oncles pour rentrer chez lui: un sur chaque épaule.»

Quand le grand-père part, on sort le fort!



«Mon amie et moi, on était en chicane; quand on se croisait dans le corridor, on faisait semblant de ne pas se parler.»

Présentement, moi, je fais semblant de ne pas écrire.

mardi 4 mars 2008

Chroniques du nouveau logement

Déjà presque trois mois que nous habitons notre nouvel appart, Dame V, Belette et moi. On n’a pas changé de quartier, on a migré un coin de rue à l’est, autant au nord.

Le présent appart est immense. Il y a des pièces où je ne vais pas pendant des jours, c’est pour dire. On a une cour côté soleil (d’ailleurs, si quelqu’un connaît une variété de carottes qui poussent dans le ciment, ce serait gentil de nous en faire part; on a toujours rêvé d’un jardin), des fenêtres dans chaque chmbre, des planchers qui ne craquent pas, une vue sur le stationnement vide d'un ancien concessionnaire de voitures, un sous-sol avec tapis beige tirant sur le gris, couleur paravent de fonctionnaire (Ennui séché, selon le coloriste chez Sico), menfin, vous visualisez sûrement.

Toujours est-il que dans ce nouvel appart dont la grandeur n’a d’égal que la splendeur du chiffre au bas de la facture d’électricité qui l’accompagne, tout semble parfait. Tout? Que nenni.

On se retrouve au centre d’une caisse de résonance au-dessus de laquelle habite la caricature de l’image que se font tous les habitants hors plateau des habitants du plateau : jeune trentenaire, pulpeuse célibataire bronzée même en hiver, travailleuse autonome à la vie nocturne remplie de musique rythmée et de conquêtes de fin de soirée aussi allegro con fuoco qu’éphémères con subito ciao. Ce n’est pas que je suis contre ce mode de vie, j’y ai goûté et bon, comme disent les branchés-blasés, binnedère donnedate got de gaminet, mais son horaire est plutôt incompatible avec le biorythme d’un enfant de près de deux ans.

Et pour nous dire de se taire, qui frappe sur le plancher à 9h le samedi matin après nous avoir tenu en éveil jusqu’à 4h la veille?
Soupir…

Je n’aurais jamais cru dire cela un jour, mais Bungalow de Laval, viens à notre secours!

D’ici la banlieue, on se rabat sur la négociation et l’espoir que le gros bon sens ait traversé la rue Papineau sans se faire écraser. Depuis quelques jours, mon travail de négociateur semble porter fruit, mais j’ai le Claude Poirier fatigué.

Vite ma fille, dépêche-toi de devenir adolescente qu’on se venge…