dimanche 16 septembre 2007

Bruce Willis

On revenait d’une virée de courses dans un centre d’achats de banlieue, un monstre de 300000 magasins dont la moitié vend des chaussures et l’autre des vêtements pour dames. On y était pour les grenailles qui restent; les boutiques de vêtements pour enfants et, gnak gnak, la boutique Mac. Cette dernière est tout le contraire des autres : grande surface, peu de stock, juste du bon.

On a fait nos achats et on est repartis sans arracher de têtes, cette fois. Deux heures dans un tel lieu suffisent amplement à rendre psychopathe le plus zen des bouddhistes. Tous ces gens habillés pareils qui se ruent dans toutes les directions donnent des envies de Gaspésie. Mais d’ici la péninsule gaspésienne, notre seul oasis était notre Tercel.

Au retour, on roulait sur la voie du centre d’une autoroute large comme un stationnement. On se faisait dépasser par la droite et par la gauche, comme si on était au milieu d’un troupeau de gnous fuyant un feu de brousse. J’essaie d’ignorer les visages fâchés des autres automobilistes pour qui 110km/h est l’équivalent de faire du surplace. Dans le rétroviseur, je vois ma fille qui dort, la tête tombée sur une épaule. Un coup d’œil à ma droite me dit que Dame V. en fait de même. J’ai souri.

Dans les films d’action, lorsque l’on croit tout perdu, lorsque tout le monde croit que la grotte s’est effondrée sur les gens à l’intérieur, lorsque la fumée est dense au point où personne n’ose plus entrer chercher les occupants encore à l’intérieur de la maison, à la dernière minute sort lentement le héros, épuisé, sale, portant dans ses bras une femme évanouie. C’est comme ça que je suis sorti de Laval, hier. J’ai même ralenti pour savourer le moment. Et c’est à 100 km/h tout juste que j’ai roulé sur cette autoroute de gens pressés. Moi, je sauvais du monde. Moi, je tirais des griffes de l’enfer de pauvres innocents.

Hier, vers les 15h30, je ne sais pas où vous étiez, mais ceux qui roulaient sur l’autoroute 15 ont dépassé Bruce Willis sans le savoir.

5 commentaires:

  1. Les pères de famille, ces héros obscurs.

    Mais moi, c'est un de mes moments préférés du week-end, le soleil sur le bras gauche, le silence absolu dans l'automobile (dans mon cas, plus près de l'autobus), 110 km/h dans la voie de droite, et sourire à ceux et celles qui dépassent à 140.

    On se sent effectivement investis d'une mission.

    Joli comme toujours tes textes.

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  2. Les vrais héros sont décidément ceux du quotidien.

    Merci de tous ces mots si magnifiques.

    (Une nouvelle groupie qui se tappe présentement l'intégral de vos archives.)

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  3. J'aime beaucoup ce papier !

    Du coup, je me suis repenti de toutes les fois où j'ai roulée les yeux sur les semblants d'héros surréaliste du genre de Bruce Willis.

    C'est clair que Bruce et l'ensemble des pères qui sauvent leur progéniture des griffes du village X30 ou 3010... de quoi du genre, sont des héros en soit.

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  4. Magnifique !


    PS: pour éviter de se faire doubler par la droite ...faut essayer de rester sur la file de droite justement ( sans aucune notion de politique ...) et même avec ma Tercel cela marche !!!

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