jeudi 2 août 2007

Prendre la mesure

Dans les bois, sous la toile, on a mesuré combien les planchers des appartements sont droits, combien un simple tamia rayé - le «suisse» québécois - fait sourire le matin, combien un biscuit disparaît vite quand un écureuil rôde, combien les doigts des ratons sont agiles pour ouvrir une glacière pendant qu’on dort, combien est beau un ciel sur le point de se fendre, combien brille un lac bleu dans les montagnes, combien il fait noir quand la nuit tombe, combien le silence parle.

On a pris la mesure de tout cela en détail, avec un regard de quinze mois, les yeux d'un ver à chou pour qui tout était une première, de la couleur du temps au goût des pierres. On oublie trop vite de goûter les choses et les choses passent rapidement.

C’est sous le soleil qu’on a plié la tente. On est revenus sous un ciel fâché, comme le dit la chanson, et c’est un en deuil qu’on a monté les escaliers vers l’appartement. On a rangé des sacs qu’on avait même pas ouverts, des jeux auxquels on n’avait pas joué, des vêtements qu’on n’avait pas mis. En se couchant, on s’est dit que tout cela passait trop vite…

Le lendemain matin, un voisin nous a appris qu'Yvette avait profité de nos vacances pour décéder. Elle qui avait hâte que son mari vienne la chercher, elle l’a attendu près de quarante ans.

29 commentaires:

  1. En effet, tout passe trop vite.

    À faire : prendre le temps d'avoir une petite pensée pour Yvette aujourd'hui...

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  2. Tu me donnes le goût de partir en camping!

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  4. Pour la leçon de grammaire, on repassera!

    «L'accord de l'adjectif ou du participe passé se fait généralement au masculin singulier. Cependant, si le pronom représente un sujet féminin au singulier ou au pluriel ou un sujet masculin pluriel, l'adjectif ou le participe passé s'accorde avec ce sujet, s'il y a lieu.»

    Tiré du Multi-Dictionnaire. Et si j'avais eu le Grévisse, j'aurais trouvé la même règle.

    Cette règle s'applique aussi au vous. Dans la phrase «Vous êtes heureuse, Madame?», le "vous" laisse sous-entendre le singulier, alors on ne l'accordera pas. Et dans le texte de Daniel, le "on", laisse sous-entendre plus d'une personne, alors il faut l'accorder.

    Excusez-la, ça fait plus de huit heures que je fais de la correction!

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  5. Merci Constance! J'allais faire le même commentaire.
    Exemple surprenant: «On dormait (singulier) entassés (pluriel) les uns sur les autres...»

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  7. La langue évolue, peut-être plus vite que le dictionnaire. Quand nous étions enfants le "on" mis pour "nous" n'était pas toléré dans une rédaction. J'ai été étonnée de voir que les professeurs de nos enfants le tolèrent mainteant. "Nous sommes", "nous étions", "nous avions" c'est lourd dans un texte. "On" c'est plus léger, plus enlevé… Il faut bien que les linguistes et les grammairiens admettent que ce sont les usagers qui font la langue et non les théoriciens.

    Le goût des choses qu'on oublie, la dame qui attend quarante ans que son mari vienne la chercher. Texte merveilleux.

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  8. Merci pour ces belles images. La fin est triste et joyeuse; on se retrouve devant un constat nuancé.
    J'ai souris tristement.

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  10. Holà! Je ne voulais pas remettre de l'huile sur le feu, mais comme ON en jette à ma place, autant me joindre à la fête.

    J'ai mon Grevisse sous la main et je vois toujours cette même règle. "Mais il n'est pas rare que le pronom représente en fait une ou des personnes bien identifiées et concurrence les pronoms personnels je, tu, il, nous, vous, ils, elle, elles. Dans ce cas, si le verbe reste nécessairement au singulier, l'adjectif attribut, l'épithète détachée, le participe passé peuvent prendre le genre et le nombre correspondant au sexe et au nombre des êtres désignés."

    Et on peut y lire ces exemples :

    - On est fatigués (Oh! mon Dieu, de Colette! Quelle écrivaine de mauvais goût!)

    - On n'a jamais été fâchés. (Robert Desnos)

    Il ne s'agit même pas de pauvreté de langage, le "on" est accepté.

    Bon, voilà. Maintenant, je répondrai à l'insulte : quand ai-je prôné une mauvaise écriture? Vous êtes blessé d'avoir tort, Monsieur Vaguedemainmachinchouette?

    Je suis en faveur de la mouvance de la langue, s'il n'y en avait jamais eu, nous n'aurions pas d'accents et le français serait encore truffé d'absurdités de la langue. Celle-ci se transforme, il faut s'adapter. Si cela est un vice de la jeunesse, de vouloir le changement, eh bien, j'assume.

    Et puis, la fiction, n'est-ce pas le terrain de jeu de la langue? Tout est permis! S'il fallait s'abstenir d'employer des mots, des pronoms utilisés il y a plus de 200 ans, l'écriture serait lisse et sans intérêt.

    Vous avez une condescendance mal placée et injurieuse. Vous cherchez des appuis chez des gens de votre âge, en laissant sentir que les jeunes ne connaissent rien. Cessez de tourner le couteau dans la plaie, c'est vous qui vous humiliez en ce moment. Pour ce qui est de sport cérébral, dans votre cas, il faudrait un peu de profondeur et de bonne foi pour continuer le débat. Et surtout, syntaxiquement, vos commentaires sont incompréhensibles.

    Daniel, je m'éclipse. Désolée encore. Moi qui réagis rarement à tes textes, je suis embarrassée de prendre autant d'espace.

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  11. Je ne vis pas du même côté de l’océan que la plupart d’entre vous. Chez moi, il n’y a pas de tamia rayé, ni de ratons, on ne dit pas d’un bébé que c’est un ver à chou.
    Chez moi, il y a des lacs bleus dans la montagne, il fait noir quand la nuit tombe, le silence nous parle aussi.
    Il me semble que notre langue commune, n’est pas en danger maniée d’aussi belle façon.

    “…c’est un en deuil que nous avons monté les escaliers vers l’appartement. Nous avons rangé des sacs que nous n’avions même pas ouverts, des jeux auxquels nous n’avions pas joué, des vêtements que nous n’avions pas mis. En se couchant, nous nous sommes dit que tout cela passait trop vite…”

    C’est comment maintenant ? Trop lourd, hein ? Pas terrible.

    Un texte, c’est une alchimie complexe, il ne suffit pas de bien choisir les mots et de les agencer en respectant scrupuleusement la grammaire. Et si la magie était de faire passer l’émotion entre les mots. C’est le fossé qui existe entre Daniel et ceux qui le corrigent. Je sais qu’entre vous c’est un jeu de profs de français. Moi, je ne suis pas prof et j’apprécie la langue un peu plus avec mes tripes. Je ne sais pas si on dit ça de votre côté de l’océan…

    Je me réjouis d’avoir ce genre de discussion d’une rive à l’autre.

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  13. Un professeur doit enseigner les règles générales effectivement. Ici, il ne s'agit pas d'un cours.
    Le jugement est préremptoire : "pirouettes de style".
    Constance a écrit : condescendance.

    "…des professeurs de lettres redoutablement ''classiques'' face aux ''modernes'', une sorte de secte intégriste…"
    Secte intégriste, les mots sont lachés. Avec de tels principes on écrit des textes propres. Rien à redire sur la syntaxe, la grammaire, pour le reste : bof…

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  14. Pauvre Daniel! Tu n'as pas encore défait tes bagages, qu'on te plonge dans les sujets sérieux.

    Allez, fais-moi plaisir et oublie les règles de français pour quelques semaines encore. Viens plutôt nous faire la bise, histoire de prendre la mesure de notre ennui.

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  16. Ah! Comme on se bidonne en mon absence!
    Mais voilà, j'ai quelques secondes à moi pour répondre.

    Vaguedemain: Malgré l’affection que je vous porte, il me faut avouer que votre plaidoyer part dans une direction et bifurque à la recherche d’une cible à la moindre attaque qui porte. Je résume: votre questionnement est légitime, mais le reste, c’est du n’importe quoi.
    Ainsi, on vous prouve qu’il est correct d’accorder les participes passés employés avec «on», exemples d’auteurs tirés du Grevisse à l’appui, vous partez en guerre contre l’emploi du «on» plutôt que du «nous» sans reconnaître votre errance. Le Petit Robert, le Multi et le Grevisse acceptent l’emploi du «on» en ce sens que vous banalisez leurs dires. Si je ne peux plus me fier à ces sources, je reconnais qu’en effet, j’enseigne sans doute un mauvais français à mes étudiants.

    Vous dites que ces usages sont réservés à des auteurs de profession? Ça veut dire quoi «auteur de profession»? Quand le devient-on? Quand l’auteur reçoit 1$ (ou mieux, 1 euro, car les vrais auteurs ne sont sûrement qu’européens…) pour un texte (et dans ce cas, il devra récrire ce texte pour s’y permettre des pirouettes) ou mieux, quand la critique et le milieu littéraire reconnaissent l’œuvre de l’auteur, ce qui parfois, comme dans le cas de Vian, arrive après sa mort?

    Mais ce n’est pas là où la discussion dérape vraiment…
    Que vous compariez Constance (qui attend sans doute vos excuses) à Charest est une insulte aussi incongrue qu’inutile; que vous placiez tous les professeurs sous la même étiquette est d’une trop grande facilité; et que vous insultiez toute la jeunesse en l’accusant de ne pas avoir d’imagination (imagination que votre génération possède en exclusivité, si je comprends bien) relève du ridicule en plus d’être hors sujet.

    Soit, on ne parle plus le français d’autrefois; je ne parle pas celui de mes grand-parents et mes petits-enfants ne parleront pas le mien. C’est comme ça. Sinon, on allongerait encore les finales en «i» au féminin (comme dans «amie»), les roses ne seraient que roses, et les plombiers ne travailleraient que le plomb.

    Alors étirez les finales que vous voulez, je persiste à croire qu'il y a trop de fautes pour corriger celles qui n’en sont pas.

    Sans rancune.

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  18. Bon, je me coucherai plus tard avec toutes ces épitres que j'ai lues... Je voulais laisser un commentaire pour une fois: je n'ai pas choisi le bon billet.. Toujours est-il que vous êtes revenu (Daniel), alors j'aurai l'occasion de me reprendre.

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  19. Des vacances sont terminées (aaaahhh misère) et une femme vient de mourir (aaaaahhh tristesse) et vous vous débattez pour l'orthographe d'un mot? ... Un mot ne reste toujours que des lettres, qui assemblée ensemble évoque un objet, une action ou je sais pas trop. Mots qui jumelés à d'autres deviennent des phrases, phrases qui raccordées à d'autres apportent un message. Peu importe comment il s'écrit ce putain de pronom, reste que l'essentiel se cache dans le message qu'il suggère...

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  20. La petite, elle, ne s'est pas enfargée dans les mots. Il faudrait la remercier.

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  21. konselabidonne ici, bout d'ciarge!

    pour ma graine de sel, je dirais que "autre" prend un "s" dans "Constance et autre Charest".

    Et je suis prêt, tout comme Charest (je me comprends), à te pitcher une poignée de trente sous, à genouks à l'Oratoire et une oie sous le bras, pour que tu sois maintenant officiellement "auteur de professions de foie gras".

    Mon esprit n'est bu l'eu m'est gare moi-même...

    I'm back et je te dois une bière (parlant de Charest...)

    J.R.

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  22. J'aime, je consomme et je pratique, à l'écrit du moins, une langue que l'on pourrait dire classique, bien que ce clacissisme dont beaucoup se réclament ne remonte pas beaucoup plus loin qu'au XIXe siècle. Les plus classiques de nos auteurs contemporains n'écrivent déjà plus comme Rousseau, Voltaire ou Chateaubriand et encore moins comme Molière. Peu de gens savent que nous le lisons rarement ces auteurs « dans le texte », mais plutôt des versions dont l'orthographe et la ponctuation ont été modernisées, notamment par Hachette (au début du XXe siècle, je crois).

    Nos « classiques » de référence sont Hugo, Zola, Dumas et Flaubert. Je vous rappelle qu'en leur temps ils ont tous été critiqués, voire attaqués sur leur style (tout particulièrement Flaubert qui n'est donc peut-être pas le parrain idéal des anciens dans ce nouveau débat entre anciens et modernes).

    Enfonçons ici une porte ouverte : la plupart d'entre nous pratiquons deux langues qui n'ont que peu à voir entre elles. Une langue orale vivante, influencée par la rue, par nos voisins américains, regorgeant d'expressions de vieux français et une langue écrite guindée, fermée, tournée vers la France et le conservatisme des Immortels et de ses grandes institutions littéraires. Ce phénomène n'est pas nouveau, et surtout pas limité au Québec.

    Je disais plus haut pratiquer une langue classique; ce n'est pas tout à fait exact. Je pratique une langue la plus riche possible, parce que j'aime les mots et la création verbale. Et s'il faut écrire « embarquer » dans une voiture, je le fais parce que j'en ai envie. Idem pour les squidoux, les chars, des dompes, etc.

    Une langue riche, c'est ça la clé. Une langue métisse, comme Raphael Confiant (Trilogie tropicale, http://www.librairiepantoute.com/fichelivre.asp?id=256728&/2923153545/trilogie-tropicale/raphael-confiant), comme Queneau, comme Ferron.

    Il est aussi possible de pratiquer une langue classique et pauvre. Mais ça ne m'intéresse pas.

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  23. Encore une fois, superbe texte. Les images sont superbes.

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  24. M. Vaguedemain,
    M. Rondeau est un exemple parmi les blogueurs pour la qualité de sa langue écrite, tant au niveau de sa correction qu'à celui de la clarté. Ce n'est manifestement pas votre cas.
    Le Bon usage de Grévisse, pour votre gouverne, est grosse brique verte et une grammaire très reconnue dite descriptive, puisqu'elle ira d'abord observer la langue au lieu d'édicter des normes. Vos professeurs devaient la connaître. Allez consulter, c'est un exemple de rigueur.
    On apprend donc en la feuilletant que notre fameux pronom peut avoir un sens vague, désigner une personne bien déterminée (exemples chez Hugo et Racine) ou faire concurrence au « nous » (usage répandu au cours du XIXe siècle, en France sans doute, puisque Grévisse décrit d'abord la variété française).
    Cet accord particulier, que vous condamnez sans appel et sans savoir — et en faisant de votre opinion la norme —, a un nom, c'est une syllepse (« accord selon le sens et non selon les règles grammaticales ») ; Le Robert donne des exemples. Notre brique aussi, chez Molière notamment : « Et l'on ne devient gueres si riches à estre honnestes
    Gens [sic ».
    La langue est un outil complexe et riche (pour avoir des règles sans exception, l'on peut se tourner vers les langues artificielles). Elle évolue aussi, n'a rien de fixe ; de nouveaux usages s'imposent avec le temps. Bien entendu, ce n'est pas une excuse pour être paresseux.
    Je conçois bien qu'un enseignant ne peut pas aborder devant ses étudiants toutes les nuances de la langue : ils seraient vite perdus. Mais ici, M. Rondeau, tout professeur qu'il est dans la vie, n'est pas, sauf erreur, en train d'enseigner.

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  26. Mister Vague,
    Allons droit à la source du problème ; le plus souvent il se trouve dans l'anus. Et dans ton cas, ça me semble vérifiable. Va donc te couler un bronze, ça va te libérer. Décrotte-toi les ongles et le nombril, si t'as du mal à prendre ton pied, et laisse les autres avoir du plaisir avec la langue.
    Et pour les morts, laissons-les dormir.
    Dentelles

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  27. roooooooooooooooohhhhh

    (comme disent les francais)

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  28. Mince!

    (comme disent d'autres français, notamment ceux qui font la traduction de Dora l'exploratrice).

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  29. Bien que ce soit contre ma «politique éditoriale», j'ai effacé les commentaires de Vaguedemain à sa demande.

    Fin de la discussion, donc.

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