mardi 17 avril 2007

Bang!

Bang! Bang!
Un être humain tire et tue deux personnes dans une résidence étudiante de l'université Virginia Tech.
Bang! Bang!
Les autorités et l’université en question ne réagissent qu’après deux heures aux deux premiers meurtres, parlant «d’incidents [sic!] isolés».
Bang! Bang!
Le tueur barricade des portes d'un autre pavillon de l'université et tire à bout portant sur les gens pris en souricière.
Bang! Bang!
Plusieurs étudiants prennent des photos de la mort en directe avec leur téléphone portable. D’autres filment la masse paniquée et des corps ensanglantés suffisamment longtemps pour remplir la carte mémoire de leur appareil.
Bang! Bang!
Les photos des premiers et les vidéos des deuxièmes sont disponibles sur le web en moins de deux. Ça leur permet d’emplir à nouveau les cartes mémoires d’hémoglobine, de panique désarmée, de canons pointés. Peut-être même qu’un des photographes-caméramans d’occasion pense à tout l’argent qu’il fera en vendant les images à CNN.
Bang! Bang!
Les journalistes arrivent sur les lieux du carnage en même temps que les autorités afin d’imbiber de rouge les téléjournaux et les unes du lendemain, unes qu'on tue rapidement.
Bang! Bang!
Les archivistes de partout établissent un palmarès des tueries en milieu scolaire en les classant par nombre de décès.
Bang! Bang!
Alors que certains pleurent, tremblent, cherchent du réconfort, se tordent de douleur, feignent la mort ou meurent tout simplement, un étudiant sur le campus raconte live sur un blogue ce qui s'y passe. On ne sait comment ils ont pu en être avisés aussi vite, mais des centaines, voire des milliers d’internautes le lisent en temps réel et attendent la suite du feuilleton avec le même appétit que pour l’émission Survivor. Live and let die.
Bang! Bang!
Les téléjournaux de la planète fracassent des records d’audimat avec leur nouvelle américaine. Je suis du lot et j’avoue que ma soif m’a légèrement écoeuré.
Bang! Bang!
On décrète que le tireur fou est le fruit d’une société malade, une société malheureusement sans frontières, atteinte d’un cancer profond.

Avec autant de symptômes, force est d'admettre que le cancer est généralisé.

Bang!

6 commentaires:

  1. Triste analyse, mais véridique à mon sens

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  2. Génial le bang seul à la fin... tout est là!

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  3. Je ne sais pas, je n'ai pas la télé.

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  4. Je ne crois pas que notre (triste ???) époque ait l'exclusivité des tireurs fous. Peut-être que leur exploit (!!!)nous vient à l'oreille plus rapidement mais leur cruauté trouve certainement son égal à travers les siècles...

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  5. Benoît: je ne crois pas que notre époque ait l'exclusivité de la violence, même passive. Il semble même qu'elle soit une des moins violentes. Elle n'a que plus de moyens de l'exprimer.

    D'ailleurs (je m'écarte de plus en plus de mon propos, mais enfin...), n'était-ce pas le but du tireur de Dawson (qui avait promis à un ami qu'on le verrait un jour sur CNN)? En ce sens, je rejoins l'avis de Prof malgré tout (voir le texte sur son blogue).

    J'ai écrit symptômes à la fin de mon billet. J'aurais peut-être dû écrire tu( )meurs...

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  6. Je ne saurai probablement pas les détails mais j'ai décidé de ne pas ouvrir la télé.
    La seule chose qui reste de valable c'est encore de dire à nos proches qu'on les aimes , autant qu'on peut.
    Le spectacle des médias ,même si une bonne part d'eux ont à coeur d'informer, m'indispose.
    Mais je comprend l'attirance qu'on peut avoir d'en savoir plus, c'est pour ca que je me tiens loin d ela Télé.

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