mardi 22 août 2006

Pendant que le bonheur s'endort

Je me tiens dans l’ombre de la veilleuse, pour ne pas qu’elle me voie, pour ne pas déranger son manège. Ses petites mains tricotent une écharpe invisible, pleine de couleurs, pendant que sous sa suce s’entendent des efforts dans le vide, des ahanements pour grandir, à moins que ce soit déjà ceux de vivre…
Je me tiens dans l’embrasure de la porte, pour ne pas qu’elle entende mes sourires, pour ne pas faire fuir son sommeil qui pèse déjà lourd dans la balance et sur ses paupières, ce sommeil que l’on souhaite, précieux et fragile comme de la porcelaine de Chine.
Je reste à portée d’effluves, à un souffle d’écart, pour la regarder s’endormir comme on regarde les avions décoller, en se disant que ça ne se peut pas, qu’il y a là magie, qu’il y a là des forces plus grandes que nous qui opèrent, des miracles pourtant quotidiens. Et je suis incapable de croire qu’ils s’useront. Pourtant si. À moins que ce soit moi qui m’userai…
Je reste là, à me dire qu’il faudrait bien que je profite de l’oasis pour faire un tas de trucs futiles. Mais je suis bien incapable de fermer sa porte de chambre.
Je reste là, à regarder le bonheur s’endormir, à profiter du temps avant qu’il ne ferme lui-même la porte.

7 commentaires:

  1. C'est un hommage à Dame V. qui s'endort?

    Nan, je blague. Superbe texte! Merci!

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  2. C'est un blog plein de bulles de bonheur ici depuis un certain temps! On ne peut que s'amuser, comme spectateur, à contempler tes collages de bouts de vie et bave de bébé. Bravo! et continue!

    Catherine R.

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  3. Sans blague ton blogue me rempli d'une joie et surtout de sentiment d'accomplissement , tes textes sont pleins , il n'y a jamais un mot de trop ni rien . Tu me touche , continue .

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  4. Magnifique, on la voit presque et vient l'envie de marcher sur la pointe des pieds et de retenir son souffle pour ne pas la réveiller...

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  5. On les regarde dormir paisiblement, en se demandant à quoi rêvent-ils? Aux anges sûrement.

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  6. C'est vrai que c'est des instant à s'en remplir la caboche. Pour les jours ou ils seront aussi grands que la vie les pousserons à devenir.

    maman de 3 trop grand enfants (déjà).

    xx

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