dimanche 23 avril 2006

Mon pathos, ce n'est pas mon pathos, c'est l'envers...

Pour ceux qui ont manqué la genèse du tollé, vendredi dernier, Émilie Dubreuil, une chroniqueuse (pas une journaliste, nuance) à la radio de Radio-Canada, faisait un portrait du côté sombre des blogues (et qui dit sombre sous-entend qu’il y a un côté plus clair). Basée principalement sur les témoignages éloquents de Catherine Voyer-Léger et de Bertrand Hall, la chronique mettait au jour ce que d’aucuns savent : sur les blogues, il y a de forts égos qui vivent par et pour le succès de leur blogue, que ce dernier est parfois leur unique médium de socialisation, qu’il y a un je-ne-sais-quoi de pathétique à exposer sa vie sans censure sur le Net et à attendre la réaction de lecteurs anonymes, et que de disgracieux et malsains règlements de compte parfois très personnels y foisonnent.

En réponse à ce portrait peu flatteur mais ô combien réaliste, quelques blogueurs ont remis en question les compétences journalistiques de Dubreuil, ont souligné qu’ils ne sont pas centrés sur eux-mêmes tout en se demandant pourquoi on ne leur a pas demandé leur avis sur la question, et ont attaqué personnellement, à mots à peine couverts, les deux blogueurs du reportage en les traitant pratiquement de pathétiques collabos d'un vague complot anti-blogues de la société d’état…

CQFD.

Intéressant de voir à quel point les mécanismes de défenses de certains blogueurs ont fortement réagi à ce portrait.

En psychologie, on appelle ça du déni.

16 commentaires:

  1. Aucune idée de ce dont il est question.

    Et il est totalement ridicule d'espérer que tout le monde soit ausculté. Gang de jaloux.

    Mais avouons : quant à avoir un échantillonnage de témoignages, on peut franchement espéré beaucoup mieux côté objectivité. Difficile de choisir plus émotif ou mieux plogué.

    Pas sérieux tout ça…

    Mais dans le fond, on s’en fout, non?

    Non?

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  2. Bien sûr qu'on s'en fout pas mal. D'ailleurs, j'en veux à personne. Je trouvais juste ironique la réaction, et je regarde tout cela avec un sourire en coin. Parce que, qu'on le veuille ou pas, tous les blogueurs se reconnaissent quelque part dans ce reportage.

    Je doute que les témoignages aient été choisis parce qu'ils étaient «plogués» ou émotifs. Ils étaient, disons, ouverts à l'auto-critique...

    Un témoignage ne sera jamais objectif. Il peut être lucide cependant.

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  3. Bonjour Daniel,

    Je n'ai pas réussi à écouter l'émission, bogue sur l'ordi.

    Chaque bloggeur a ses raisons de bloguer; c'est tour à tour "pathétique", mais aussi drôle, burlesque, ludique; il peut s'y développer une grande complicité, des débats, se dévoiler des compatibilités ou des animosités; enfin, je dirais que lorsque c'est trop renfermé, ça ne sent pas bon... Faut pas trop attendre d'un blog comme on attendrait d'une présence dans une taverne. Vois-tu je trouve extraordinaire pour ma part que des personnes de l'Océanie puisse me lire...
    Bye Daniel, le monde ne finit pas à Montréal, surtout pas au plateau Mont-Royal! :)

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  4. Marie-Chantal:
    Vois-tu, ta réponse est exactement ce que dénonçait Bertrand Hall, c'est-à-dire les limites communicatives du blogue.

    Je n'ai jamais dit que les blogues (et les blogueurs) n'étaient QUE pathétiques. Je ne mets pas tout le monde dans ce bateau, mais surtout pas tous les textes de blogueurs. J'ai aussi écrit ma part de pathos. Il y a beaucoup de bon dans la blogosphère. C'est d'ailleurs pourquoi j'utilise les blogues dans mon enseignement. Mais même en classe, on passe quelque temps à discuter de ce qu'est un bon blogue, et des motivations des blogueurs. Ça fait partie de la réflexion.

    Une autre chose qu'avançait Hall lors du reportage: les réactions, voire les mésinterprétations qui poussent les blogueurs et leurs lecteurs à ponctuer leurs réponses d'attaques personnelles limites, comme celle où tu laisses entendre que le fait que j'habite le plateau fasse de moi un être borné, sourd et insensible au reste du monde. Mine de rien, ce commentaire apporte de l'eau au moulin aux détracteurs des blogues.

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  5. Désolé si je bifurque un peu du sujet mais ... justement, ça m'intrigue:

    Qu'est-ce qu'«un bon blogue»?

    Partons du fait que chaque blogue représente une ou plusieurs facettes d'une personnalité... Si je fais le lien avec: qu'est-ce qu'une «bonne personne»?

    En supposant qu'à chaque torchon sa guenille et que tous les goûts sont dans la nature... j'aurais tendance à déduire qu'«un bon blogue», ça n'existe pas vraiment?

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  6. Je suis d’accord avec vous, Daniel. Je tiens un carnet où on peut lire des nouvelles et des photos de mes jeunes enfants. Je ne diffuse l’adresse qu’aux matantes éloignées, mais il m’est arrivé d’avoir des commentaires d’étrangers. À chaque fois, je trouve ça un peu bizarre… J'ai déjà abouti sur des carnets chouettes mais aussi sur certains dont le caractère égocentrique est absolument démesuré. Mais au fond, peu m’importe puisque je suis à un clic d’un ailleurs que j’espère meilleur. Ce phénomène mérite quand même d’être exploré, ne serait-ce que pour le repli qu’il engendre. Décidément, le blogger d’aujourd’hui est une bien drôle de bibitte, et je suis probablement du nombre. Après tout, j’ai, moi aussi, déjà attaquée parce que je vivais au Plateau ;-)

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  7. Ce n'est sûrement pas pire être jugé comme blogueur que comme agriculteur. Et qui dit agriculteur dit habiter à la campagne au fond d'un rang. (les enfants disent dans un trou). Nous sommes constamment visés comme étant des pollueurs de la pire espèce, pourtant il y a beaucoup d'efforts qui pronent la protection de l'environnement de faits en ce sens. Continuez c'est intéressant de vous lire.

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  8. Bon j'ai fini par réagir chez moi. Ceci dit Dan tu te doutes que je suis d'accord, même si comme je l'ai dit ici et là je ne reprendrais pas certains propos.

    Et anonyme, moi je suis l'émotif ou le plogué? :o)

    Anyway, je ne me trouve pas émotive dans ce topo. Je me trouve exactement comme je suis: analytique à l'excès, portée sur l'autodérision et pas mal heureuse de l'être finalement!

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  9. Bonjour Daniel,

    Désolée pour la remarque "anti-montréaliste".

    En réalité, je trouve exagéré que R-C n'ait invité que deux personnes. Voilà, Daniel: ça biaise le débat, tout simplement.

    Je ne réfute pas pour autant ce qui a été dit sur les blogs...

    Et si on commençait à s'ouvrir à ce que l'autre veut honnêtement exprimer, sur les blogs et ailleurs...

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  10. Souris: en effet, on est pas mal hors d'ordre ici. Ce serait un bon sujet, que j'aborderai peut-être une autre fois.

    Les autres: voilà: autodérision et, comme pour l'anonyme agriculteur ci-haut), capacité d'affronter un reflet (celui des blogues) beaucoup plus large que le nôtre propre (notre blogue perso). Ceci dit, on porte le chapeau si ça nous fait. Si ça ne nous va pas, on le laisse sur le présentoir. Si la chronique radio est venue tant que ça chercher certains, c'est peut-être parce qu'elle visait juste. Moi, je l'ai trouvée intéressante parce que c'est ce dont j'ai discuté en classe avec mes étudiants.

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  11. Je trouve que t'aurais pu dire que tu l'as trouvée intéressante parce que je suis extraordinaire. Je trouve.
    C'est cheap! Je vais m'en rappeler! :op
    Mais arrête de débattre là, pis va accoucher!

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  12. je n'ai bien entendu pas suivi l'émission (française sans télévision) mais d'après le résumé il me semble qu'elle ne disait que la vérité, en tout cas c'est ce qu'il me semble d'après mon cas, et quelle importance ?

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  13. Ben justement, ça n'avait pas la prétention d'être une "analyse" ni même d'avoir un tant soit peu de profondeur (me semble). Alors forcément oui, si on le qualifie d'analyse, ça en fait une pleine de défauts.

    Une chronique de 5 minutes dans une émission de radio, peut-on le prendre pour ce que c'est et se calmer les nerfs un peu là?
    Moi je dis le blogueur moyen il n'est pas pathétique, il est juste très très suceptible.
    :-p

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  14. C'est un peu l'image que je me faisait des blogues avant : un journal intime sur Internet où les ados racontent leurs vies et leurs problèmes. Jusqu'à ce que je rencontre Mélanie au Québec je ne savais pas que le blogue pouvait être un joli moyen d'expression.

    Il y a un peu plus d'un an, de retour en France, j'ai créé le mien. Mais aujourd'hui je vois encore beaucoup de blog qui correspondent à cette sombre description. Tout dépend de ce que l'on en fait.

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  15. qu'est-ce qu'un blog?

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  16. Pourquoi cet énervement autour du blog ? Cela doit être parceque c'est nouveau. Pourtant ce ne l'est pas tellement : le blog permet d'avoir des conversations silencieuses avec quelqu'un, sans les contraintes de temps et de la présence physique. Un blog est donc comme un livre. Reprochera-t-on à quelqu'un de lire ?

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