mercredi 15 février 2006

L'Orgueil plus fort, plus haut, plus loin

À la télé, je regarde sans les distinguer des triples boucles piquées et des triples axels, je vois des lugeurs qui fusent à 125 kilomètres à l’heure, le cou cassé, tentant de discerner la prochaine courbe par-dessus leur sexe moulé au kevlar, j’écoute le commentateur, pourtant à mille lieues de la patinoire, chuchoter dans le micro son admiration pour un atterrissage ou crier son exaltation de voir un sportif à lames démesurées faire le tour d’une piste ovale et se dépêcher, dès la ligne d'arrivée franchie, d’enlever son passe-montagne peu glamour pour montrer sa chevelure. On recouvre de drapeaux et de médailles des humains de carnaval qui glissent vite, qui connaissent les pirouettes, des humains qu’on utilisera, une fois usés, pour vendre des céréales, des réer ou des culottes absorbantes aux couleurs de la patrie. Ceux qui n’auront pas mérité leurs cinq secondes de piédestal, on les oubliera, car l’important n’est plus, n’a jamais été de participer.

À la télé, Germain Larivière en profite pour transformer ses matelas en bobsleigh, Macdonald transforme ses boulettes en médailles d’or pour enfants, Radio-Canada transforme la victoire d’un athlète en fierté nationale, le il en nous. Il fait bon de crier Canada, ça couvre le pleurnichement ambiant.

Il y a 400 ans, les indigènes échangeaient aux colons des tonnes de peaux pour un bout de miroir, pour se voir, pour se contempler. Il nous faut admettre que la transaction a bien peu évoluée, et que l'indigène n'est pas toujours celui qu'on pense.

Les olympiques, c’est cinq anneaux dénués du sens originel, qu’on porte pour décorer notre nombril.

13 commentaires:

  1. Yep! Pas différent dans le sport qu'ailleurs, d'ailleurs: personne ne se branle pour autrui à part les Gérald Larose, Françoise David, Denis Coderre de ce monde. Mais eux, c'est pas pareil: sont très douer.

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  2. Yep! Pas différent dans le sport qu'ailleurs, d'ailleurs: personne ne se branle pour autrui à part les Gérald Larose, Françoise David, Denis Coderre de ce monde. Mais eux, c'est pas pareil: sont très doués.

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  3. La vie est déjà un sport qui nous fait tourner en cercle sur un anneau glissant, en équipe ou en solitaire.
    Je n’ai aucune discipline, le seul piédestal où je risque accidentellement de monter est le gauche d’un partenaire trop adroit de danse.
    Manque de veines, je ne suis compatible avec aucune substance illicite.
    J’ai le nombril anti-adhésif et trop petit pour retenir un ego d’or.
    Et je ne ferai jamais l’objet de récupération abusive, je ne serai jamais porte-parole…je manque de maux.

    Non! Je ne mange pas de ce pain de sigle!

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  4. je déteste le fric des jeux, je n'ai pas une passion pour l'esprit de compétition et encore moins pour les rivalités national istes, mais je trouve que le spectacle est assez souvent beau (je me limite à quelques photos)

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  5. Les quoi ? De kossé ?

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  6. Boycote, ne regarde pas, tu verras que cela ne te dérangeras plus et si le nombre en fait autant, on reviendra peut-être au sport d'antant.

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  7. Martin Brodeur: il est capable parler lui? La dernière fois que je l'ai entendu il se limitait à des grognements inintelligibles.

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  8. Moi j'ai hâte aux jeux gais. Une nouvelle épreuve est prévue: le lancer du pénis... On dit aussi que les vélos n'auront pas de selle...

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  9. Bémol:
    Oui Dan, n'empêche, une fois tous les deux ans je suis prêt à observer la trêve olympique, à ne pas brûler le drapeau canadien au son du "Ô Canada". Même qu'il m'arrive parfois de verser une larme lors de la remise des médailles, juste en imaginant les heures de travail qui portent fruit. Et puis, ce ne sont pas tous de futurs millionnaires, tant mieux si certains peuvent manger autre chose que des McCroquettes en annonçant du MacDo. Mais oui, la reprise d'une fausse fierté nationaliste est navrante.
    Fier des participants? Bof, m'en fout. Content pour eux, si, par contre.

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  10. Totalement d'accord avec Lagreff, tout ce temps consacré à une passion qu'est le sport, et tous les sacrifices faits, pour un petit et bref moment de gloire. Ça vaut la peine de partager ces instants de grâce physique. Et c'est une fois tous les 4ans. Ça va loin pour prédire son futur...

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  11. Il ne faut pas se méprendre: il m’arrive de contempler bouche bée les exploits des athlètes. De les voir sourire, pleurer de joie ou crouler de déception à la fin d’une épreuve me touche souvent. Ce qui me laisse songeur, c'est le racolage patriotique qui les précède, les suit, les noie. Les drapeaux portés en cape, les hymnes nationaux qu’on lit sur les lèvres des médaillés d’or, les mêmes médaillés qui n’hésiteront pas à courir sous un autre drapeau pour quelques bidous de plus. Il y a des centaines et des centaines d’exemples. Moi, un athlète qui sert à vendre un pays, je trouve ça triste. Surtout s’il partage son temps entre la vente d’un pays et la vente de McCroquettes.

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  12. On est bien d'accord. Encore une fois, je n'aurai servi qu'à préciser ta pensée.
    ;-)
    (Meunon, j'avais lu entre des lignes inexistantes.)

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