vendredi 3 février 2006

Joe déblatère et gars rage

Je suis là, devant le comptoir, à attendre qu’un mécano avec les ongles noirs de graisse et un excès de confiance en ses boulons daigne me dire « On-t-a-tu répond? » J’attends, me préparant tant bien que mal à me faire détrousser parce que je n’ai aucune maudite idée de combien coûte une réparation de l’affaire qui fait bling bling en avant quand on tourne et que le moteur est froid. N’importe quel montant entre 20$ et 400$ me semblerait justifié. J’espère que ma fille sera mécanicienne, ne serait-ce pour qu’enfin j’aie un garage digne de confiance où aller…

Près de moi, une sorte d’énergumène atteint d’hyper sociabilité qui semble connaître tout le monde dans ce monde de cambouis. Il ne cesse de parler et raconte n’importe quelle de ses mésaventures. Son discours est l’équivalent sonore des images trois D dans les livres : surchargé, inintéressant, qui vous laisse avec le regard torve. Le genre de personne qui, quand plus personne ne l’écoute, continue à parler en pivotant sur lui-même à la recherche d’une oreille trop timide pour la fuite. Et voilà que Joe verbomoteur se cherche une oreille accueillante. Je dois baisser les yeux… Regarde comme le plancher est intéressant… Garde-les baissés, Dan…

Je les relève trop vite; Joe logorrhée me harponne :
- Pis là, les p’tits criss de voleurs sont partis avec mon mirouèr de porte. Criss, ç’a-tu du bon sens?
Là, il me regarde dans les yeux. Je le sens, il pense qu’on est amis.
- Hein, tu trouves-tu que ç’a de l’allure, toué?
Est-ce que quelqu’un peut me proposer une réponse intelligente à ce genre de question? Sinon, quelqu’un connaît un mécano qu’on peut consulter en cabinet privé?

9 commentaires:

  1. Ahah, excellent, je t'imagine tellement la face déconfite.
    Et c'est le moment de ressortir mon excellent aphorisme pour ton public en délire qui ne consulterait pas mon île:

    T'inquiète, chaque verbomoteur finit tôt ou tard par rencontrer son pot d'échappement.

    (ahah, et j'arrive à me trouver drôle)

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  2. Ma réponse serait: "Tu suces-tu, toué?

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  3. J'ai développé une arme fort efficace contre le « small talk » : le sourire explicitement feint. Quiconque se le fait servir comprend immédiatement le message : « Regarde : je suis polie, mais à peine ».

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  4. Tu fais l'intéressé, sans quoi il ne fera son boulot qu'à moitié.

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  5. Franchement Demetan! Quel snobisme de ta part! C'était un personnage.

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  6. J'suis snob... J'suis snob. J'm'appelle Patrick, mais on dit Bob...

    **

    Loup! On est drôlement dus! Surtout si ça vient avec un check up de la patente qui fait cling cling en avant à droite...

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  7. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

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  8. Tordu : Les verbomoteurs manquent dé sens

    ps : Pour le garage de filles, idée de slogan : Faites vous pas fourrer comme ailleurs, ici on crosse pas cher!

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  9. merci de m'avoir fait rire de vos malheurs.
    Pour la réponse je ne vois en effet que le sourire, bien figé, bien mécanique

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