jeudi 30 juin 2005

Attention, je vous écoute...

Revenant d'un voyage en Néerlande (les moulins, les tulipes, les coffee-shops et tout et tout)...
«J'ai rencontré l'homme de Neandertal.»
Rino Morin-Rossignol

lundi 27 juin 2005

Clairs-obscurs

Clic.
Clic.
- François?
Clic.
Clic.
- François?
Clic.
- Quoi, Chantal?
Clic.
- Dors-tu?
Clic.
- Pus vraiment...
Clic.
- Moi non plus.
Clic.
- On dirait pas…
Clic.
Clic.
Clic.
- François?
Clic.
Clic.
- François?
Clic.
- Quoi?
Clic.
- Tu m’aimes-tu?
Clic.
- Non, pas vraiment.
Clic.
- Arrête de déconner, François. Je te pose une vraie question.
Clic.
- Ben, si d’office «non» n’est pas une réponse valide, je crois qu'oui, d’abord.
Clic.
- C’est un peu poche comme réponse.
Clic.
- Chantal-mon-amour, c’est sûr que je t’aime! Je viens tout juste de te faire jouir avec ma langue, en plus. Je fais pas ça aux filles que je déteste; c’est contre ma religion.
Clic.
- Mmmm… C’était bon…
Clic.
Clic.
- Ça te va mieux, cette réponse?
Clic.
- Je t’aime aussi, François.
Clic.
Clic.
- Je peux dormir, là? Parce que nous, les hommes, on se pose des questions le lendemain. Juste après l'amour, on dort.
Clic.
- Ça marche con, les hommes.
Clic.
- Les lapins aussi fonctionnent de même. C'est les hormones.
Clic.
- Ça marche con aussi, les lapins.
Clic.
Clic.
- D'abord, bonne nuit mon p'tit Francky d’amour!
Clic.
- Bonne nuit.
Clic.
Clic.
Clic.
- Chantal?
Clic.
- Quoi, lapin hormonal de mon coeur?
Clic.
- Tu peux arrêter d’allumer et d’éteindre la lumière?

jeudi 23 juin 2005

C'est ta fêteu! C'est ta fêteu! C'est ta f, c'est ta f, c'est ta fêteu!

Merci à Catherine qui m'a fait remarquer qu'hier, mon blogue fêtait son premier anniversaire.
En années humaines, il bave partout et essaye d'attraper la flamme de la bougie sur son gâteau;
en années de chiens, il est un ado romantico-niaiseux et se croit rebellle de faire comme ses amis;
en années de blogues, il est déjà redevenu incontinent, se répète tout le temps et ne reconnaît plus la visite;
en années de blogues, il est déjà redevenu incontinent, se répète tout le temps et ne reconnaît plus la visite;
en années de blogues, il... J'vous connais pas. Vous êtes qui, vous?

mercredi 22 juin 2005

Trois dollars et quelques sous

Pour le collectif Coïtus impromptus

Martine est célibataire depuis longtemps. Depuis sa naissance elle dira, mais elle exagère toujours un peu. Kévune, lui, est le gars parfait pour elle. Cependant, Martine et Kévune ne se connaissent pas, ce qui n'est rien pour aider quoi que ce soit.
Martine a croisé Kévune une fois: un samedi matin, à une des épiceries géantes de leur banlieue. Lui, il avait cessé de pousser son chariot géant plein de boîtes géantes quand il a vu Martine marcher au ralenti vers lui dans l'allée des conserves. Au moment où elle l'a regardé, il a rougi comme un enfant. Kévune l'a trouvée vachement belle au milieu de ses cheveux en bataille. Martine l'a trouvé vachement mal habillé avec ses chaussures sales. Puis elle a hésité entre la mayo légère et la régulière avant de prendre de la sauce à salade, comme d'habitude. De plus, le pot de deux litres était en solde pour trois dollars. Tout heureuse de l'aubaine inattendue, Martine a continué son marché. Kévune aussi, après avoir retrouvé ses esprits.
Voilà.
Comme quoi le bonheur peut vous filer sous le nez quand on s'attend à ce qu'il soit bien sapé même les samedis matin.

Et les quelques sous qui restent, je vous les laisse. Vous me remercierez une autre fois.

mardi 21 juin 2005

Vie recherche trame sonore

Dans les films et les romans, tout survient au moment opportun; on allume la télé au moment où une nouvelle importante est annoncée. De même, la musique accentue judicieusement les moments forts et significatifs, même quand elle provient de la radio de la voiture voisine pendant un embouteillage.

Dans ma vie, j'allume la télé pour tomber sur une pub de meubles, pour apprendre que le prix de l'essence a augmenté de deux cennes et que c'est la fin de la civilisation, ou que l'indice pour le concours de la semaine est «lobotomie». Il en va de même pour la musique qui accompagne mes gestes quotidiens. Ma vie n'a vraiment pas une bonne trame sonore. Un exemple véridique: pendant une discussion particulièrement houleuse avec mon ex un soir de rupture, à la télé rugissait le Ô Canada de fin de soirée...

Mais, maintenant que j'y pense...

dimanche 19 juin 2005

Réflexion six pieds sous terre

Dans les représentations humaines de la vie dans l’au-delà, l’homme et sa douce s’imaginent avec le corps qu’ils ont au moment de leur mort. Ainsi, quelqu'un qui meurt à 25 ans dans un accident aura le corps de ses 25 ans pour l’éternité. Décédée à 84 ans, ma grand-mère en est quitte pour jouer aux poches et marcher avec de petits pas instables ad vitam aeternam. D'ailleurs, s'il en était autrement, comment la reconnaîtrai-je quand j’irai la rejoindre? je vous le demande…

Selon cette équation (et compte tenu que l’éternité peut être longue), l’homme et sa douce ont intérêt à mourir jeunes.

Attention, je vous écoute...

«Moi, j'aime ça, les toilettes de gars.»
Catherine Voyer-Léger

samedi 18 juin 2005

Un Mercredi midi à la taverne du coin

Pour le collectif Coïtus impromptus

Il y a Tony, l’aubergiste un peu moody, qui appelle tout le monde capitaine avec un accent italien qu’il a lui même inventé, et qui soustrait toujours dix pour cent de l’ardoise des amis, parce que c’est comme ça. Il y a Pierre, qui a un nez rouge et enflé et plein de trous, un nez impossible comme dans les bandes-dessinées de mon enfance et qu’on disait que ça se peut pas, mais qui bat tout le monde au billard en jouant une main dans le dos. Il y a Gaétan, qui marche en code morse depuis un accident de travail, un petit pas, un long, un petit... Depuis, qu’il boite, il boit, toujours assis sur le même banc. Il y a Fabrice, le Français qui est québécois depuis quarante-huit ans, cinq mois et trois jours aujourd’hui - on le saura -, qui fume des bouts de manche à balai qui sentent une Afrique où tout le monde sait bien qu’il n’a jamais mis les pieds, malgré ce qu’il peut dire. Il y a Mimi, qui a perdu un peu de sa beauté depuis qu’elle a pris son premier verre ici il y a de cela deux ou trois vies, mais qui a encore tout son charme. C’est aussi elle qui a la voix la plus grave de la bande. Il y a le petit Raymond qui s’endort immanquablement au cinquième pichet. Il a le gros Bill «Bud-lightyear», qui ne parle jamais sauf pour dire «Pis, à part de d’ça?». Il y a Pat, qu’on appelle Rainman parce qu’il connaît toutes les statistiques depuis 1452 dans tous les sports professionnels nord-américains. Il est le seul à pouvoir obtenir la pointe de tarte rose dès la première question à Quelques arpents de pièges. Il y a Sperm, dont on n'a jamais su le vrai nom et qui refuse de dire d’où vient son surnom. Il y a Disco-Dan, qui fait un jeu de mots avec n’importe quoi et son chien, mais surtout avec n'importe quoi. Il a gardé les cheveux et le médaillon qui lui ont apporté tant de succès en 1977. Et il y a moi, qui ne changerais cette bande de has-been pour rien au monde, car ils sont mes amis.

jeudi 16 juin 2005

Mais monsieur, vous comprenez ce que je veux dire...

Parfois, dans les travaux d'étudiants, il y a des fautes, des tournures géniales. Je vous fais part de quelques unes de la cuvée hiver 2005. Notez: les phrases sont retranscrites telles quelles.
Amusez-vous bien!


Le style du livre manque quelque chose à désirer.

(Logique implacable.)

Ça vient à un balancement de neutralité où il n’y a plus de pour et contre.
(Ça, c’est zen!)

Le fait de d’avoir écrit le roman en plusieurs petits paragraphes emporte le lecteur dans une profonde aspiration de pourchasser sa lecture.
(Taxi, pourchassez cette lecture!)

Le personnage habite sa vie normale.
(Mais attendez qu’il déménage...)

C’est un roman qui fait son affaire de plaire le lecteur.
(Il a toujours fait ce qu’il voulait, ce roman...)

Au courant du livre, j’étais sur des montagnes russes d’émotions et peu après, dans des vallées précipiteuses.
(Allez, dépêche-toi de tomber!)

La narration est impeccable et le roman ne serait pas si fort sans sa présence.
(J’ai lu un roman sans narration une fois... Bof.)

Les livres qui ne sont pas réalistiques sont plus difficiles à comprendre car il faut avoir de l’imagination.
(Il en faut aussi pour corriger!)

C’est un livre génial que les lecteurs ne vont pas être capable de fermer. Même le lire une deuxième fois ne fera pas contanter ceux qui cherche les plus petites subtilités.
(Tu auras beau le lire, tu trouveras rien, je te dis; c'est trop bon!)

Même pour ceux qui ne lisent pas c’est plaisant.
(Les meilleurs livres sont toujours ceux qu’on n’a pas lus!)

Les chapitres courts donnent au lecteur un sens d’accomplir quelque chose.
(Par contre, les longs chapitres nous font perdre notre temps.)

Le style du livre est bien réparti.
(Juste un petit peu de temps en temps)

En plus, le temps, qui porte une grande importance, représente l’ordre chronologique.
(Ouah! Géniale, cette idée de l’auteur!)

Il prend la tasse de la jeune fille et recherche l’endroit exact où ses lèvres ont eu lieu. Il boit ensuite sur le lieu désire.
(Moi, mes lèvres ont lieu tous les vendredis. Et toi?)

J’adore le livre, je ne veux pas le déposer à terre.
(Ça me viendrait même pas à l’idée, c’est pour dire!)

Un jour, par erreur, il trouve la femme de sa vie.
(Ah zut!)

Ce roman est si bien écrit qu’il devient un best seller instantanément.
(Pouf!)

Alex ne sait pas ce qu’il veut car il est indécis.
(C'est une bonne raison.)

Le vieil homme a due s’occuper de sa défunte femme qui souffre de la maladie de la Zeileimer.
(Bouge pas, ma défunte, le temps qu’on se souvienne du nom de ta maladie.)

dimanche 12 juin 2005

Histoire érotique sous le réverbère

Pour le collectif Coïtus impromptus

Sous le faisceau de lumière du réverbère, il commence à faire froid et les passants, rares. Ma montre indique tard. Je suis bien décidé pour une petite dernière avant de me coucher. Un dernier flash. J’espère que quelqu’un arrivera vite; je suis fatigué, et j’ai les couilles qui me rentrent dans le ventre de froid sous mon imperméable.

Dans le journal du quartier, on me surnomme Stan et on dit que j'oeuvre depuis quelque temps. En réalité, j’ai commencé à me montrer nu en public à la maternelle. De même, sans raison. Allez pouf! on baisse le pantalon. Tout le monde m’avait regardé, et l’éducatrice avait ri de malaise en me rabrouant maladroitement, pour la forme. J’avais bien aimé l'effet, alors j’ai continué, espaçant habilement mes frasques pour ne pas être inquiété par mes professeurs. Mais arrivait invariablement un jour où ils me regardaient du coin des yeux, suspicieux et vaguement inquiets. C’est que c’est mal vu de se montrer la besace au vent. Puis mon père était transféré de base militaire, comme à tous les deux ans. Chaque déménagement me donnait une réputation toute vierge à étrenner, et elle n’a eu aucun mal à survivre à mes expositions durant mon adolescence. Puis à dix-sept ans, ce fut les bars. Sifflé, applaudi, flatté, payé pour ouvrir mon costume d'indien, de pirate ou de pompier. Le bonheur. Puis le temps a amené des plus jeunes, des plus jolis. Sur scène, j’avais beau y mettre toute mon énergie, la recette était trop simple pour que l’expérience soit un réel atout. Les yeux se tournaient vers les nouveaux éphèbes percés et épilés qui fréquentaient les universités et les disquaires sans être dépaysés. J’ai rapidement été relégué aux mardis après-midi spécial-has-been pendant quelque temps. Puis les tenanciers ont cessé de m’ouvrir leurs portes, même quand je frappais longtemps. Je suis retombé dans l’anonymat.

J’ai naïvement cru avoir étanché une part importante de ma soif. Mais la soif est un système gravitationnel jamais longtemps assouvi et qui tire à bien des bassesses, et c’est l’âme desséchée que j’ai cherché des réverbères un peu à l’écart, avec beaucoup de zones sombres autour, pour donner des versions abrégées de mes spectacles entre deux pans d’imper. Cliché peut-être, efficace toujours.

Cependant, on se fatigue de tout et dans la poche droite de mon imper, j’ai la main sur un revolver. Pour un dernier flash. Question d’aller me faire voir ailleurs. D’ailleurs, je dois vous quitter, j’entends des pas qui s’approchent dans l’allée...

jeudi 9 juin 2005

La Culture avec un gros cul

Voilà qu’aujourd’hui, dans un article du quotidien Le Devoir, on apprend que la Société Radio-Canada n’a aucun projet de magazine littéraire, que ce soit à court ou à moyen terme. La télévision de la SRC n’aurait nulle intention «de se cantonner dans un magazine [littéraire] spécialisé s’adressant à un auditoire de plus en plus restreint», selon sa coordonnatrice des relations de presse. Je ne vous apprends rien quand je dis que notre télévision publique se veut plus généraliste que culturelle.

Ainsi, dès cet automne, c’est TVA (TVA criss!!!) qui aura une émission hebdomadaire intitulée Sous les jaquettes avec des capsules quotidiennes.

Pour résumer la situation, un réseau privé trouve que c’est rentable de diffuser des émissions culturelles alors que la SRC - publique - préfère nous innonder de films américains grands publics doublés en France pendant les heures de grande écoute.

Les pots: http://radio-canada.ca/util/joindre/index.asp
Les fleurs: http://tva.canoe.com/contact.html

Une question: le Ô Canada à la fin de la programmation quotidienne, il récolte combien en cote d'écoute?

mardi 7 juin 2005

Attention, je vous écoute...

Entre deux gorgées de bière au bar.

Catherine (constatant joyeusement): Les hommes plus vieux viennent plus vite.
Jeff (en remplissant un verre de glace): Ils sont tannés.

lundi 6 juin 2005

Lâcher prise

Il y a des moments où nous sommes peu de chose, où nous n’y sommes pour presque rien, comme le jour où nous apprenons dans une bienheureuse et joyeuse inquiétude que nous allons devenir papa, qu’une vie dépendra de la nôtre, que la relève s’en vient.

Il y a des moments où nous sommes peu de chose, où nous n’y sommes pour presque rien, comme le jour où nous annonçons la nouvelle aux amis, armé d’un bras d’honneur destiné aux statistiques ennemies sur les fausses joies, les fausses couches et autres orages ectopiques.

Il y a des moments où nous sommes bien peu de chose, où nous ne sommes plus rien, comme le soir où notre blonde, assise en pleurs dans la salle de bain, nous montre le sang qui tache sa main.