mardi 29 mars 2005

L'art d'offrir de la résistance

Nous sommes en 2005 après Jésus-Christ. Tout le Québec étudiant est occupé à user son pantalon sur l’asphalte et à scander des slogans idiots dès qu’un journaliste épaule sa caméra... Tout? Non! Un cégep* peuplé d’irréductibles Anglois tend toujours les fesses et relâche ses muscles pour mieux accueillir son gouvernement de droite.

Devinez où j’enseigne?

Heureusement, quelques étudiants marginaux (j’en connais 2 ou 3, je les chéris!) ont obtenu de leur association étudiante un vote général sur la grève (asso qui avait déjà, à huis clos, rejeté la grève!) Ainsi vote il y aura… le 5 avril! Et si jamais une étincelle de solidarité sociale s’échappait alors de la marge bourgeoise occidento-montréalaise, la grève serait pour le 11 avril. Ou le 12. Ou «don’t know yet». La maison brûle? Attendons voir si le feu s’éteindra de lui-même…

Quand le gouvernement pliera, ils raconteront à leurs enfants comment fiers ils sont de leur passé au sein de la résistance, comment grâce à eux leur pays diffère des U.S.

Et je vous jure qu’ils pensent que le film Elvis Gratton se moque des Franco-québécois «séparatisses».


* Pour les non-autochtones, le cégep (collège d'enseignement général et professionnel) correspond à la dernière année du lycée et la première universitaire.

lundi 28 mars 2005

Saoul âgé

Je bois plus que j’aboie
je saoule plus que j’enivre
je grisonne plus que je grise
je dégueule plus que je gueule
mais je gueule de bois plus qu’autres foies.

Tout ça ne me rassure guère
sur les vers qui espèrent
se délecter de ma dernière bière.

dimanche 27 mars 2005

Aphorisme

L'article de la mort est un déterminant singulier.

Le Thème de la semaine

Cette semaine, côté collectif, on revient à la vieille formule.
Toujours un texte à écrire sans contrainte aucune.
Le thème de cette semaine: Poisson d'avril!
Envoyez votre texte à : voyerca@videotron.ca avant le dimanche 3 avril, 20h (heure de Montréal)
Vous pouvez lire les textes reçus sur la page de Coïtus Impromptus.

mercredi 23 mars 2005

Déjà un trou, pourtant il était neuf.

Texte écrit pour le collectif Coïtus impromptus

Déjà un trou, pourtant il était neuf. Ce matin, madame Fleurie avait oublié l’étiquette après son slip à motif. Et cet après-midi, un trou. Faudrait un jour qu'elle me raconte ses journées... Puis passe un mec. Sans intérêt. Puis madame Fesses. Mmmmm..., madame Fesses. Toujours frais rasée. Mais il faut se méfier des femmes qui ne portent pas de culotte sous leur jupe; toutes des menteuses. Ou des avocates, c’est selon. Puis passe une adolescente qui me semble bien galbée, une brunette je crois. Pas clair sous cet angle. Elle est attifée d'un pantalon qui, de plus, est mal ajusté, la conne.

- Hey la jeune, tu pourrais pas porter une jupe comme ta mère? C’est le printemps, dis-je en chantant.

Surprise, elle lance un cri, me crache au visage et déguerpit en se cachant les fesses.

- T’as un pantalon, épaisse! J’ai pas les lunettes rayons X de Bazooka Joe...

Je ricane un peu. J’essuie le morviat sur ma joue avant de réinstaller la couverture sous ma tête et de retourner au spectacle. Madame Brésil arrive vêtue de sa jupe rouge. Hé! Hé! Dire que la plupart des passants qui me voient ainsi couché tout aviné sous l’escalier métallique s’attristent de mon sort. Les cons.

Qu’elles sont douces, les joies de mai, au travers les lames d’une marche d’escalier.

dimanche 20 mars 2005

Prise 4

Déjà le quatrième appel pour le collectif!

Cette semaine, on innove un brin:

Toujours un texte à écrire sans contrainte de genre ni de longueur.
Cependant, votre texte devra obligatoirement COMMENCER par la phrase suivante:
Déjà un trou, pourtant il était neuf.

Envoyez votre texte à : voyerca@videotron.ca avant le dimanche 27 mars, 20h (heure de Montréal)
Vous pouvez lire les textes reçus sur la page de Coïtus Impromptus

Les paris sont ouverts quant à savoir quel jeu de mots fera Patrick cette semaine...

jeudi 17 mars 2005

Aphorisme

Une excitation, c'est une citation tirée d'un roman d'Anaïs Nin.

mercredi 16 mars 2005

Renaissance

Texte écrit pour le collectif Coïtus impromptus

On s’était donné rendez-vous dans un de ces cafés à la mode. On ne s’était pas vus depuis cinq ou dix ans. Pas clair. Un livre rouge à la main, je lisais des mots, toujours les mêmes, sans chercher à les comprendre : «Les stéréotypes sont indispensables à la conservation de la moimére llecovite fjhy akdooop...» Chaque fois la lune après deux lignes. J’étais sur le point de ne jamais finir ce livre quand je l’ai tourné face contre table. Cesaria Evora gémissait dans les haut-parleurs. 13h20. Elle était en retard, comme autrefois.

Mai s’abattait sur Montréal, mais il aurait bien pu être novembre tant je m’en foutais. Ariane m’avait quitté il y a dix ans, par dégoût ou par soif, je ne l’ai jamais su. Aujourd’hui ne m’apportera pas plus la réponse. L’heure n’était pas au règlement de compte mais à son besoin d’être rassurée, de constater que ce qu’on a mis de côté au fil des ans est devenu chauve, a pris du poids, a perdu des dents. Je savais qu’elle m’embrasserait un peu froidement, avec cette retenue que je n’avais jamais su apprivoiser. Je savais que je dirais n’importe quoi pour avoir l’air bien, heureux, serein. Elle m’écouterait à moitié en se disant que je disais vraiment n’importe quoi. Je savais surtout qu’après une heure, elle se plaindrait doucement qu’elle est si occupée, que son temps est compté, que Ciao! C’tait cool de te revoir... Après dix ans, je n’aurais droit qu’à soixante minutes. Pas plus. Une heure pour montrer mon sourire avec des trous, les cicatrices sur ma poitrine, ma cirrhose. Une heure de sons avec la bouche pour un parfum sordide du passé. Une heure à me dire tout bas de me la fermer. Et elle partirait, soulagée de ne plus être avec ce con. 13h25. Elle était toujours en retard. Je m'y attendais. J’en ai profité pour partir avant de devenir une abordable consolation à sa solitude.

Dehors, des oiseaux chantaient, et la première jupe qui est passée m’a souri. Le printemps pouvait revenir.

mardi 15 mars 2005

Question existentielle

Si Dieu était sur le Plateau, est-ce qu’on le louerait plus qu’ailleurs?

lundi 14 mars 2005

Nouveau Look

Merci Patrick de m'avoir fait perdre 1 heure à gosser sur mon /$%?&* de blog!
Mais je me sens frais, plus jeune, plus hip!
C'était ça ou un string dans un jeans taille basse...

dimanche 13 mars 2005

Collectif, Part III

Le thème de la semaine pour le collectif:
Renaissance
Aucune contrainte, ni en genre ni en longueur
Envoyez votre texte à : voyerca@videotron.ca avant le dimanche 20 mars, 20h (heure de Montréal)
Les textes seront affichés ici.

vendredi 11 mars 2005

L'Être et le néant

Texte écrit pour le collectif Coïtus impromptus

En 1905, Églantine et Firmin travaillaient pour se nourrir, allaient à l’hôpital quand le petit dernier faisait 108 de fièvre, s’habillaient pour cacher leur peau, et faisaient de l'exercice en courant après leurs onze marmots. Quand on leur demandait « P’is? À part de ça? », ils répondaient en souriant que le printemps s’en venait et que mémé n’était pas encore sénile.

En 1940, Jacqueline et Maurice travaillaient pour la patrie, allaient à l’hôpital visiter fiston qui avait reçu un éclat d’obus, s’habillaient pour se tenir au chaud, et faisaient de l’exercice en s’agenouillant, en se levant, en s'assoyant, en s'agenouillant à nouveau devant l’autel. Quand on leur demandait « P’is? À part de ça? », ils répondaient qu'ils avaient reçu une carte postale d'oncle Gaston posté en Normandie, et qu’on finirait bien par les avoir, ces foutus Allemands.

En 1970, Louise et Michel travaillaient seulement pour la commune (et encore!), allaient à l’hôpital que pour de rares overdoses, ne s’habillaient pas ou très peu, et faisaient de l’exercice en faisant l’amour pendant des spectacles en plein air. Quand on leur demandait « P’is? À part de ça? », ils répondaient que le champignon s’en venait, mais qu’ils construiraient une arche avec des cochons, des vaches et des amis.

En 2005, Brenda et William travaillaient afin d'avoir de l’argent pour pouvoir se faire beaux, allaient à l’hôpital se faire refaire des parties du corps pour être beaux, s’habillaient pour être beaux, et faisaient de l’exercice pour être beaux. Quand on leur demandait « P’is? À part de ça? », ils ne savaient pas quoi répondre.

mercredi 9 mars 2005

Attention, je vous écoute...

"Pourquoi six ça s'écrit avec un z?"
Véronique Boily (un peu fatiguée à ce moment, je tiens à souligner)

Rinvitation

Prise 2!

Écrivez un texte ayant pour thème
L'Être et le néant

Aucune contrainte, ni en genre ni en longueur

Envoyez votre texte à : voyerca@videotron.ca
avant le dimanche 13 mars, 20h (heure de Montréal)

Les textes seront affichés ici.

lundi 7 mars 2005

Les Anges qui bouffent l'univers

Je reviens de quelques jours de bois, de montagnes, d’amis et d’enfants. Nous étions «dans le nord», à Saint-Adolphe-d’Howard, ou d’Aweure, comme le disait Charles-Édouard, du haut de ses trois pommes, entre deux courses de la cuisine au salon. Un jour, quelqu’un devra m’expliquer comment un être humain grand comme quelques fruits peut contenir autant d’énergie.

Toujours est-il qu’après courir partout en proposant toutes sortes de jeux, le passe-temps favori de Charlot était de déneiger l’entrée. Comme il a beaucoup neigé, il a été servi. Une fois l’entrée libérée de sa neige folle, on a joué au hockey lui et moi. Mais au fond des bois, ce n’était pas nous qui jouions, mais Ken Dryden (avant qu’il ne soit politicien!) et Wayne Gretzky. À la fin, trop fatigués pour une xième prolongation, on s’est couchés dans la neige pour faire des anges, la bouche ouverte, des flocons sur la langue. Je vous jure que samedi matin, entre deux arbres, couché dans la neige, j’ai bouffé une partie de l’univers.

En attendant que la neige fonde, certains la pelletent, d’autres skient dessus. Moi, je me prends pour un vieux joueur de hockey, j’essaie d’arrêter les tirs d’un enfant qui finira un jour ou l’autre par me déjouer en riant, et je fais des anges.

mercredi 2 mars 2005

La Fascination du pire

Texte écrit pour le collectif Coïtus impromptus

Depuis ce matin, je l’écoute, l’oreille au plancher. La grosse voisine d’en bas a encore disjoncté et menace de castration le gnome qui lui sert de mari. Elle crie à qui ne veut pas l’entendre qu’il ne sait pas à qui il a affaire, qu’elle le fera mettre en prison, qu’elle a une quatrième année, elle, et qu’en plus, les femmes sont plus matures, ce qui lui fait une bonne sixième. Gna gna. J’entends ses sornettes et ça ne me rassure guère sur la race humaine.

Depuis ce matin, je me voûte, le corps au plancher. L’épaisse greluche est reconnue par tout le quartier pour ses rages aussi criardes que divertissantes. J’imagine la gueularde rouge de colère, à la limite de l’éclatement, ce qui, avec ses crinolines démodées et son décolleté hadal, lui a mérité le surnom de Boudin rouge. J’entends mais déjà je n’écoute presque plus.

Depuis ce matin, je m’égoutte, le moral au plancher. Mais plus pour longtemps, car mon regard est vide et mes veines le sont tout autant.