jeudi 1 septembre 2005

Mélissa métisse d'Ibiza...

J'ai repris le cours des jours collégiaux. Ainsi, dès lundi, 40 nouvelles têtes fraîchement sorties du moule secondaire m'attendaient, muettes et un peu anxieuses. J'arrive devant elles et exécute ma petite routine pour m'approprier le territoire: je fais mes petits tas de feuilles sur le bureau, place les crayons prêts à jeter l'encre, j'écris le menu du jour au tableau puis je sors ma montre de gousset et la pose près des crayons. 8h32. Déjà du retard. Pas le temps de pisser dans les coins. Je m'appuie les fesses sur le bureau, regarde quelques secondes les 79 yeux (il y avait un toupet un peu long, là, juste devant) puis je dis bonjour. Il ne me faut surtout pas penser que je suis leur premier contact concret avec le cégep, le premier visage, car c'est sûr, je rougis. Mais juste de penser que je pourrais rougir, je rougis. La connerie. Alors vivement, je fais diversion, je les fais rire un peu en citant Mozart au tableau: «C'est le diable qui a inventé la langue française.» Ça a détendu l'atmosphère un brin, mais un tout petit brin; les cours de français n'ont visiblement pas bonne réputation...

Après la revue du plan de cours, je me risque à faire l'appel. Je dis «risque» car il est quasi révolu le temps des Smith, Roy et autres Tremblay de l'ouest montréalais. J'essaie quand même de faire cool et tente de prononcer les noms sans trop d'hésitation. Je plonge: Nathali Aastromaghadojddian. «Présente», fait la jolie brunette de la deuxième rangée. Bon, je me suis presque pas enfargé. Au suivant: Sacha Bishop. «Présent», fait le garçon au fond. Un garçon?! Sacha! Après ma surprise, je me rappelle Sacha Distel. J'ai presqu'envie de chanter: M.Cannibale, tututuuutu... Mais je me ressaisis à temps. Sara Clayton. «Présent». Merde! Un complot: un garçon aussi!! Sara!! Le nom suivant est Marie-Pierre Damoiseau, on ne me fera pas croire que c'est un gars aussi! J'appelle. «Pwezenntt». Peurdon? L'énergumène renchérit: S'il-te-pléé Monsieur, nomme-moi Mary. Misère... Next: Marc-Antoine Desnoyers. «Présent 'stie» a dit le clown, la main levée. Alors là, ça c'était en québécois! Mais en regardant bien au bout du bras tendu, je constate que Marc-Antoine a les yeux bridés et des cheveux noirs et indépeignables pur Chine!...

Et ça a été comme ça jusqu'à la fin: pas un nom annonçait la personne à laquelle je m'attendais. Mélissa Leblanc était noire, Steve Won était blond et vert, et Chunguh-Wi Wong voulait que je l'appelle Marty, ou Guwi, mais il préférait Marty. À la fin de l'appel, j'étais passablement fatigué... Je crois qu'au prochain cours, je serai encore un peu mêlé. Mais bon, eux aussi le sont.

3 commentaires:

  1. J'adore... super beau portrait. Ça donne presque envie d'aller enseigner dans l'ouest. Moi elles sont presque toutes des elles, ont toutes 19 ans, sont toutes francophones, à 99% québécoises 'de souche'. Avec un peu de chance cette fois-ci elles n'auront pas toutes la même coupe de cheveux, donc je pourrai un peu m'y retrouver!

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  2. Quand tu tomberas sur Gontrand Pette, ne m'appelle pas!
    Inquiétude de beau-frère!

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  3. Erreur...Vous avez une etudiante dans la trentaine!
    (tres drole ce petit texte!!!)

    Au Revoir!

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