samedi 31 juillet 2004

Quand la pluie prend les devants

Ce soir, depuis mon formidable balcon-deux-personnes arrière, on entendait la pluie arriver 100 mètres à l'avance. Prévenante. Alors on l'attendait. Puis elle tombait. Promesse remplie. Et pendant qu'elle nous faisait son spectacle à l'arrière, elle inondait l'entrée avant, la porte étant restée ouverte pour fins aératives...

La pluie est une drôle de salope qui vous menace par derrière mais vous prend par devant.

Prévenant, moi je ne le suis pas. J'hais préparer les trucs d'avance. Au point où ça en devient maladif. Mes bagages pour ma traversée de l'an dernier, je les ai faits la veille. Pour mon voyage au Mexique de décembre chez popa V., le matin même. Alors on imagine pour le trip de camping de 4 jours qui commencera dimanche... Mais à part une tente, une cafetière espresso (bonjour le bourge!), une plume, du tabac et des allumettes, qu'avoir besoin de plus? D'acc, la pipe serait une bonne idée, mais zensuite? Hein? Hein?

J'ai hâte aux arbres, mais je m'ennuierai aussitôt de la ville. Pourtant, je sais qu'un jour, je ne voudrai plus revenir, que le pic-bois tappera sur ma tête de bois...

mercredi 28 juillet 2004

Le Texas est parmi nous

Le 24 juillet dernier, Le Devoir annonçait que d'ici quelques dizaines d'années, l'humain pourrait vivre jusqu'à 5000 ans. Il faut croire que je me réjouissais trop tôt de n'avoir plus que 25 ans à travailler avant ma retraite...

***

Ces derniers temps, la question gay m'entoure; les points d'interrogation de Girl in a bottle, le coming out de David dans Six Feet Under, la famille de mon ami J., etc. Même Anne Archet fait une courte allusion à la beauté des habitants à L'Est de UQAM, pardon, d'Eden (au fait, la Genèse revue et corrigée au goût du jour parlerait d'Adam et Marcel...:)). Au point où je trouve presque ennuyant de ne pas nager dans les mêmes eaux, sinon dans celles de la compassion.

Mais ce n'est pas parce qu'un homme gay rit que personne ne le croit malade (ouf! quel jeu de mots!) Alors, continuons à en parler. Car contrairement à ce qu'un ami disait en fin de semaine, le Texas n'est jamais bien loin...

dimanche 25 juillet 2004

Grosse vie

Gros homme
grosse bedaine
grosse épilation
si grosse femme
grosse lipposuccion
gros enfant (au singulier)
gros chars
grosse maison
grosse piscine
gros chalet avec grosse vue
gros portefeuille
gros cigare
gros scotch
grosse voix
gros orgasme
grosse tête
grosse dépression
grosse prozac
gros rire
gros contrat
grosse signature
grosse facture
grosse arnaque avec gros sourire
grosse fête
grosse mort dans gros cercueil
grosse vie sale
grosse vie
gross life.

vendredi 23 juillet 2004

La Force du recul

Ouain.
Bon, je néglige ce blog. Hier soir, entre un verre de cidre et une bibitte, Dipat me l'a reproché mais je me console, Kefra est aussi paresseux que moi. Bien sûr, le roman n'avance pas et mon ami J. attend des textes pour quelques chansons qu'il écrit (fort bonnes d'ailleurs). Petit hint pas rapport: J. a travaillé sur un super bon projet qui pourrait bien aboutir chez un disquaire près de chez-vous avant longtemps: Béluga (s ou pas, je sais pas). J'espère que ça n'échouera pas! (scusez, trop facile.)

***

Cette semaine, j'ai rencontré la soeur d'un ami français que j'aime beaucoup (l'ami, pas la soeur). Elle était à Montréal pour une semaine. Tous les clichés de la Parisienne chiante: les Québécois parlent mal; shopping n'est pas un anglicisme (bicoz utilisé en France) mais cute l'est (parce que used in Qwibec); il n'y a rien à faire à Montréal; il n'y a pas d'ours au Québec (on n'inventerait ça pour se rendre intéressants), etc. (j'en passe et des meilleures), tout cela agrémenté du commentaire: «mais je suis Française; j'ai un recul par rappot à votre culture que vous ne pouvez pas avoir...»
Heureusement que j'ai des amis français qui sont super, et j'ai pensé très fort à eux pour ne pas lui reculer dessus...
David et Alex, vous avez sauvé la vie du femme sans le savoir.

mardi 13 juillet 2004

La joyeuse Saskatoon

Pour guérir les humeurs à la Roger Waters, rien de mieux qu'une relecture personnelle des grands questionnements métaphysiques.

Musicalement, il y a les relectures de Johny Cash et celles de Richard Cheese. Mais pour flatter mon américanitude et pour tous ces soirs où j'ai oublié de mettre mon tuxedo, voici deux excellents bands:
Pour les amateurs de Pink Floyd: Luther Wright and the Wrongs. Un album intitulé Rebuild the Wall Part 1. Les bruits d'hélicoptère sont remplacés par ceux d'un tracteur, même la téléphoniste dit «This is Canada calling. Are we reaching?» Délicieux.
Pour les amateurs de Radiohead: allez voir le site rodeohead.com ou plutôt, allez écouter leur medley sur www.hardnphirm.com/rodeohead.html

Ça donne des envies de Saskatchewan.

Le talent tueur

Soleil, chaleur, brise légère. Le seul pas que j'ai fait dehors avant 17h a été pour sortir quelques plantes sur mon balcon. Même pas écrit une ligne. Pas fier.

J'ai passé la soirée avec J. Après 2 films et une petite bouffe, il m'a fait écouter des ébauches de compos. Il veut que je lui compose des textes à mettre sur ses notes. Je veux bien. Mais je ne sais pas pourquoi, je bloque dès que j'y pense. Même chose pour mon putain de roman et pour mon recueil de nouvelles. Je m'écoeure.

Pourtant, G. me dit que j'ai du talent. C'est flatteur, mais je sais bien que je suis loin d'en avoir autant que lui. Lui il compose entre 2 cigarettes. Je fais tout pour le déranger dans l'écriture de son 3e roman (3e! M'énarve...); je le bats aux échecs, lui sape le moral au poker, rien à faire. Il se revire de bord, me fait lire une nouvelle qu'il a chiée la veille ou un texte de poésie écrit entre 2 efforts sur le bol pour un show de sa soeur... Puis ça vaut 100 fois ce que je mets 2 semaines à peaufiner...

Peut-être suis-je juste trop sévère avec moi.

Pis là, il est 3h30.

Demain, j'écris.

dimanche 11 juillet 2004

Le vide du monde qu'on remplit trop vite.

Aujourd'hui, plage. Près du lac Champlain. Côté U.S. of A.
Le lac de mon enfance, les dizaines de mètres à marcher en ligne droite vers le large avant d'avoir de l'eau aux épaules, l'odeur. Et les voiliers.

Voilà un an que je suis revenu de l'Atlantique. Et le large me manque. Les couleurs de la haute mer. Le bruit du vent qui frappe les voiles, celui des vagues qui frappent la coque, qui rappelle le bruit des collisions automobiles. Les vents, les vagues, les dauphins, les nuits sans étoiles où on entend des souffles de baleines tout près, et celles où il y a assez de lune pour lire sans sa lampe frontale. L'étourdissement que causent les 4000 mètres de profondeur de la mer des Sargasses, immensité qu'on effleure qu'en surface. La silhouette du volcan Pico qui se dessine au petit matin, après 16 jours de montagnes liquides et de désert humide. Et surtout l'horizon; 16 jours sans voir ni terre ni autres humains. Cette distance entre nous et les autres, entre nous et la terre, entre nous et nous.... Les moments où tu dors sachant qu'une des deux autres personnes à bord veille sur les vents. Les moments où elles dorment et que tu veilles sur les vents, ajustes les voiles (ou les sabotes!), gardes la route, passes des heures à lire le GPS qui t'annonces que tu es 40 pieds au dessus du niveau de la mer, puis 5 secondes plus tard 20 dessous... Les moments où tu mesures ta valeur et ton infime présence.

Traverser l'océan à une vitesse moyenne de 6 noeuds... Faites le calcul. Amplement de temps pour faire le plein de vide.

Un vide qu'on remplit à toute vitesse dès qu'on revient, comme des cons, comme si garder un vide signifiait garder un manque.

vendredi 9 juillet 2004

Jeu de faire

Faire bailler
Faire ses dents
Faire une sale tête
Faire le deuil
Faire face
Faire mal
Faire ses valises
Faire du bruit
Faire le mort
Faire chaud
Faire froid
Que faire?
Faire le sauvage
Faire ni chaud ni froid
Faire erreur
Faire dur
Faire tard
Faire du souci
Faire sourire
Faire l'amour
Faire son nid
Faire beau

mardi 6 juillet 2004

Psychologue à 5 sous

Je me rappelle mes 5 ans, mes courses effrenées où ma mère me poursuivait sur le terrain devant chez moi. Elle feignait de courir à toute vitesse, à bout de souffle, les bras au ciel, et criait qu'elle allait m'attraper, qu'elle allait me manger. Moi, je fuyais dans de grands éclats de rires terrifiés, jusqu'à ce qu'elle m'attrappe dans un grand «Ha Ha Ha» d'ogresse. Et chaque fois, le dénouement de cette poursuite me laissait avec une douce déception; me retrouver prisonnier de ses bras ne m'apportait pas le réconfort, le bonheur imaginé. Je me débattais, je repartais, je criais «encore, encore» en y croyant de moins en moins...

C'est ce que font les mères: manger leur fils en riant, en leur faisant promettre de ne jamais grandir, en leur promettant qu'elles les garderont toujours au creux de leur bras.

Sans le savoir, à 5 ans, j'avais compris la vie de la plupart des hommes: fuir une femme aux bras tendus, qui menace de nous manger d'amour. Et dès que ces hommes abandonnent la course et se laissent attraper, ils ne trouvent qu'un vague et éphémère réconfort.

Je me relis et je crois qu'il ne me reste plus qu'à m'ouvrir un bureau de consultation sur le trottoir devant chez moi.

5 sous la consultation.

dimanche 4 juillet 2004

Elle

Elle joue la précieuse,
Elle fait la petite fille,
Elle a trop d'énergie le matin,
Elle a fait trop de guerres,
Elle tente de séduire, toujours,
Elle force les pièces du casse-tête pour qu'elles s'emboitent,
Elle est impatiente,
Elle est jalouse,
Elle est possessive,
Elle est contradictoire,
Elle m'aime,
Elle me manque.

samedi 3 juillet 2004

Où est Jean?

Suis-je en train de répéter une sempiternelle même erreur?
Suis-je à la poursuite d'un idéal inatteignable?
Ne devrais-je pas me sentir libre, allégé?

Comme toute ma relation avec elle, j'intellectualise tout. Ma tête dit. Petit, c'était simple; On jouait à «Jean dit...» et on écoutait, on obéissait. Si on avait le malheur d'exécuter un ordre que Jean n'avait pas dit, out, fini. Mais Aujourd'hui, Jean ne dit plus rien. Où est passé Jean?

Ce matin, elle me manque.
Ce matin, je ne veux pas me retrouver dans d'autres bras.
Ce matin, j'essaie de ne pas l'imaginer pleurer.
Ce matin, je suis un con.

vendredi 2 juillet 2004

Les Vrais Mensonges

Comme un lâche, comme un kamikaze, comme un dieu cruel, je viens d'arracher son coeur. Elle pleure. Elle crie. Mais le pire c'est quand elle ne parle pas. Elle veut mourir mais son corps continue d'inspirer, d'expirer, d'inspirer...
J'aurais dû le faire plus tôt. Je l'ai fait alors que de beaux mensonges d'amoureux avaient été soufflés aux creux des épaules, des beaux et des vrais.
Comment aimer sans être amoureux?
Cette fille a beaucoup représenté: couple, enfants, foyer... Avec le temps, c'est ce dont je suis devenu amoureux. Trop de tout cela, pas assez d'elle.
Et voilà que je me retrouve, comme un con, à murmurer «je suis désolé...» alors qu'elle se déchire le ventre, alors que ses lèvres bougent et récitent d'inaudibles prières, alors qu'une bombe détruit son pays.
J'étais un pays.