dimanche 11 juillet 2004

Le vide du monde qu'on remplit trop vite.

Aujourd'hui, plage. Près du lac Champlain. Côté U.S. of A.
Le lac de mon enfance, les dizaines de mètres à marcher en ligne droite vers le large avant d'avoir de l'eau aux épaules, l'odeur. Et les voiliers.

Voilà un an que je suis revenu de l'Atlantique. Et le large me manque. Les couleurs de la haute mer. Le bruit du vent qui frappe les voiles, celui des vagues qui frappent la coque, qui rappelle le bruit des collisions automobiles. Les vents, les vagues, les dauphins, les nuits sans étoiles où on entend des souffles de baleines tout près, et celles où il y a assez de lune pour lire sans sa lampe frontale. L'étourdissement que causent les 4000 mètres de profondeur de la mer des Sargasses, immensité qu'on effleure qu'en surface. La silhouette du volcan Pico qui se dessine au petit matin, après 16 jours de montagnes liquides et de désert humide. Et surtout l'horizon; 16 jours sans voir ni terre ni autres humains. Cette distance entre nous et les autres, entre nous et la terre, entre nous et nous.... Les moments où tu dors sachant qu'une des deux autres personnes à bord veille sur les vents. Les moments où elles dorment et que tu veilles sur les vents, ajustes les voiles (ou les sabotes!), gardes la route, passes des heures à lire le GPS qui t'annonces que tu es 40 pieds au dessus du niveau de la mer, puis 5 secondes plus tard 20 dessous... Les moments où tu mesures ta valeur et ton infime présence.

Traverser l'océan à une vitesse moyenne de 6 noeuds... Faites le calcul. Amplement de temps pour faire le plein de vide.

Un vide qu'on remplit à toute vitesse dès qu'on revient, comme des cons, comme si garder un vide signifiait garder un manque.

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